Les apôtres du capitalisme présentent la pandémie du Covid-19 comme un phénomène « accidentel » qui s’est produit indépendamment de l’ordre établi. L’industrie médiatique internationale abonde en allusions à l’analogie du « cygne noir », c’est-à-dire d’un phénomène totalement imprévu et inimaginable. En gros, il faudrait comprendre que c’est le virus, sorti de nulle part, qui a déclenché cette crise. Mais la pandémie n’a-t-elle vraiment rien à voir avec des défauts inhérents au mode de production capitaliste et à la structure sociale de la société ? Nous pensons, au contraire, que la force motrice du système actuel – l’avarice rapace et sans limites des capitalistes – est non seulement responsable de la genèse de cette pandémie, mais aussi de l’ampleur incalculable de ses conséquences économiques et sociales.
Pour commencer, précisons que si la pandémie était bien imprévisible pour la vaste majorité de la population du monde, elle ne l’était pas du tout pour les spécialistes dans le domaine des risques sanitaires. En 2018, lors d’une réunion à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à Genève, un groupe d’experts a inventé le terme « maladie X » à propos d’une pandémie qu’il estimait fort probable dans les prochaines années en raison de la proximité de plus en plus importante entre les humains et les espèces porteuses de pathogènes dangereux. Cette proximité est la conséquence directe de la course aux profits de la part de capitalistes pour qui rien n’est sacré, pour qui les forêts, les fleuves, la faune du monde ne sont qu’autant de ressources à exploiter. Les experts de l’OMS ont précisé que les premiers symptômes de la « maladie X » chez les humains feraient qu’elle pourrait être initialement confondue avec d’autres maladies, telles que la grippe saisonnière, et qu’elle pourrait ainsi se propager massivement, mais aussi insidieusement par le biais du tourisme de masse et des voyages d’affaires. Le scénario ainsi esquissé à l’OMS en 2018 est précisément celui que nous sommes en train de vivre en 2020.
Classé sans suite par tous les gouvernements du monde, cet avertissement était pourtant loin d’être le seul. Au cours du dernier quart de siècle, de nombreux avertissements similaires ont été clairement formulés par des scientifiques et des responsables de la santé mondiale. Tous affirmaient qu’une pandémie arrivait et qu’elle serait catastrophique pour l’économie mondiale si des dispositifs de sécurité sanitaires n’étaient pas mis en place à temps. Depuis deux ou trois ans, des alertes à ce sujet ont été lancées presque tous les mois. L’alerte la plus récente figurait dans un rapport du Center for Strategic and International Studies aux États-Unis, sous la direction de l’ancien sénateur américain Kelly Ayotte et de Julie Gerberding, ancienne responsable des Centres de contrôle et de prévention des maladies infectieuses. Le rapport, publié le 18 novembre 2019, plaidait pour le rétablissement du budget de la prévention des pandémies, supprimé par Trump.
Dix ans plus tôt, le 12 février 2009, Dennis C. Blair, directeur du Renseignement national, dans son Évaluation annuelle des menaces à la sécurité des États-Unis écrivait : « Le défi sanitaire transnational le plus pressant pour les États-Unis reste le potentiel d’émergence d’une pandémie grave, le principal candidat étant un virus grippal à caractère hautement mortel. La Banque mondiale estime que si le prochain virus pandémique est similaire à celui qui a provoqué la pandémie de 1918, il pourrait tuer 71 millions de personnes dans le monde et provoquer une récession mondiale majeure avec des coûts mondiaux dépassant les 3 billions de dollars. » L’année suivante, Blair a réitéré le point de vue des services de renseignement sur la question : « La pandémie de grippe actuelle est le rappel le plus visible que des problèmes de santé peuvent soudainement surgir de n’importe où dans le monde et menacer la vie des Américains. Il met également en évidence de nombreuses dépendances et vulnérabilités critiques des États-Unis dans le domaine de la santé. […] Des lacunes importantes subsistent dans la surveillance des maladies et les rapports qui minent notre capacité à faire face aux flambées de maladies à l’étranger ou à identifier les produits contaminés avant de menacer les Américains. »
Le 29 décembre 2018, Bill Gates, dans un texte intitulé Ce que j’ai appris au travail cette année, écrit : « J’espérais que le centenaire de [la « grippe espagnole »] déclencherait de nombreuses discussions pour savoir si nous étions prêts pour la prochaine épidémie mondiale. Malheureusement, ce n’était pas le cas et nous ne sommes toujours pas prêts. Si quelque chose va tuer des dizaines de millions de personnes en peu de temps, ce sera probablement une épidémie mondiale. Et la maladie serait très probablement une forme de grippe, car le virus de la grippe se propage facilement dans l’air. Pour se préparer, nous avons besoin d’un plan pour que les gouvernements nationaux travaillent ensemble. Nous devons réfléchir à la façon de gérer les quarantaines, nous assurer que les chaînes d’approvisionnement atteindront les zones touchées, décider comment impliquer les militaires, etc. Il n’y a pas eu beaucoup de progrès sur ces questions en 2018. »
