Rassemblement aux abords de la Gare de l’Est avant le départ – photo Reda Benchouchane
La fébrilité du gouvernement Macron – Philippe n’a pas été démentie. Selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur, les rues de France ont connu un début de mobilisation historique ce jeudi 5 décembre avec 800 000 manifestantEs (1,5 millions selon la CGT). À l’instar des mobilisations en régions, la mobilisation parisienne a vu défiler un nombre impressionnant de manifestantEs, puisque la CGT en a dénombré 250 000 en fin de journée.
Le rassemblement de départ s’est effectué à Gare de l’Est, et le nombre de manifestantEs était déjà très important puisque la distance entre Gare de l’Est et Place de la République (1,2 kilomètre sur une chaussée large d’environ 7,50 mètres) était remplie par les cortèges et les camions qui les accompagnaient. Les manifestantEs sont restéEs bloqués entre 14h, heure de départ de la manifestation, et 16h, parce qu’un incendie provoqué par des échauffourées entre manifestants autonomes et CRS a eu pour effet de faire annuler temporairement la manifestation. Mais vu le nombre pressant de personnes qui voulaient continuer à défiler, les CRS ont fini par laisser les cortèges se diriger vers la place de la Nation.
Parmi les cortèges présents, les pompiers ont fait forte impression en faisant exploser leurs pétards d’alerte. Ils manifestaient pour leurs retraites et aussi contre une mauvaise gestion de leurs interventions par leurs hiérarchies qui leur octroient des tâches qui normalement échoient aux services publics hospitaliers.
Des cortèges d’enseignantEs ont aussi rassemblé en nombre. Comme les pompiers, leurs mots d’ordre concernaient à la fois la dégradation des futures conditions de leurs départs en retraite et des motivations d’ordre plus général comme la mise en place d’une éducation à double vitesse et la baisse des moyens des établissements, ayant provoqué le suicide d’une directrice d’école à Pantin le 21 septembre dernier, Christine Renon.
Des policiers ont aussi défilé aux côtés des pompiers, inquiets pour leurs retraites et en colère contre une gestion humaine harassante dans les effectifs de la police.
Si les ministres de tutelle de l’Enseignement et de l’Intérieur ont tenté de rassurer les salariéEs leur étant respectivement rattachéEs, il semble que leurs arguments n’aient pas touché au moins pour les enseignantEs puisque leur mouvement a été reconduit.
Le défilé s’est terminé place de la Nation, sur un DJ Set préparé par le collectif “Justice et Vérité pour Adama”, sous un ballon Sud. Les CRS ont tenté de disperser dans la violence la manifestation mais les manifestantEs n’ont pas cédé à la provocation, et ont rejoint les nombreux cars qui les attendaient sur le cours de Vincennes.
La CGT a appelé à continuer la grève à partir de lundi, et le gouvernement est actuellement dans une position délicate car lui-même divisé sur la question de la réforme des retraites et fortement secoué depuis plus d’un an maintenant avec des contestations qui ne cessent de s’agréger. Le salariat est dans une position avantageuse pour remporter une victoire, s’il se dote de mots d’ordre suffisamment mobilisateurs et si les grévistes parviennent à tenir suffisamment longtemps.
Reda Benchouchane