À la suite d’une conférence téléphonique entre Keir Starmer, qui a remplacé Jeremy Corbyn à la tête du Parti Travailliste, et un certain nombre de « donateurs millionnaires », le dirigeant du parti en Écosse, Richard Leonard, a été mis à l’écart. Selon le quotidien britannique The Times, les riches donateurs ont fait « très clairement comprendre » à Starmer qu’ils ne donneraient plus d’argent au parti si Leonard, considéré comme proche de Corbyn, n’était pas destitué. Parmi les millionnaires se trouvaient le Baron Willie Haughey et l’avocat Robert Latham qui a financé la campagne de Starmer contre Corbyn à hauteur de 100,000 livres sterling.
Selon le site de Left Horizons dont les militants luttent contre l’orientation droitière de la direction travailliste depuis le départ de Corbyn, « il ne fait aucun doute maintenant que le Parti travailliste entre dans une phase de réaction inédite depuis trente ans et que sa droite est même plus organisée et plus efficace qu’à l’époque de Tony Blair. » Manifestement, l’un des aspects les plus malsains des méthodes de la nouvelle équipe dirigeante est la tentative de « purger » la gauche du parti, sous prétexte de la lutte contre l’« antisémitisme ».
Ici en France, on connaît bien, l’astuce politique qui consiste à assimiler toute critique de la politique de l’État d’Israël à l’antisémitisme. Les médias de droite et la droite du Parti Travailliste en ont fait amplement usage pour discréditer Corbyn, connu pour sa défense des droits du peuple palestinien. Aujourd’hui, au niveau national et dans pratiquement toutes les instances régionales du parti, des permanents à plein temps surveillent les réseaux sociaux pour identifier les membres du parti qui pourraient, eux aussi, être accusés fallacieusement d’antisémitisme et expulsés du parti. De nombreux membres du parti ont déjà subi la suspension ou l’annulation de leur qualité d’adhérent, et les sections locales qui s’y sont opposées ont été, elles aussi, suspendues.
Sous Starmer, la direction travailliste a refusé de s’opposer à l’amnistie accordée par le gouvernement conservateur de Boris Johnson aux agents secrets de la police qui ont commis des actes illégaux en infiltrant des organisations anticapitalistes dans le passé. Selon un rapport parlementaire (Mitting Report), 124 organisations ont été infiltrées après 1968 et pendant des décennies par la police britannique.
Et maintenant Starmer a engagé les services d’un ancien agent de renseignement militaire israélien du nom d’Assaf Kaplan, pour coordonner la chasse aux « gauchistes » dans le Parti Travailliste. Kaplan était – et peut-être est-il encore ? – un officier de la tristement célèbre Unité 8200 du renseignement militaire israélite, spécialisé dans la surveillance et l’espionnage informatique. L’unité se spécialise également dans le chantage et l’extorsion. Dans une lettre publiée dans The Guardian en septembre 2014, un réserviste « donneur d’alerte » de l’unité 8200 écrivait que « toute information qui pourrait permettre une tentative d’extorsion à l’encontre d’un individu est considérée comme pertinente […] que cette personne ait une certaine orientation sexuelle, trompe sa femme ou ait besoin d’un traitement [médical] en Israël ou en Cisjordanie – il peut devenir la cible d’un chantage. »
Le statut officiel de Kaplan dans le parti est « responsable de l’écoute sociale et de l’organisation », ce qui appelle le commentaire suivant de la part de Left Horizons : « En d’autres termes, cela signifie le développement de la surveillance des médias sociaux de la gauche travailliste. »
Greg Oxley