Dans un rapport de la Banque Mondiale et de l’OMS publié en septembre 2019, Un monde en péril, on peut lire : « Trop longtemps, nous permettons un cycle de panique et de négligence en matière de pandémies : nous accélérons nos efforts lorsqu’il y a une menace sérieuse, puis les oublions rapidement lorsque la menace disparaît. Il est grand temps d’agir. Ce dont nous avons besoin, c’est de dirigeants ayant la volonté d’agir avec force et efficacité. Le monde n’est pas préparé à une pandémie de pathogènes respiratoires virulents et rapides. En plus des niveaux de mortalité tragiques, une telle pandémie pourrait provoquer une panique, déstabiliser la sécurité nationale et nuire gravement à l’économie et au commerce mondiaux. La confiance dans les institutions s’érode. Les gouvernements, les scientifiques, les médias, la santé publique et les systèmes de santé dans de nombreux pays sont confrontés à un effondrement de la confiance du public qui menace leur capacité à fonctionner efficacement. La situation est exacerbée par la désinformation qui peut entraver la lutte contre la maladie communiquée rapidement et largement via les médias sociaux. »
On pourrait reproduire des dizaines d’avertissements officiels du même genre. On se limitera ici à une citation de plus, celle de la célèbre journaliste scientifique Laurie Garret, qui, le 20 septembre 2019, a écrit dans la revue Foreign Policy : « Le monde entier sait qu’une pandémie apocalyptique approche. Mais personne n’est intéressé à faire quoi que ce soit à ce sujet. Il n’y a aucune raison de penser que cette fois sera différente. À part une pandémie véritablement dévastatrice de grippe tueuse ou d’un microbe actuellement inconnu, il est difficile d’imaginer ce qui inciterait les dirigeants mondiaux à prendre au sérieux les menaces microscopiques. »
Ainsi, lorsque les politiciens capitalistes comme Trump, Johnson et Macron répètent à tue-tête que « personne ne pouvait prévoir » la catastrophe qui nous tombe dessus actuellement, ils mentent, tout simplement. Tous les gouvernements des grandes puissances ont été clairement informés du risque d’une pandémie comme celle du Covid-19. S’ils n’ont rien fait pour s’y préparer, s’il n’y avait pas de réserves de masques et d’autres équipements de protection, s’il n’y a pas de dépistage de masse, c’est pour la même raison que la recherche scientifique, les services de santé publique ont été privés de fonds et démantelés depuis des années sous prétexte de réduction des dépenses et d’équilibre budgétaire : le profit passe avant tout. C’est aussi une conséquence du niveau de développement à notre époque du marché mondial, dont la portée atteint les moindres recoins de la planète, créant une interface plus large que celle qui existait avant entre l’activité humaine et le monde de la faune sauvage.
Le biologiste Rob Wallace, connu pour son attitude critique envers le capitalisme moderne, a dit qu’on « ne pourrait pas concevoir un meilleur système pour produire des maladies mortelles. » Il explique que les épidémies ne font pas seulement partie de notre organisation sociale et économique, elles en sont une conséquence. La « peste noire » s’est propagée en Europe au milieu du 14e siècle avec la croissance du commerce le long de la route de la soie. De nouvelles souches de grippe ont émergé de l’élevage de masse. Les virus Ebola, SRAS, MERS et maintenant Covid-19 sont tous liés à la faune. Les pandémies commencent généralement comme des virus présents chez les animaux et se transmettent aux humains par le biais de mutations et lorsqu’ils entrent en contact avec eux. Le risque de contagion augmente de façon exponentielle quand l’empreinte écologique de l’humanité nous rapproche de la faune dans les régions les plus reculées de la planète et où le commerce de la faune amène ces animaux dans les centres urbains. La construction de routes, la déforestation, le défrichement et le développement agricole excessif, ainsi que les voyages et le commerce mondialisés nous rendent extrêmement sensibles aux agents pathogènes comme Covid-19. La soudaineté de la pandémie du Covid-19 n’en fait pas un « choc » dont les origines sont extérieures au système capitaliste. C’est un produit du système, de la mainmise de plus en plus complète et invasive du capital sur les ressources de la planète, de la loi du profit. Cette loi fondamentale du capitalisme, que des rêveurs – ou charlatans – réformistes croient ou font semblant de croire pouvoir contourner, explique également comment la catastrophe sanitaire est aussi une crise économique et sociale d’une si grande ampleur. La possibilité d’un « capitalisme vert », c’est-à-dire d’un système fondé sur l’exploitation et le profit serait compatible avec une gestion saine des ressources et la protection de l’environnement, est totalement illusoire.
