Trickle-Down Economics peut se traduire par “théorie du ruissellement”
La classe ouvrière crée les richesses …
Qui en profite ?
Faut-il mieux les répartir ? et comment ?
Dans le système capitaliste, ces richesses sont accaparées par 1% des plus riches au détriment des 99% restants.
Des hommes se sont appropriés trop de richesses pendant que d’autres en manquent cruellement.
Il suffirait donc d’imposer une meilleure répartition de ces richesses afin que la société devienne plus heureuse et plus stable, comme le prétendent ces utopistes d’un monde capitaliste plus humain, qui se disent anti-capitalistes ou plutôt alter-capitalistes.
Cette idée est illusoire et réformiste au stade actuel du capitalisme.
Comprendre les lois de l’économie afin de trouver quelles sont les capacités des hommes à agir sur le système social en place et parfois le combattre, c’est ce qu’à privilégié Marx plutôt qu’à partir des aspirations des hommes, vouloir tenter de construire dans sa tête un fonctionnement qui serait plus agréable aux yeux des individus.
Dans ses travaux, Marx va développer l’idée que l’économie est fondée sur des systèmes dans lesquels la distribution n’est pas un élément à part mais un élément de la chaîne et que l’élément clef qui détermine ce système n’est pas la distribution mais le mode de production de ces richesses.
Les choix politiques constatés depuis quelques années, à savoir les éléments de programme qui figurent de façon implicite ou explicite dans les organisations qui affichent une volonté de transformation sociale en “rupture” avec l’ensemble des conditions d’exploitation du système capitaliste, se réfèrent presque systématiquement au concept de meilleure répartition des richesses. Sur un plan immédiat, les citoyens reçoivent généralement très favorablement cette proposition et ce, d’autant plus facilement que la plupart des statistiques mettent en évidence des écarts grandissants de revenus et de patrimoines et, au-delà, des inégalités sociales et économiques caractéristiques de l’évolution du capitalisme. Et sans même parler de statistiques, ces inégalités, nous les subissons au quotidien. Pourtant, à y regarder de plus près, un programme qui se limite à des mesures améliorant la répartition des richesses nous mène à une impasse.
L’histoire est marquée de luttes sociales et/ou politiques au cours desquelles des mouvements de masse ont imposés aux dirigeants du système capitaliste des changements quantitatifs dans la répartition des richesses. Ces épisodes sont plus ou moins connus, certains sont des repères historiques incontournables comme, en France les acquis de1936, 1945 et 1968. Mais n’oublions pas les luttes syndicales, dont beaucoup sont passées sous silence, qui contribuent à obtenirpour certaines catégories une part un peu plus importante de ce que l’on appelle communément la valeur ajoutée ou, plus prosaïquement, au moins ne pas en perdre. Par ailleurs, les choix opérés par l’Etat constituent également un levier dans la structuration et la répartition de la richesse produite mais seulement sur un plan correcteur. Le caractère temporaire et aléatoire de ce qui est évoqué ci-dessus ne doit toutefois pas nous échapper car le fondement même des ravages du système capitaliste, est de nature à reprendre et à remettre en cause des conquis sociaux gagnés de hautes luttes. C’est pourquoi les communistes défendent un programme visant une transformation qualitative de la répartition des richesses, en transformant la nature même du mode de production de ces richesses : le système capitaliste.
Petit rappel de l’histoire :
Tout ce qui peut-être rattaché à cette idée de meilleure répartition s’intègre d’ailleurs assez bien à l’ensemble des théories économiques dites classiques et néoclassiques que, dans un premier temps, Marx a évoqué dans sa “Critique de l’économie politique” et qu’ensuite les penseurs et analystes marxistes ont repris dans la période même où le capitalisme étendait son influence à l’échelle planétaire ( 1870-1914).
Faisons un lien rapide avec les théories de la répartition : celles-ci, qu’elles soient l’oeuvre de Ricardo ou de Smith, visent à légitimer l’existence et le développement du système capitaliste. Elles considèrent que la répartition liée aux différents facteurs de production (travail et capital) est à la fois inhérente au mode de production capitaliste, mais revêt surtout un caractère universel.
Au-delà des considérations et analyses théoriques sur la répartition, nous devons être interpellés quant aux fondements idéologiques de cette position qui devient un élément programmatique majeur.
Il y a là bien entendu, une erreur historique comme dit plus haut, quant à l’internationalisation du système capitaliste et un oubli des luttes de classe durant cette période, allant globalement de 1870 à 1940 où une revendication politique très forte s’est exprimée pour aller vers une abolition de ce système. Pourquoi aujourd’hui, cette revendication s’effacerait au prétexte d’une mondialisation qui constituerait un empêchement, voire une impossibilité d’inclure dans les objectifs de lutte et d’engager une dynamique politique visant à sa disparition ? Rien ne justifie cet effacement et aucune nouvelle clé de répartition, quels que soient ses contours, ne pourrait se substituer au processus de transformation sociale aboutissant à la transformation du mode de production des richesses.
Alors, peut-on réellement penser que le capitalisme prenant conscience que, pour survivre, il suffirait de quelques sacrifices sur ses profits pour :
- rendre les hommes heureux ?
- devenir plus moral ?
- moins corrompu ?
- moins dictatorial ?
- plus démocratique ?
- plus transparent ?
- moins accapareur de richesses ?
Croire en cette possibilité, c’est refuser de voir que le dynamisme même du capitalisme provient d’un appétit de profits sans aucune limite de la part des capitalistes sans lequel le capitalisme n’aurait pas révolutionné les techniques et les rapports sociaux, et transformé en profondeur la surface de la planète.
Aujourd’hui, la plupart des partis de gauche et des syndicats se réfèrent à un objectif intitulé « égalité et répartition des richesses entre tous » qui sonne comme « anticapitaliste » et très radical, mais que Marx qualifiait déjà comme la suite utopique du démocratisme bourgeois de la révolution française… Nous ne pouvons donc pas nous satisfaire d’un partage plus équitable des richesses, si celles-ci sont produites par un système prédateur qui ne respecte ni les personnes, ni les biens communs et accélère sans cesse la destruction de notre écosystème. Le moyen de remédier à ces inégalités passe par la fin de la propriété privée des grands moyens de production et d’échange et la mise de l’économie et des états sous la gestion démocratique des travailleurs au Nord comme au Sud.
Francis Crozier, PCF Alès