Ce 1er mai 2021 était particulier. Au 1er mai de l’année dernière, les manifestations étaient difficiles, voire impossibles. Mais cette fois-ci, les militants pouvaient reprendre la rue pour cette journée ancrée dans le mouvement ouvrier depuis la fin du XIXe siècle.
Il y a eu plus de 300 rassemblements et manifestations sur le territoire où l’influence était plutôt bonne compte tenu de la météo et des difficultés à mobiliser. 170 000 travailleurs ont tenu à marquer cette journée, ce qu’il ne faut pas passer sous silence ! L’ambiance était combative et festive. Les militants mobilisés n’avaient rien de fataliste. Nous ne pouvons que nous féliciter de cette ambiance dans la quasi-totalité des rassemblements. Certes, 170 000 est un chiffre trop faible au regard de la situation sociale et économique. , le côté confiant et motivé de cette année tranche avec les manifestations ternes et rabougries qu’on a pu connaître les années précédentes. Malheureusement, malgré cet aspect positif des choses, il y a eu des agressions inadmissibles de militants CGT, notamment à Paris et Lyon.
À Lyon, les militants du syndicat des livreurs à vélo Delivroo/Uber Eats ont été pris à partie par des individus cagoulés et armés de bâtons. Pour rappel, ce syndicat à beaucoup de camarades sans-papiers et s’organise, alors que les modalités de travail compliquent le militantisme. La Riposte en profite pour leur apporter son soutien fraternel, les félicite pour leur engagement et les encourage à poursuivre leurs combats ! À Paris, une véritable meute violente s’en est prise au service d’ordre de la CGT (mais pas seulement de la CGT) et a blessé 21 de nos camarades, dont 4 qui ont fini à l’hôpital ! La Riposte leur apporte tout son soutien fraternel et dénonce cette agression ignoble ! Ces agressions étaient clairement fascistes. Attaquer et insulter des travailleurs avec des propos racistes, homophobes, sexistes, s’en prendre au syndicat des livreurs à vélo connu pour avoir de nombreux militants sans-papiers, détruire le ballon de l’UD CGT 78, sous lequel manifestaient des sans-papiers démontrent le caractère fasciste et raciste des agresseurs.
À Paris, la préfecture avait indiqué une sortie pour les camions CGT, mais lorsqu’ils y sont arrivés, ils étaient bloqués par les CRS. C’est à ce moment que le caillassage et les coups ont commencé. Cette situation donne l’impression que la préfecture de Paris a permis et amplifié l’agression. Si les actes sont clairement fascistes, ceux qui les ont perpétrés sont difficilement identifiables. Il est relativement simple pour un petit groupe fasciste d’infiltrer le cortège ou de se fondre parmi les Black Bloc. Mais le nombre d’assaillants laisse penser que, même si cette version des faits est confirmée, il n’est pas impossible qu’une partie des manifestants ait aussi participé à l’agression. N’oublions pas que des travailleurs « déclassés » peuvent parfois se mettre au service de groupements fascistes. Il n’est pas impossible que certains éléments aient été séduits par l’idée de « casser du CGTiste ». Le qualificatif de « collabo » à l’encontre de la CGT ressemble étrangement à la rhétorique de l’extrême droite !
La CGT a toujours affirmé que l’extrême droite n’a d’autre but que de diviser les travailleurs entre eux. C’est la raison pour laquelle le Rassemblement National (RN) dénonce les syndicats comme « non libres », c’est-à-dire, dans leur langage tordu, qu’ils sont contre le RN qui se prétend « antisystème ». S’opposer à l’extrême droite, c’est donc être des « collabos » !
Nous devons nous armer non seulement idéologiquement, mais aussi physiquement, désormais. L’expérience nous montre que l’État et ses forces de répression se placent en ennemi du mouvement ouvrier. Les appels pour que l’État agisse pour protéger des cortèges syndicaux n’ont pas plus de sens qu’un condamné demandant à son gardien de le protéger du bourreau ! L’inaction complice de la préfecture démontre que l’État actuel est une arme dans les mains des capitalistes contre le mouvement ouvrier. Nous n’avons d’autre choix que de nous défendre par nos propres moyens ! Nous avons besoin de mieux organiser nos manifestations, de renforcer nos services d’ordre et de les munir de bâtons d’autodéfense s’il le faut, et aussi de préparer sérieusement les militants à comment réagir pour se défendre en cas d’agressions physiques. La responsabilité de la protection des manifestations revient aux organisations syndicales.
L’infiltration des fascistes dans les manifestations est exploitée par les gouvernements et les capitalistes afin de déstabiliser le mouvement ouvrier. Mieux organisés et mieux préparés face à la possibilité d’agressions fascistes, nous pourrons lutter plus efficacement pour la satisfaction de nos revendications. Le 1er mai et toutes les manifestations syndicales appartiennent aux travailleurs. Nous ne les laisserons pas aux fascistes !
Sylvain ROCH CGT 19