L’impact sur la rentabilité de la crise sanitaire a semé la panique sur les marchés financiers. Les valeurs boursières ont plongé de 30% en l’espace de quelques semaines. Elles n’ont été rétablies que par l’intervention massive des banques centrales, dont 2000 milliards de dollars de la part de la Réserve Fédérale et 750 milliards d’euros de la BCE. Tous les pays de l’Europe, les États-Unis, la Chine et l’Inde sont en récession. À vrai dire, dans la plupart des grandes économies capitalistes, que ce soit dans les pays dits développés ou dans ceux « en développement », l’activité économique ralentissait même avant le déclenchement de la pandémie, qui a finalement précipité la récession et aggravé sa profondeur. Aucun pays du monde n’y échappera et tout semble indiquer que l’économie mondiale connaîtra au moins deux ou trois ans de dépression. Dans l’immédiat, la préoccupation principale de la classe capitaliste et des gouvernements est de s’assurer de la survie des banques et des grandes entreprises. D’où une création monétaire sans précédent de la part des banques centrales, avec par exemple 2000 milliards de dollars de la part de la Réserve Fédérale et 750 milliards d’euros de la BCE. L’injection massive de fonds publics dans l’économie pour renflouer les caisses des capitalistes provoque une augmentation exponentielle de l’endettement des États. En même temps, la nécessité de rétablir des taux de profit poussera les capitalistes à imposer une réduction du niveau de vie des travailleurs et des couches intermédiaires de la société. La « guerre » contre la pandémie – pour laquelle les capitalistes refusent de fournir les moyens nécessaires – va de pair avec une autre guerre qui, elle, sera menée avec beaucoup plus d’acharnement, contre les droits et les conditions de vie de la population.
La crise actuelle démontre l’échec du modèle médical capitaliste. L’industrie pharmaceutique et toutes les entreprises engagées dans le secteur de la recherche et la fourniture d’équipements médicaux devraient être retirées du contrôle des capitalistes et transformées en un service national de santé, coordonné et planifié démocratiquement dans l’intérêt de l’ensemble de la société. La crise actuelle démontre aussi à quel point la généralisation de l’emploi précaire a fragilisé les moyens d’existence des travailleurs et aggravé leurs conditions de travail. Au lieu de verser de l’argent public aux entreprises privées, pour que l’État essuie les pertes pendant que les capitalistes encaissent les profits et exploitent leurs salariés encore plus qu’avant, il faut prendre le contrôle des grandes entreprises au moyen d’une « nationalisation » ou socialisation, pour qu’elles deviennent autant de sources de revenus publics et pour améliorer la sécurité d’emploi et les conditions de travail et les salaires des travailleurs et travailleuses. Le capitalisme nous a menés dans un abîme. La soif du profit détruit l’environnement, mine les équilibres écologiques, nous expose à des pandémies catastrophiques et nous privent des moyens de les combattre. Il est grand temps d’en finir.
Greg Oxley PCF/La Riposte
Je suis entièrement d’accord avec ce que tu dis et c’est surtout au niveau de l’agriculture que les choses sont très graves, moi je suis originaire de la campagne et mes parents autrefois avaient un puits et c’est ce puits dont on se servait pour l’eau potable et pour donner à boire aux animaux. Aujourd’hui le puits est pollué et tous les puits du village sont pollués, donc les habitants ont été obligés de prendre l’eau potable de la ville d’à coté. Maintenant plus personne ne veut de l’eau de source, elles sont toutes polluées par l’agriculture d’aujourd’hui, c’est à dire capitaliste. Mais aujourd’hui c’est la même chose partout en France sauf peut-être à la montagne. C’est bien la façon de faire de l’agriculture capitaliste aujourd’hui qui à pollué les terres. Il ne faut pas s’étonner de voir des choses bizarre comme les virus et les chinois n’ont rien à voir là dedans.