L’Exploiteur du mois : France Télévisions, l’art du licenciement maquillé

Ce mois-ci, nous avons l’honneur de vous présenter France Télévisions, championne du licenciement abusif déguisé en « réorganisation ». Derrière ce masque se cache un exemple magistral de ce que peut donner un management brutal, à l’encontre d’une journaliste chevronnée de France 3 Bourgogne Franche-Comté. Oui, vous avez bien lu : une entreprise de service public, financée par nos impôts, a trouvé le moyen d’éliminer une salariée avec 30 ans d’ancienneté, tout cela sous prétexte d’un “manque de compétences” inventé de toutes pièces.

La journaliste en question, « chef info web » pendant une dizaine d’années, a contribué à faire du site internet de France 3 Bourgogne un des plus suivis du réseau régional. On pourrait croire qu’une telle contribution vaudrait des remerciements et une promotion ? Pas chez France Télévisions. Non, au lieu de cela, la direction a jugé bon de lui imposer un avenant humiliant à son contrat, la rétrogradant sans explication valable. Et pourquoi ? Parce qu’elle n’était plus suffisamment compétente, paraît-il, pour diriger la rédaction ! Ironique, n’est-ce pas, quand on sait que ses collègues l’ont toujours soutenue.

Et ce n’est pas tout ! À force de pressions et d’injonctions, la direction finit par passer à l’offensive ultime : un licenciement sous prétexte de “restructuration”, tout en répandant la rumeur que cela correspondait à une “demande” de la salariée pour partir à la retraite. Classique.

Heureusement pour la salariée, le Conseil des Prud’hommes n’a pas gobé cette version tordue. La justice a tranché : ce licenciement est abusif. Non seulement l’entreprise publique a été condamnée à verser des indemnités majorées à la journaliste, mais elle a également dû rembourser Pôle Emploi pour l’avoir fait payer à tort des indemnités chômage. Belle gestion des deniers publics, n’est-ce pas ?

Ce qui est particulièrement piquant dans cette affaire, c’est que la direction de France Télévisions, toujours prompte à proclamer son exemplarité, semble avoir oublié les bases du respect des travailleurs. Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, aime à répéter que son groupe est en pleine modernisation et diversification. Mais si cela signifie licencier des seniors compétents pour économiser quelques sous, peut-être que cette modernisation mérite d’être repensée. D’autant que, selon nos sources, ce n’est pas la première fois que la direction est épinglée pour son management toxique. Un chef d’orchestre qui peine à garder la symphonie en harmonie, peut-on dire.

Cette affaire n’est pas qu’une simple erreur de parcours pour France Télévisions, c’est un symptôme d’un système pourri où même les entreprises publiques traitent leurs salariés comme des pièces jetables. Ne devrions-nous pas envisager une expropriation des entreprises publiques qui abusent de leur pouvoir et de l’argent public ? Une gestion réellement démocratique et autogérée par les travailleurs serait bien plus efficace. Après tout, ce sont eux qui construisent les succès, pas ceux qui siègent dans les tours d’ivoire et décident, d’un revers de la main, du sort des autres.

Rappelons que la lutte continue et que ce n’est qu’en prenant le contrôle de nos lieux de travail que nous mettrons fin à ces pratiques indignes, qu’elles viennent du privé ou du public. Quant à France Télévisions, peut-être serait-il temps qu’elle se penche sur sa copie en matière de respect des salariés avant de se vanter de son “exemplarité”.

Fabien Lecomte

Source:
https://snj-francetv.fr/conseil-des-prudhommes-france-televisions-condamnee-pour-le-licenciement-abusif-dune-journaliste-de-france-3-bourgogne

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