La pandémie de COVID 19 s’étend inexorablement à travers le monde. Plus de la moitié de l’humanité vit confinée et les décès se comptent par dizaine de milliers. Une profonde récession mondiale se profile, dont nous savons d’ores et déjà que les conséquences se feront ressentir sur la décennie à venir – au moins.
Par Boris Campos, PCF Lorient
“Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle.”
“L’idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle”
Un gouvernement qui navigue à vue
Qu’elle soit sanitaire ou économique, on ne peut prédire le moment exact où surviendra une crise. Pourtant, à défaut de prédire, on peut prévoir. Force est de constater que le gouvernement -et ses prédécesseurs- n’en ont pas été capable. Alors il réagit, et ses réactions témoignent d’une chose : priorité est donnée à la protection de l’économie, à préserver sa capacité à générer des profits au décours de la crise. La question sanitaire vient au second plan, en grande partie sous la pression de l’opinion publique.
Recenser les mensonges et zigzags gouvernementaux est un florilège qui prêterait à rire si la situation n’était pas aussi grave. Ils ont estimé que le risque de propagation en France était “pratiquement nul”. Ils se sont trompés, dans le meilleur des cas. Ils nous ont répété que le stock de masques serait suffisant. Ils ont menti. Ils ont maintenu le premier tour des municipales arguant qu’il n’y avait pas de risque. Ils ont menti. Le couple Macron s’est rendu au théâtre pour “inciter les français à sortir malgré le coronavirus. Moins d’une semaine après, Macron annonçait le confinement et reprochait aux citoyens leur désinvolture. Le ministre de l’éducation nous a expliqué droit dans les yeux que le gouvernement n’envisageait pas la fermeture des écoles. Le soir même, Macron annonçait la fermeture des écoles. Ils nous incitent à rester chez nous. Ils nous exhortent à nous rendre au travail. La porte-parole du gouvernement nous a expliqué que lorsque nous ne sommes pas malades ou pas soignants, le port du masque est inutile. Quelques heures plus tard, le chef de l’Etat prononçait un discours équipé d’un masque FFP2. Ils nous expliquent que les dépistages ne servent à rien chez les personnes asymptomatiques. Ils mentent. Ils ont, comme leurs prédécesseurs, contribué à la casse du service public hospitalier. Et maintenant, il nous faudrait participer à leurs grandes kermesses de dons aux établissements de santé. Ils ont matraqué, gazé les professionnel.le.s de santé qui se sont mobilisé.e.s pendant des mois. Et maintenant ils nous encouragent à les applaudir.
Le gouvernement porte sans nul doute une lourde responsabilité dans la situation actuelle. Mais on ne peut pour autant lui rejeter l’entière responsabilité. Pour tirer correctement le bilan de ce que nous sommes en train de vivre, nous pensons nécessaire d’aborder la situation comme nous avons abordé le phénomène des méga-feux en Australie : en gardant à l’esprit que les catastrophes naturelles n’existent pas. Qu’un microbe, qui circulait jusque là parmi certaines espèces, franchisse une nouvelle barrière inter-espèce, c’est à dire qu’il s’adapte à l’organisme d’un nouvel hôte, en l’occurrence celui de l’espèce humaine, n’est pas une catastrophe en soi : c’est un phénomène naturel. Quelque soit la gravité potentielle d’une infection à ce nouveau microbe, cela ne suffit pas à provoquer une catastrophe. Pour que survienne une pandémie entraînant une surmortalité globale ou d’un groupe de personnes, ce phénomène doit coïncider avec des conditions sociales, économiques et physiques rendant vulnérables à ce phénomène.
Grâce à Dieu l’époque où l’on expliquait les pandémies par une quelconque volonté surnaturelle est désormais révolue -du moins en France. Cependant, on aurait tort de se contenter d’une explication qui voudrait en réduire l’origine au pangolin ou à la chauve-souris, à un simple hasard de l’évolution. Comme nous allons le voir, cette crise trouve ses racines profondes dans les logiques propres à un mode de production qui détruit la planète et pille ses ressources, un mode de production qui influence les deux variables de l’équation : il augmente à la fois le risque de phénomène naturel extrême et la vulnérabilité de millions de personnes à ces phénomènes.
Pour tenter de préserver un tant soit peu de crédibilité, nos dirigeants sont prêts à jouer le rôle que les circonstances exigent. Les citations présentées en début d’article sont issues respectivement du discours de Macron du 12 mars 2020 et d’un discours de Sarkozy en septembre 2008, en pleine crise des subprimes. Oui, notre caste politique fera de nouveaux discours assurant avoir tiré toutes les leçons de cette crise. Oui, ils feront de nouvelles promesses. Nous ne devrons y accorder aucun crédit. L’économie va entrer en récession. Pour préserver les intérêts de la classe dirigeante, l’argent public va ruisseler à flots dans les hautes sphères de la société, “quoi qu’il en coûte”. Cette argent ne nous est pas destiné. Dans les suites immédiates de cette crise, voire dès maintenant, ils chercheront à nous faire payer la facture. Quels que soient leurs discours, ils poursuivront dans les faits leur besogne de privatisations, de coupes budgétaires, de dégradation de nos conditions de vie et de travail. Cette perspective doit encourager les communistes à poursuivre avec d’autant plus de vigueur la tâche qu’ils se sont fixée : armer notre classe d’un programme révolutionnaire. Pour réellement mettre fin à la folie du système capitaliste, il n’y a pas d’autres remèdes.
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