La crise du coronavirus a eu au moins le mérite de pointer du doigt le sort réservé à nos aînés. Afin de ne pas “encombrer” les services de réanimation, il a été délibérément décidé que chaque personne en EHPAD atteinte du Covid-19 ne pourrait pas avoir accès au service de médecine adéquate quand bien même ce sont eux qui en auraient le plus besoin. Très concrètement, avec l’aval du gouvernement, le Docteur Renaud Lévy, gériatre, membre du bureau de l’association nationale de médecins coordonnateurs d’ EHPAD, a envoyé des consignes destinées à guider au mieux le personnel soignant des EHPAD concernant la prise en charge des résidents en temps de pandémie. Dans ce document, il l’affiche parmi ses «objectifs» : «éviter d’emboliser les services hospitaliers de patients âgés pour lesquels l’hospitalisation ne serait pas bénéfique, ou pas plus bénéfique, que si les soins étaient prodigués en EHPAD.»
La professeure Karine Lacombe, infectiologue à l’hôpital parisien Saint-Antoine, aux côtés d’Édouard Philippe et d’Olivier Véran, a déclaré en conférence de presse le 26 mars 2020 : «il faut savoir que les passages en réanimation ne sont pas proposés à des personnes très âgées. Mais c’est ce qui se fait dans la vie de tous les jours. Quand on arrive en réanimation pour n’importe quelle raison, parce qu’on sait que quand on est âgé avec beaucoup de comorbidités, il y a un risque très important de ne pas sortir de réanimation, et que ça peut être beaucoup plus délétère et inconfortable, pour une personne âgée, d’être en réanimation.». Sans rentrer dans les débats philosophiques, tout un chacun peut convenir facilement que 100 % de chance de mourir est plus délétère et inconfortable que le risque d’aller en réanimation. La cause réelle, qui n’est pas assumée pour des raisons évidentes : c’est le manque de lit. Une nouvelle fois au cours de cette crise, une doctrine a été façonnée par la pénurie et non pas exclusivement par des raisons de santé de santé publique. Il a été choisi délibérément de laisser mourir les vieux pour ne pas encombrer le peu de lits que nous avons. Un choix logique en cas de manque, mais les vraies questions sont pourquoi et à cause de qui nous en manquons ?
Malgré le choix d’écarter les personnes en EHPAD, les médecins ont tout de même dû faire des choix entre les patients, en raison du manque de moyen. Des échanges entre médecins dans le Grand-Est, rapportés par l’Obs, témoignent de ces choix opérés : «Les lits de réanimation de la région sont saturés, et impossible de trouver des respirateurs pour ouvrir de nouveaux postes de réa. J’ai réuni hier un collège de spécialistes (réa, infectio, med interne, pneumo, gériatre, urgentiste) afin de fixer des indications aux différentes filières, et plus clairement les critères (notamment d’âge) de limitation d’accès à la réa.» Dans le Parisien, une infirmière de Mulhouse : «Nous avons dû prendre cette décision pour une personne de 70 ans qui souffrait d’autres maladies et parce que nous n’avions pas assez de place. C’est dur, c’est très dur, on n’est pas là pour ça.»
En parallèle à ce scandale du manque de lits, issue des choix budgétaires de ce gouvernement et des précédents (dont l’un où Macron était déjà ministre de l’Économie), il faut ajouter le manque de moyens de protection. Dans la région parisienne, un directeur d’établissement d’Ehpad témoignait la première semaine du confinement pour La Riposte : « Au quotidien, l’inquiétude est grandissante du côté des familles comme des personnels, même en l’absence à ce jour de cas confirmé Covid-19 et malgré les préparatifs en place pour y faire face : procédures et formations avec mises en situation d’intervention et de soins avec mesures barrières adéquates auprès de résidents cas possibles ou confirmés, mise en place d’unité dédiée pour des personnes qui seraient infectées et non hospitalisées, constitution par trop contrainte de stocks de masques trop attendus et distributions de solutions hydroalcooliques qui “disparaissent” aussi parfois, obligeant à sécuriser les stocks….L’inquiétude énorme des personnels est à la fois médicale, matérielle et sociale. Elle est matérielle quant aux moyens de sa prévention possible, notamment quant aux masques disponibles. Cette inquiétude des personnels se porte sur les risques d’être porteur de contagiosité croisée depuis leur domicile pour les résidents via les transports en commun et symétriquement par le risque d’être vecteur de contagiosité à leur domicile pour leurs proches depuis leur lieu de travail. Au moment d’écrire ces lignes, le Ministère de la Santé a enfin annoncé samedi 21 mars au soir que les EHPAD seraient destinataires hebdomadairement de dotations de masques chirurgicaux calculées sur la base de 5 masques par résident par jour, ce qui donne enfin une visibilité et permet de se préparer à la prise en charge de patients, mais ne saurait suffire en cas de pandémie au sein des EHPAD si la contagiosité s’y développe autant que certaines projections alarmistes le prévoient. Le pire n’est jamais certain, mais en matière de santé la responsabilité consiste à s’y préparer, ce qui n’est plus du tout le cas depuis des années dans le secteur de la santé en France qui n’a connu depuis des années que des coupes budgétaires et des fermetures de lits. »
Sans tomber dans le complotisme, il est assez courant qu’un gouvernement nous mente. Cela dit, jamais un gouvernement ne nous aura autant pris pour des idiots. Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement déclarant : « vous savez quoi ? Moi je ne sais pas utiliser un masque » tandis que le monde entier cherchait à se fournir en masque, que tous les médecins les préconisaient et que notre voisin autrichien distribuait des masques à l’entrée des supermarchés. La France, en réalité, était en pénurie de masques en raison du choix fait par les pouvoirs publics de ne pas en renouveler les stocks et de choix fait pas des patrons de délocaliser les usines qui les fabriquaient en France. Il a fallu plus d’un mois après le début du confinement pour que le masque devienne obligatoire par ce même gouvernement. Tout d’un coup, les Français n’étaient plus assez bêtes pour les mettre.
Combien de vies aurions-nous pu sauver si nous avions eu suffisamment de masques, de gel, de blouses et surblouses pour bloquer réellement le virus ? De combien de nos aînés aurions-nous pu prolonger la vie si, au lieu d’une logique budgétaire, nous avions pu tenter le tout pour le tout et les placer en réanimation lorsque c’était nécessaire ? Et nous pourrions aussi parler des budgets pour les chercheurs, obligés de s’appuyer sur des partenariats privés et qui, par conséquent, ne se concentrent que sur les maladies rentables. Or malgré le fait que les coronavirus soient connus depuis 1965, l’un d’eux n’est devenu rentable que maintenant qu’il touche toute la planète et coule l’économie. Nous pourrions parler aussi de la surconsommation, de la déforestation et du fait que des espèces qui n’auraient jamais dû se croiser se croisent et créer ainsi des sortes de “super virus” en raison de l’activité humaine. Le coronavirus n’est pas le premier crée ainsi : c’était déjà le cas pour H1N1, Ebola ou même le sida. En réalité, cette pandémie et nos morts, ce n’est que le symptôme d’une maladie bien plus grave dont l’humain souffre depuis plusieurs siècles : le capitalisme.
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Fabien Lecomte, PCF CGT Poitiers.
excellente analyse
C’est une honte, un scandale d’état et personne n’en parle à la télé, on laisse mourir les gens sans les soigner, c’est une honte, la France doit être condamné par l’ONU, c’est lamentable. Macron doit démissionner, on a pas le droit de cacher la vérité aux français.