Trump déclare la guerre commerciale au reste du monde

Le 2 avril 2025, le président Donald Trump a présenté à la presse une série de mesures douanières qui feront date dans l’histoire de l’économie mondiale, si ce n’est dans celle des relations internationales.  En effet, son administration a calculé de nouveaux droits de douanes exorbitants sur une soixantaine de pays en se basant sur des règles de calcul surréalistes. Partant d’un taux plancher de 10% pour chaque pays, il s’est basé ensuite sur le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis du pays en question rapporté au volume des importations émanant de celui-ci, converti en pourcentage et divisé par deux. C’est avec un pareil arbitraire qu’il a imposé dès le 4 mars une hausse des taux de douane de 25% pour les produits provenant du Canada et du Mexique, et de 20% pour la Chine et une nouvelle hausse de 34% venant s’ajouter depuis avril. L’Union Européenne quant à elle écope d’un droit de douane de 20%, affectant principalement l’industrie automobile allemande dont les exportations vers les États-Unis sont importantes, et par ricochet l’économie française dont la santé dépend beaucoup de celle de son principal partenaire européen.

Cette décision va désorganiser dans un premier temps les chaînes logistiques mondialisées des grandes industries, avec des produits semi-finis franchissant plusieurs fois la frontière entre les États-Unis et ses partenaires commerciaux, qui subiront des taux de douane à chaque passage. Cela va très probablement provoquer une hausse des prix que le candidat Trump avait fustigée du temps du mandat de Joseph Biden et qu’il est lui-même en train d’orchestrer.

Il ne serait pas étonnant non plus que dans un futur très proche, les pays ou les régions les plus impactées tentent de négocier individuellement avec les États-Unis pour aboutir à des accords bilatéraux de libre-échange. La méthode Trump est bien connue : faire semblant d’imposer des mesures très fortes pour négocier des mesures moins fortes mais toujours à son avantage. Or si dans l’histoire récente il a appliqué cette méthode à des pays de façon individuelle, ce qui frappe cette fois-ci est l’échelle quasi mondiale à laquelle il impose son deal.

En plus de désorganiser momentanément les chaînes logistiques et d’augmenter les prix, cette manœuvre aura pour conséquence de casser le cadre dans lesquelles les relations commerciales se sont tissées depuis la création de l’OMC en 1995. En parallèle, cela va engendrer des dissensions très fortes au sein de l’Union Européenne, qui derrière une unité de façade va certainement agir de façon dispersée et selon les intérêts de chaque pays ou groupe de pays. Les pays les plus puissants comme la France ou l’Allemagne auront sans doute plus de marge de négociation que des pays moins puissants économiquement et qui devront au final choisir leur camp entre rester vassaux vis-à-vis des États-Unis à des conditions léonines ou s’arrimer à l’économie chinoise quitte à sacrifier le peu d’industrie qui leur reste.

Associée à la distance prise par les États-Unis vis-à-vis de l’OTAN et au revirement spectaculaire pris par rapport à l’agression russe en Ukraine, et les visées impérialistes sur le Groenland et le canal du Panama, le virage pris par la première puissance mondiale est de s’assurer une aire géographique et des ressources en matières premières qui lui permettent de s’affranchir du moins en partie de sa dépendance économique par rapport à la Chine et de s’opposer frontalement à cette dernière pour l’empêcher de prendre la première place sur le plan mondial.

Il n’est pas encore dit que nous soyons à l’aube d’un 3e conflit planétaire, mais l’enchaînement des événements que nous vivons au jour le jour rappellent à nombre d’entre nous les prémices des deux précédents conflits mondiaux : une confrontation économique entre puissances rivales débouchant sur un conflit mondial qui rebat les cartes des relations internationales pour une durée indéterminée jusqu’à la prochaine déflagration.

Riches de notre mémoire militante et de nos engagements politiques et syndicaux, luttons au contraire pour l’unité de la classe ouvrière dans nos pays respectifs et par-delà les frontières.

Rafik B. PCF Paris

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