La lutte des salariés à Thales

Le groupe Thales est dans une excellente situation. Le contexte international, avec la multiplication des conflits et le besoin des États d’assurer leur sécurité, lui offre de bonnes et solides perspectives. Les carnets de commandes sont remplis, le taux de profitabilité avoisine les 13% et le cours de l’action du groupe n’a jamais été aussi élevé. Les dernières déclarations des dirigeants des pays de l’Union européenne, favorables à une augmentation considérable des dépenses militaires, ne vont que porter Thales à des sommets. Macron parle de passer de 2% à 3,5% du PIB dans les dépenses militaires. On peut dire que Thales exploite la situation pour accumuler des profits pour le plus grand plaisir des actionnaires. Ces derniers seront richement rémunérés avec un total versé estimé autour de 700 millions d’euros au titre de l’année 2024

Mais pour les salariés la situation est différente. Les cadences de travail augmentent pour répondre aux carnets de commandes.  La hausse de la productivité des salariés dégrade les conditions de travail. La pénurie d’ingénieurs accentue ce phénomène. La direction du groupe en demande toujours plus mais lors des « négociations » salariales annuelles la reconnaissance se limite à des phrases creuses.

Les augmentations proposées par la direction sont depuis trois ans inférieures à l’inflation, à peine supérieure cette année (qui s’établit à 2%) et inférieure à l’indice des prix à consommation harmonisé (2,3%) qui est un indicateur plus réaliste de l’augmentation du coût de la vie. Les salariés de Thales s’attendaient à des propositions conséquentes au titre de l’année 2024 face à leurs efforts, à leur investissement, et à la situation financière du groupe. Or ce n’est absolument pas le cas.

Il est évident que pour la CGT la direction du groupe n’œuvre que pour les intérêts des actionnaires (et elle ne s’en cache pas d’ailleurs), délaissant les salariés alors qu’ils sont les seuls et uniques créateurs de richesse de l’entreprise. Les salariés expérimentent de la façon la plus flagrante la lutte des classes, c’est-à-dire la domination du capital sur le travail. En effet, en 2023 les actionnaires absorbaient 70% du résultat net consolidé, et 2024 risque d’être du même acabit si ce n’est pire.

Cette situation a engendré depuis début janvier une série d’actions sur les différents sites du groupe, sous la forme de rassemblements, débrayages, grèves, blocages et manifestations. Jusqu’à maintenant, les directions des différentes sociétés du groupe refusent de répondre aux revendications justes et légitimes des salariés, à savoir une entrée de négociation à partir de 3%.  Compte tenu de la situation, il faudrait que le mouvement se durcisse et s’amplifie comme le réclame la CGT, minoritaire au sein de l’intersyndicale. La situation est favorable pour peu que l’intersyndicale le souhaite vraiment afin de briser la résistance des directions et c’est toute la difficulté que rencontre la CGT.

Gauthier HORDEL

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *