JS-B, PCF 92
Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron aux manettes que ce soit à Bercy sous Hollande ou depuis son accession à l’Élysée, la répression contre les syndicalistes a pris une tournure particulièrement agressive et inquiétante.
En effet, les travailleur.e.s syndiqué.e.s ayant un mandat étaient réputé.e.s protégé.e.s. Et quand bien même une entreprise publique ou privée voulait pousser sa logique de licenciement ciblée et ayant fait tomber l’obstacle devenu frêle de l’inspection du travail, l’entreprise devait demander l’autorisation au Ministère qui généralement par calcul politique et selon le contexte refusait le licenciement.
La Poste durement touchée
Mais dès 2015 la politique a changé radicalement. Ce fut visible d’abord avec le cas Yann le Merrer, fonctionnaire de la poste syndiqué à SUD PTT et licencié ; une première depuis les années 50 selon les dires du syndicaliste. Ce licenciement a été une première fois retoqué par la justice administrative de Cergy en 2017 avant d’être de nouveau autorisé par la Cour d’Appel de Versailles en février 2019. En 2018, la même entreprise licencie Gaël Quirante, un autre syndicaliste secrétaire de SUD PTT allant même jusqu’à tenter par voie juridique de l’empêcher d’effectuer son mandat syndical ; cela s’est passé dans le même département que celui de Yann c’est à dire les Hauts-de-Seine, provoquant si l’on en croit les syndicalistes interrogés la plus longue grève qu’ait connue le pays depuis 1945, longue de quinze mois (463 jours).
Le week-end du 14-15 juin, la grève a connu un tournant dans la répression, puisque la Poste a fait entrer la Police dans la boucle répressive et après une occupation de la direction de la Poste a provoqué les brèves arrestations et gardes à vue de Gaël et d’une membre du comité de soutien à la grève, et d’un journaliste reporter d’images. De plus, durant cette grève qui a dévié sur la lutte contre les suppressions de postes, un autre syndicaliste de SUD PTT a vu sa demande de licenciement refusée par le ministère.
La SNCF, le nouveau France Télécom et entreprise rapace
À la SNCF aussi, l’ère de la répression syndicale est arrivée. L’objectif est de se venger de la grève de l’an dernier contre le pacte ferroviaire et de détruire des équipes syndicales combatives. Ainsi ces derniers temps ce ne sont pas moins de 3 syndicalistes de SUD Rail dont deux en Île-de-France, Éric Bézou, Linda Zerhdy, et Yannick D. (son nom de famille reste non divulgué à la demande de l’intéressé) qui ont pour seul tort d’avoir lutté pour leurs droits, tout cela dans un contexte morbide où les cas de suicides ont explosé et ont dépassé en moins d’un an ceux de France Télécom. Et où le procès des responsables dont le mode de management est à l’origine de ces suicides au travail bat son plein. Ces derniers sont en voie d’être licenciés avec l’accord de la ministre Muriel Pénicaud et ex-DRH de Danone, connue pour s’être enrichie sur le dos de près d’un millier de salarié.e.s licencié.e.s grâce à des plus-values boursières liées à ces suppressions d’emplois dans l’une des plus grandes entreprises alimentaires du monde.
Eric Bezou (Sud Rail) à la sortie de son conseil de discipline le 24 mai 2019 (prise d’images JS-B, montage RB)
Dans le même temps l’entreprise publique au millier de filiales met plus d’argent sur la route à travers Keolis, entreprise de transport public en concurrence directe avec le ferroviaire de transport de passagers ou encore Geodis transport de marchandises par la route…. détruisant le service public du fret SNCF et là aussi la répression est à l’œuvre avec le concours de la police n’hésitant pas à harceler les militants comme c’est le cas à Gennevilliers, alors même qu’il ne se passe pas un mois sans accident grave de travail, dans des conditions indignes. Ce ne sont pas moins de 4 délégués CGT qui sont menacés de licenciement en plus de la demi-douzaine de salariés dont certains dépassent les 10 ans d’ancienneté !
Refusons cette politique de la peur et ripostons. De façon unitaire et coordonnée !