« Débloquer les institutions » n’est pas notre combat. Pas de compromis avec Macron et Bayrou!

Le 4 décembre, Michel Barnier a été contraint de démissionner avec l’adoption de la motion de censure déposée par le NFP suite au déclenchement de l’article 49.3 pour adopter sans vote le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Macron aura mis 51 jours pour nommer son Premier ministre et former son nouveau gouvernement qui n’aura duré que 3 mois. Dès le départ, il était en sursis compte tenu de la nouvelle composition parlementaire et du fait que Macron avait nommé les perdants pour former ce gouvernement, comble de la situation. Toujours dans la même veine, Macron a nommé François Bayrou comme nouveau Premier ministre. Ce prochain gouvernement se retrouvera très probablement dans la même situation de sursis si Macron et Bayrou n’arrivent pas à obtenir un compromis avec une partie du NFP.

Désormais, Macron parle d’un gouvernement « d’intérêt général ». Doit-on comprendre que les gouvernements précédents n’étaient pas d’intérêt général ? Effectivement, ils ne l’étaient pas ! Et les prochains non plus, quelle que soit leur composition. Macron est le représentant politique des capitalistes. Pour sortir d’une situation de blocage qu’il a lui-même créé, par la dissolution de l’Assemblée nationale au mois de juin dernier, il cherche à former un gouvernement « d’union nationale ». Cette formule est un écran de fumée pour rallier sous une même bannière l’ensemble des forces politiques qui finalement se retrouveront à défendre les intérêts des capitalistes. Olivier Faure s’était dit prêt à gouverner avec un Premier ministre de gauche et ouvert au compromis avec la droite. Tandis que Fabien Roussel a déclaré, après la rencontre avec Macron le 9 décembre « qu’il n’y a pas de ligne rouge, il faut sortir de la situation de blocage ». Puis de nouveau, le 10 décembre Macron a réuni l’ensemble des partis prêts à discuter pour trouver une solution avec la présence du PCF, du PS et de EELV. Ces positions de la part des dirigeants de la gauche sont inadmissibles. Pourquoi diable souhaitent-ils débloquer la situation ? N’ont-ils pas d’autres perspectives que de vouloir retrouver de la stabilité politique, de maintenir intactes les institutions politiques ? C’est un positionnement qui témoigne de leur totale adaptation au système dont ils sont dépendants matériellement au point qu’ils s’érigent en défenseurs des institutions de la « république ».

Le système capitaliste est entré dans une profonde crise économique. La croissance et les investissements stagnent, l’inflation plonge des familles entières dans la précarité, le réchauffement climatique et les guerres jettent un voile noir sur l’avenir de l’humanité. L’instabilité politique en France est l’expression de cette impasse économique. Une transition politique s’opère et se traduit par une polarisation de la représentation, notamment à l’Assemblée nationale, avec la montée du nationalisme représentée par le RN et d’autre part la montée de l’aile gauche du réformisme, en l’occurrence LFI.

Macron et le système qu’il défend sont les responsables de cette crise institutionnelle. Les dirigeants de la gauche ne devraient pas chercher à aider Macron à tenter de résoudre cette crise, au contraire, en tant que dirigeants responsables, ils devraient exploiter cette situation pour hâter la chute de Macron. En ce qui concerne le PS, l’attitude de sa direction n’a rien d’étonnant. Elle est acquise aux intérêts du capital et un ardent défenseur des institutions de la république capitaliste depuis longtemps. Lorsque les médias qualifient le PS de « parti de gouvernement », c’est à cela qu’ils font référence. En revanche, Fabien Roussel n’aurait pas dû participer aux discussions avec Macron. Il n’y a rien à négocier et rien à attendre de Macron. Sur cette question, la position de LFI, en refusant de chercher une entente avec Macron, a été plus juste.

Macron a déclaré qu’il restera le président jusqu’aux prochaines élections, mais dans le même temps, le gouvernement de Bayrou va très probablement subir la même trajectoire que celui de Barnier. Comment et sous quelle forme Macron pourrait-il se maintenir au pouvoir  dans ces conditions? Le mot d’ordre de démission de Macron devrait être adopté par l’ensemble des forces de gauche plutôt que de participer à la mascarade des compromis. Nous avons besoin de développer un mouvement extraparlementaire – dans la rue, dans les quartiers et dans les entreprises – pour nous débarrasser de Macron. C’est le capitalisme qui engendre une situation de « chaos » et ses défenseurs se maintiennent au pouvoir en dépit des évènements pour mieux protéger le système. On ne pourra résoudre la crise parlementaire uniquement avec les outils parlementaires.

Si Macron tombait, Marine Le Pen risquerait d’être en bonne posture, il est vrai, et c’est un combat que nous devons mener. Mais plus la gauche joue la carte de la « défense de la république » en ne se démarquant pas nettement de la droite (et des éléments de « gauche » qui veulent s’entendre avec Macron), plus Marine Le Pen se renforcera. Même dans l’hypothèse où Marine Le Pen arrivait au pouvoir, la situation ne serait pas aussi dramatique que certains le prétendent. Ce ne serait pas un régime « fasciste ». Les organisations de gauche et les syndicats ne seraient pas atomisés. Nous ferions face à un régime réactionnaire tel que ceux de Trump, de Meloni, de Bolsonaro, ou d’Orban. Un gouvernement de Marine Le Pen ne résoudra pas les contradictions du capitalisme. Elle ne ferait que révéler au grand jour qu’elle n’est que la version un peu plus réactionnaire du macronisme. Ceux qui ont succombé à la démagogie du RN et qui croient qu’elle défendra les intérêts des travailleurs en seront pour leurs frais. La crise économique ne ferait que s’aggraver. Il faut sortir de cette paralysie qui nous empêche d’engager le combat sérieusement et qui pousse à commettre des erreurs. Ne cherchons pas à mettre des pansements sur les plaies nécrotiques du système actuel. La lutte pour le socialisme, pour en finir avec le capitalisme et de ses institutions politiques, est la seule voie possible pour sortir de la crise économique et politique actuelle.

Gauthier HORDEL

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