Le texte qui suit reprend la déclaration de l’Union Départemental CGT de Corrèze, à propos de la condamnation de son secrétaire au Tribunal de Police.
L’UD CGT de Corrèze dénonce le jugement rendu le 10 mai, au Tribunal de Police de Brive, contre notre secrétaire général.
Lors d’une manifestation intersyndicale (déposée par la FSU et réunissant les organisations CGT, FO, FSU et Solidaires) à Brive, dans le cadre de la lutte contre le projet rétrograde du gouvernement concernant les retraites, la manifestation a décidé de redécorer la vitrine de la permanence LREM avec quelques affiches et autocollants, mais aussi en déposant symboliquement nos outils de travail (ordinateurs, blouses, compteurs gaz, stylos, cahiers, codes des impôts, etc.). Aucune violence, aucune casse. Juste un moment symbolique et festif.
La presse en a fait l’écho et un reportage de France 3 a montré la fin de l’action et notamment le geste métaphorique du secrétaire général qui a fait une sorte de « bénédiction » de la vitrine à quelques mètres de distance, avec un pinceau, comme s’il « expiait » la faute impardonnable de LREM et son projet mortifère pour les travailleurs.
Il faut rappeler que cette période était chargée de mobilisations, de grèves, de manifestations et d’autres actions pour refuser une contre-réforme des retraites qui aurait baissé drastiquement les pensions pour la plupart des travailleurs. Elle prévoyait le passage à une retraite par points, indexée sur la « croissance » du PIB. Or, l’année dernière, le PIB ayant chuté de plus de 8%, la chute des pensions aurait été de 8% !
L’audience d’hier (le 10 mai) a été une véritable farce, dont les conclusions semblent avoir été décidées bien avant que notre secrétaire puisse faire valoir sa défense ! On y a rappelé les termes de la plainte de Mme Bordas qui a porté plainte contre X pour dégradation et dépôt de « détritus » devant la permanence. On notera que Mme Bordas n’a pas dû souvent voir des outils de travail ! Confondre des ordinateurs, des cahiers, des codes des impôts avec des détritus démontre sa méconnaissance totale du monde du travail !
À noter aussi que Mme Bordas, représentante de LREM, n’a même pas daigné être présente et ne s’est même pas portée partie civile. C’est donc l’État, représenté par la procureure, qui a poursuivi le secrétaire général de la CGT !
Quand l’avocate et le secrétaire général ont donné leur version des faits, la juge et la procureure n’avaient pas l’air d’être très à l’écoute, donnant l’impression que la décision était déjà prise !
L’avocate du secrétaire général a expliqué que l’infraction n’était pas établie, notamment en ce qui concerne la dégradation devant entraîner des dégâts pérennes et nécessitant des travaux, hormis des affiches collées qui ne semblent pas constituer un dégât important ! Elle a précisé que sur les photos extraites du reportage de France 3, à aucun moment on ne voit le Secrétaire encoller la vitrine, mais juste faire un geste de haut en bas, à quelques mètres de la vitrine, avec un pinceau et sans affiche. Peu importe des questions de fond et de forme, tout indique qu’il fallait un coupable, et un secrétaire général CGT, ça tombait bien !
D’ailleurs, dans une explication un peu alambiquée, la procureure précise que ce n’est pas comme responsable syndical que Sylvain Roch est accusé, mais par sa responsabilité individuelle. Pour autant (et c’est quelque peu croquignolesque !), c’est parce qu’il est souvent à l’origine de manifestations que la police l’a reconnu sur le reportage de France 3. Notons donc que, de fait, un reportage télé peut servir à la répression !
Accusé personnellement, mais reconnu parce que militant CGT, jolie pirouette !
Certes, d’aucuns pourraient dire que 150 euros d’amende ce n’est pas grand-chose (on leur répondrait que pour un travailleur 150 euros ce n’est jamais rien, vu nos salaires !), mais le symbole est lourd !
Pendant que le gouvernement ne s’émeut guère des tribunes de la part de militaires appelant, à mots couverts et avec des poncifs d’extrême droite, à la guerre civile, il n’hésite pas à poursuivre et faire condamner un syndicaliste. Cela montre bien ses priorités !
Le but est clair, et nous le voyons dans bien d’autres départements : faire peur à ceux qui se mobilisent, à ceux qui refusent de voir leurs conditions de vie et de travail se dégrader, à ceux qui n’acceptent pas le capitalisme comme seul horizon ! Tenter d’intimider les syndicalistes qui luttent. Voilà le seul « dialogue social » que conçoit ce gouvernement !
Mais penser que la répression physique, policière, judiciaire puisse atténuer la colère est un mauvais calcul !
Ces attaques contre les syndicalistes et ceux qui luttent ne font que renforcer notre détermination à poursuivre nos combats. Ces tentatives de vouloir faire taire la contestation ne font que renforcer le rejet d’un système qui ne sert que les intérêts d’une minorité !
Le gouvernement n’a pas compris que s’en prendre à un individu ne change rien. La CGT ne se résume pas à un(e)secrétaire général(e). La CGT a 126 ans d’histoire. Elle a connu la lutte clandestine, la résistance, la répression sanglante. Et pourtant elle est toujours debout, face au capitalisme. Avant notre secrétaire d’UD, il y en a eu beaucoup d’autres qui n’ont pas tremblé, face à l’État et au capital. Après lui, il y en aura beaucoup d’autres qui continueront de porter le drapeau rouge des travailleurs !
L’UD CGT de Corrèze apprécie la solidarité exprimée par la présence de camarades CGT de Haute-Vienne et de Creuse, et de la FSU, Solidaires et FO.
Effectivement ce n’est pas le premier militants Cgt inquiété pour assumer des responsabilités syndicales, mais cela commence à devenir beaucoup trop souvent. La répression pour tenter d’endiguer l’expression du mal être pour ne pas dire de la colère ne résout rien. Tant qu’il y aura autant d’injustice et d’inégalité il y aura des mobilisation. C’est le rôle des syndicats de les organiser. Ces mobilisations citoyennes sont salutaires pour la république ! La répression donne raison aux partisans des actions violentes et c’est irresponsable !