Les résultats du premier tour des législatives confirment cette tendance lourde de la montée de l’extrême droite à travers le Rassemblement National (RN) qui arrive en tête. Quant au camp macroniste, il subit une déroute et se retrouve en troisième position derrière le Nouveau Front Populaire (NFP). Ces résultats n’ont rien de surprenant et n’étonnent plus personne. Le système capitaliste entraîne la vaste majorité de la population dans la régression sociale et dans une profonde incertitude quant à l’avenir. Le système est en crise et son maintien ne peut se faire que par la suppression des conquêtes sociales des travailleurs qui représentent un obstacle à la réalisation des profits capitalistes. Macron & co, en bons serviteurs de la classe capitaliste, ont mené une politique de casse sociale en faveur de leurs maîtres au Medef et au CAC40. À plusieurs reprises, ils ont stigmatisé une fraction de la population pour diviser les travailleurs et semer la confusion, telle que la loi sur l’immigration qui a été votée au parlement grâce aux voix du RN. Par cela même, il a torpillé le soi-disant front républicain qui lui avait permis d’être élu et a validé les thèses xénophobes du RN qui séduit par une campagne démagogique et nationaliste. Compte tenu de la situation, la dissolution de l’Assemblée Nationale est comme dérouler le tapis rouge au RN vers les portes des ministères. Macron est le marchepied de l’arrivée au pouvoir du RN.
Mais pensait-il refaire le coup du rempart contre l’extrême droite et gagner une majorité absolue à l’Assemblée Nationale sur l’hypothèse que la gauche serait incapable de former une coalition ? Il est vrai que la campagne des Européennes aurait pu laisser penser cela. Cette coalition “surprise” sous le nom de NFP a mis à mal la stratégie de Macron qui comptait sur une division de la gauche, si bien que durant cette campagne des législatives, elle est devenue aux yeux du gouvernement le principal ennemi. Pour apeurer les électeurs et tenter de semer la division, une campagne de mensonges et de calomnies s’est abattue sur son aile gauche la plus importante, La France Insoumise (LFI).
Toute la machine politico-médiatique s’est mise en branle. Il est évident pour les capitalistes que les mesures avancées par le programme du NFP représenteraient une attaque contre leurs profits. Il faut détruire le NFP, il faut le traîner dans la boue et agiter LFI comme un épouvantail, qualifiée faussement d’extrême gauche mais qui signifie dans leur langage chaos et guerre civile. Mais plus que tout l’accusation d’antisémitisme lancée contre LFI achève cette campagne ordurière.
Le pourrissement du capitalisme fait que la vie politique se polarise, avec d’un côté l’extrême droite et de l’autre la gauche dite “radicale”. Au centre, Macron et les républicains s’effacent, décrédibilisés aux yeux des électeurs, incapables d’enrayer la situation de régression. En tant que représentants privilégiés du capital, ils effectuent leur devoir de gérer le capitalisme dans le meilleur intérêt des capitalistes. Cependant, l’extrême droite peut être une issue de secours si la menace de la gauche est plus pesante. Certains capitalistes font ce choix sans tergiverser, c’est le cas notamment de Vincent Bolloré qui, grâce aux médias qu’il possède (Cnews et le JDD), mène une campagne de promotion des idées d’extrême droite, et ce depuis longtemps. Il ne s’agit ici que de la partie émergée de l’iceberg, car beaucoup d’autres médias emboîtent le pas de façon plus ou moins ouverte, tels que BFM et TF1, pour n’en citer que quelques-uns. Lorsque le RN avance des mesures sociales dans ses campagnes, ce n’est que de la pure démagogie. Le ralliement d’Éric Ciotti au RN, le recul de toutes les pseudo-mesures sociales pendant la campagne et face à “l’audition” du Medef en sont des preuves flagrantes. Cela se fait dans l’intérêt des capitalistes et au détriment des travailleurs. En fin de compte, sans remise en cause du pouvoir économique de la classe capitaliste, c’est-à-dire la propriété capitaliste, c’est le capital qui impose sa politique aux gouvernements. Les partis d’extrême droite ne sont généralement pas privilégiés par la classe capitaliste car elle y exerce un contrôle moins direct. Cependant, elle peut facilement s’en accommoder le cas échéant. Si le RN accède au pouvoir, il gérera le capitalisme de la même manière que les partis et mouvements de droite classique, exactement comme le fait Giorgia Meloni en Italie actuellement.
Inéluctablement, face à la déroute de l’ex-majorité présidentielle et à la montée de la gauche, le capital sera amené à se servir de l’extrême droite. Macron tient la main du RN pour l’emmener vers les portes du pouvoir. Dans ces conditions, il est primordial que le NFP ait le maximum de députés pour barrer la route à l’extrême droite, et en aucun cas ni les macronistes ni les républicains ne peuvent être des remparts. Aucune voix ne devrait se reporter sur ces organisations politiques dans le cas où ils se retrouveraient en duel face au RN. Il faut envoyer un message fort aux travailleurs qui croient voir en l’extrême droite une alternative à la politique pro-capitaliste de Macron et qui se laissent séduire par la rhétorique démagogique du parti qui se présente comme “seul contre tout le système”. Déjà, une partie importante de la jeunesse place ses espoirs dans le NFP, Lutte Ouvrière qui s’est maintenu à l’extérieur de la coalition de la gauche a nettement progressé par rapport aux élections européennes. Il est essentiel de continuer à convaincre les travailleurs, car en tant que force motrice de la société, la solution est entre leurs mains. Quoi qu’il en soit, la lutte contre l’extrême droite et le capitalisme ne peut pas se limiter à déposer un bulletin dans une urne. Les capitalistes mèneront une lutte acharnée contre toute politique qui vise leurs intérêts. Dans les semaines et les mois à venir, la CGT aura un rôle de première importance. La mobilisation massive des travailleurs à travers les grèves, les occupations d’entreprise et les manifestations est absolument vitale et plus que jamais à l’ordre du jour.
Voir notre article: Mobilisation massive pour la victoire du Front populaire
La Riposte