De nombreux parents, enseignants et autres membres du public ont été indignés par le comportement de l’école primaire Barclay, à Leyton, à Londres. Des enfants et leurs parents affirment avoir été harcelés et un garçon de seulement 8 ans n’est plus admis à l’école depuis la fin du mois de novembre, après avoir refusé de retirer un petit drapeau palestinien cousu sur son manteau.
Le 15 novembre dernier, l’école Barclay, gérée par le Lion Academy Trust, a organisé une « Journée des enfants dans le besoin ». Naturellement, certains enfants sont venus avec des drapeaux et des autocollants palestiniens pour exprimer leur solidarité avec ces « enfants dans le besoin » de Gaza, d’autant plus que la commune de Leyton compte un pourcentage élevé de familles musulmanes.
Cependant, de toute évidence, pour l’administration de l’école, les enfants de Gaza ne sont pas vraiment « dans le besoin », puisque deux jours plus tard, une lettre a été envoyée à huit familles, les mettant en garde contre toute « démonstration ouverte de convictions politiques ». L’école doit être « apolitique ». De plus, la lettre contenait une suggestion, ou plutôt une menace à peine voilée, selon laquelle les enfants pourraient être référés à « l’équipe de prévention » ou à « l’équipe des crimes haineux » de la police si « des remarques extrémistes ou conflictuelles s’exprimaient à l’école ». L’école reconnaît qu’aucune remarque de ce type n’a été faite, alors pourquoi mentionner cette possibilité dans le courrier, sinon pour intimider les élèves ?
Le garçon de huit ans au cœur de la tempête aurait assisté à la « Journée des enfants dans le besoin » avec un autocollant aux couleurs de la Palestine, qu’il a accepté de retirer. La mère du garçon est originaire de Gaza et il voulait faire preuve de solidarité avec les enfants de Gaza, d’une part, et pleurer ceux de ses amis et de ses proches qui ont été tués sous les bombes israéliennes, et avec qui il avait précédemment discuté sur Internet. Son père est catégorique : il ne s’agissait nullement d’un acte « politique ».
Le lundi suivant, il est arrivé à l’école avec un écusson du drapeau palestinien cousu sur le bras de son anorak, en tant qu’expression de sa propre origine ethnique. Il aurait ensuite été isolé des autres élèves à l’heure du déjeuner et privé de récréation jusqu’à jeudi (23 novembre), après quoi le directeur lui aurait dit de ne pas revenir le lendemain. Le garçon refuse d’enlever le patch de son anorak.
Les parents ont alors lancé une campagne pour rédiger une protestation écrite collective à l’école contre le traitement injuste du garçon. Leur lettre souligne, à juste titre, que dans les jours qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine, une lettre de l’école adressée aux parents disait : « Je ne sais pas ce que vous ressentez en ce moment, mais tout dans la vie semble un peu insignifiant quand on compare ce qui se passe en Ukraine et dans sa population. Il est indéniable que les événements de ces derniers jours ont complètement transformé la politique mondiale. » L’école aurait même arboré le drapeau ukrainien et organisé une collecte de fonds au profit des victimes de l’invasion russe. C’est un cas flagrant de « deux poids, deux mesures ».
La campagne du dernier trimestre a abouti à une protestation nombreuse devant l’école, le 21 décembre dernier. Mais l’administration de l’école avait opté pour une fermeture de Noël anticipée, sous prétexte de « menaces et d’intimidations » et des « allégations fausses et malveillantes ». Or, selon la police métropolitaine, la manifestation a duré environ deux heures et était totalement pacifique.
Mais depuis le début du nouveau trimestre, début janvier, le problème se pose toujours. Les écoles et les collèges ne devraient pas pouvoir empêcher l’expression de solidarité à la population de Gaza. Un enfant d’origine palestinienne ne devrait pas être effectivement suspendu, tout simplement pour avoir porté sur son anorak un écusson du drapeau du pays d’origine de sa famille. Et la pratique de « deux poids, deux mesures » concernant d’autres conflits dans le monde ne doit pas être tolérée !
Ray Goodspeed, “Left Horizons” et Leyton et Wanstead Labour Party.