Longtemps repoussée par le gouvernement, la réforme de l’assurance-chômage a été présentée mardi 2 mars 2021 par la ministre du Travail, Élisabeth Borne. Le but premier et avoué de cette réforme est de réaliser des économies sur le dos des demandeurs d’emploi ! Cette réforme est une suite de mesures plus régressives les unes que les autres, qui va changer considérablement le mode de calcul pour la perception de l’allocation.
Nous notons par exemple :
– Les plus hautes rémunérations verront une baisse de 30 % de leur allocation à partir du 7e mois. Ce qui va pénaliser les seniors entre 50 et 57 ans (âge à partir duquel la pénalité ne s’appliquera plus).
– L’allocation ne sera plus calculée sur les 12 derniers mois reconstitués, mais à partir de la moyenne du revenu mensuel sur les 24 derniers mois. Cela inclut également les jours non travaillés, mais avec un plancher qui limite à 13 jours non travaillés dans le mois. Les travailleurs ayant des emplois discontinus seront durement frappés.
– Un durcissement des conditions d’accès, le gouvernement prévoyait qu’il faudrait désormais travailler 6 mois sur 28 au lieu de 4 mois sur 24. Cette mesure serait conditionnée selon des critères particuliers de baisse du chômage. En tout état de cause si elle s’appliquait, elle pourrait pénaliser les plus précaires notamment les femmes qui sont les plus touchées par une activité réduite.
L’Unedic lui-même, organisme qui supervise le calcul, estime que 38 % des demandeurs d’emploi seront impactés par la baisse de l’allocation chômage. Ces 4 exemples annoncent la couleur : « vous êtes pauvres et bien nous vous rendrons la vie encore plus difficile ». Derrière cette réforme rode l’idée qu’il faut d’une part lutter contre la fraude à l’assurance chômage et d’autre part que cette régression sociale va inciter, les travailleurs sans emploi à retrouver une activité. En réalité le chômage est la conséquence directe du système capitaliste. Reporter la faute du chômage sur les dos travailleurs « non motivés » est tout simplement fallacieux. Il ne suffit pas de « traverser la route pour trouver un emploi » comme le fanfaronnait Macron.
Vouloir réaliser des économies en précarisant les plus précaires est scandaleux ! Le plan de relance de l’économie lancé par le gouvernement Macron Castex pèse 100 milliards d’euros. L’État se substitue au patronat pour verser les salaires des travailleurs des entreprises subissant l’impact économique de la crise sanitaire par le biais du chômage partiel. En réalité, c’est une aide au capitalisme français et non aux salariés. La preuve en est que la réforme de l’assurance chômage vise à établir une économie de 1 milliard d’euros par an soit 1 % du plan de relance. C’est la démonstration que ce gouvernement n’a que faire des plus précaires.
À titre de comparaison, la fraude fiscale de l’impôt sur les sociétés est (sous)estimée à plus de 20 milliards d’euros par la Cour des comptes, soit plus de 100 fois supérieure à la fraude (sur)estimée à pôle emploi. De plus cela ne prend pas en compte l’optimisation fiscale des entreprises, c’est-à-dire un moyen complexe, mais légal d’échapper à l’impôt, grâce des placements en paradis fiscaux et des montages financiers. Les plus grandes entreprises qui dégagent des profits gigantesques sont expertes en la matière.
La situation sociale et économique qui fait suite à la crise sanitaire va accentuer le nombre de demandeurs d’emploi ! Le système capitaliste est non seulement incapable de répondre à l’urgence de la situation, mais est lui-même responsable de la précarisation, du chômage… Les grandes entreprises agissent en toute impunité, générant des profits extorqués sur le dos des travailleurs qui ont la chance d’avoir un emploi.
Les chômeurs ne sont pas responsables de la montée du chômage ! Les capitalistes n’ont pour objectif de produire que pour le profit conduisant à l’augmentation de la productivité et aux délocalisations. Là réside les sources du chômage. Il ne suffit pas de lutter contre les conséquences du capitalisme, nous avons besoin de remplacer ce système moribond et obsolète par un système où les richesses produites devraient être le bien commun. Le socialisme répond à cet impératif. La socialisation des moyens de production et d’échange sous le contrôle démocratique des travailleurs permettrait de l’extirper des mains des capitalistes. De cette manière la production de biens répondrait un objectif fondamentalement différent à savoir élever l’humanité et satisfaire les besoins essentiels et non l’appétit insatiable des capitalistes. C’est de cette manière que nous pourrons partager la richesse, le travail et lutter contre le chômage !
Gauthier HORDEL, PCF Rouen