Alors que le monopole de l’écologie reviendrait, pour certains, au parti Europe Écologie-Les Verts, il est pourtant une évidence pour les communistes que le parti le plus écologiste est le Parti Communiste Français !
Malgré un discours capitaliste compatible, Europe Écologie-Les Verts se positionne comme la force politique représentant les ambitions écologiques des générations actuelles et futures. Alors à la question « verdir les rouges ou rougir les verts ? », il faut répondre ! Chez EELV il n’est de surprise pour personne qu’il y a au moins trois courants ; les écologistes “libéraux” représentant la majorité avec Yannick Jadot, les « pastèques », comme on les appelle, vert dehors et rouge à l’intérieur, autour de Sandrine Rousseau, qu’on peut appeler la tendance de gauche, et enfin les minorités « écologistes autogestionnaires ». Il va sans dire que les écologistes libéraux sont incompatibles avec une organisation communiste. Les tendances « de gauche » sont finalement bien plus compatibles avec le Parti Socialiste, ou la France Insoumise, qu’avec un projet de société anticapitaliste. Enfin, les minorités autogestionnaires écologistes sont à mon sens incompatibles avec tout projet de société… Il n’est donc plus question de faire rougir les verts, mais bien de faire verdir les rouges !
Dans mon dernier texte pour La Riposte, intitulé Sortir de la politique politicienne, faire peau neuve, je revenais sur la nécessité d’intégrer le mouvement social, agricole et la jeunesse au cœur de l’activité du PCF et clôturais par la nécessité d’accompagner le renouvellement politique par un projet fort répondant aux enjeux révolutionnaires de notre temps. C’est justement le carriérisme politique, véritable cancer du PCF, qui empêche de verdir son discours de manière cohérente, sans mettre de côté un projet de société communiste, anticapitaliste et émancipateur. Affirmer simplement que « Marx était le premier écolo” ou dire « lisez tel texte, vous verrez les communistes sont écolos » est une approche qui ne fonctionne plus (en supposant qu’elle ait fonctionné un jour). Des milliers de jeunes et de travailleurs ne se retrouvent dans aucun parti existant et se revendiquent pourtant pour un changement de société, pour l’humanité et la planète. Si le PCF doit maintenir son activité auprès de la classe laborieuse, exploitée, il doit aussi se tourner vers cette partie de la société qui fait souvent partie du salariat, mais qui, par individualisme ou « nihilisme », n’en est pas forcément conscient.
Au même titre que les droits sociaux et l’expropriation des capitalistes, la protection de l’environnement est un nouveau et puissant levier pour soulever les masses ! Et pourtant en 2021 le PCF peine à prendre part aux aspirations quasi révolutionnaires de nombreux citoyen-ne-s, salarié-e-s et jeunes engagés dans les luttes écologistes. Certes, il y a une volonté, peut-être minoritaire, représentée par exemple dans la « commission écologie » ou dans certaines fédérations, de travailler dans le sens d’une politique écologique communiste digne de ce nom. Mais sans grand succès concret jusqu’à présent. Les communistes continuent majoritairement à se soucier en priorité de l’emploi et de l’industrialisation, comme s’ils étaient incompatibles avec un projet de planification écoresponsable et communiste.
Les arguments écologistes utilisés par la plupart des militants du PCF, sont ceux repris par Henri Pena-Ruiz dans le livre Marx, penseur de l’écologie. La pensée de Marx n’est plus aussi fédératrice que dans le passé, même s’elle doit, dans un cursus militant, être sérieusement étudiée et discutée. C’est indispensable, nous sommes d’accord ! Mais nous devons nous efforcer de rendre le communisme plus accessible au plus grand nombre possible de jeunes et de travailleurs, et doit pas se réduire à la pensée d’un individu ou être présenté comme une doctrine ancienne et figée dans le temps. L’heure est venue de démontrer que le communisme, au-delà d’une doctrine marxiste, est un projet de société révolutionnaire vivant, anticapitaliste et de facto écologiste. Pour cela il faut d’abord sortir les communistes de leurs a priori dépassés, et sortir de l’éternel débat interne sur le nucléaire comme si c’était le seul sujet environnemental ! La réindustrialisation est possible dans une logique écoresponsable, par la transition des matières premières vers le chanvre, le lin, et le recyclage, par exemple. En termes d’emplois, c’est près de 4 000 000 qui peuvent être créés par la réduction du temps de travail, et plus d’un million d’emplois par le retour à une agriculture biologique, couplée à la hausse du maraîchage, au soutien des projets de microfermes ou de permaculture… Ce sont des projets de société implicitement anticapitalistes, que le PCF doit s’approprier !
Nationalement, des enjeux forts existent, comme l’appropriation des terres, pour sortir des dérives de l’industrie agroalimentaire et de la monoculture ! Luttons contre la FNSEA, cette organisation de « patrons de la terre » et rendons les champs aux exploitants, aux paysans, à ceux qui savent les transformer en richesses ! Pour accompagner la création d’emplois, il faudra, c’est une évidence, un véritable projet éducatif, pour sortir des « lycées agricoles » détenus par le ministère de l’Agriculture, vérolé par le lobbying patronal agricole et la FNSEA !
À l’échelle des « métropoles », là aussi il faut favoriser l’implantation de commerces issus des circuits courts, du bio, de l’écoresponsable, non pas pour « se boboïser », mais pour offrir une alternative aux hypermarchés, réduire la surconsommation et affaiblir le capitalisme alimentaire.
Alors que le jour du dépassement avance chaque année (29 juillet en 2021) comment ne pas se prononcer sur l’urgence de revoir les méthodes et les priorités de la production ? Comment rester silencieux face à une consommation de ressources qui dérape de plus en plus ? La période du premier confinement a démontré à elle seule les effets positifs à court terme d’une baisse de la production. La nécessité de combattre l’obsolescence programmée est une cause écologique, anticapitaliste et communiste.
Concernant le dérèglement climatique, là aussi, dans nos villes il y a une urgence d’engagement communiste, notamment autour de l’arrêt de l’urbanisation chaotique, la création d’espaces de verdure dans les lieux publics, dans nos écoles, sur les parkings, etc.
Ce ne sont là que quelques idées, des pistes à suivre, mais l’appropriation collective du sujet, pour aller dans le sens d’actions révolutionnaires communistes et écologiques doit s’accompagner d’un effort d’éducation populaire, de réflexion, de débats. Pour parler à ceux qui pourraient soutenir cette révolution, il ne faut pas se limiter à de la « grande théorie », il faut surtout avancer des propositions claires et compréhensibles par tous. Cette volonté de compréhension et de proposition doit s’inscrire dans un programme concret – et non pas seulement théorique – porté par le Parti Communiste Français. Et si cette approche s’applique à l’écologie, elle s’applique aussi à d’autres thématiques oubliées par le parti.
Romuald Ternisien (PCF, CGT Cheminots)