Hier, le 52ème congrès confédéral s’ouvrait.
Les congrès sont toujours un moment important dans une organisation, d’autant plus quand c’est une organisation de l’importance de la CGT !
Sur 5 jours les 938 délégué.es présent.es vont devoir faire le bilan des 3 années écoulées et avancer des orientations pour les 3 ans à venir.
Le champ des discussions devrait être très large, nous devrions analyser le monde tel qu’il est aujourd’hui, l’évolution du salariat et du monde du travail, notre capacité à mener les luttes, l’investissement des problématiques environnementales et internationales, notre organisation et sa structuration etc.
Ce premier jour est avant tout un lancement, le discours de Philippe Martinez était là pour l’ouvrir !
Ce congrès survient à un moment particulier pour la CGT, mais plus généralement pour la classe ouvrière.
L’intensification de la lutte des classes bouscule les organisations de ces mêmes classes.
La CGT, et par là même toute notre classe, va de défaite en défaite. Les luttes n’aboutissent pas.
Celles de 2016 contre la loi El Khomri, celle des cheminots, contre les ordonnances Macron ne menèrent nulle part malgré la mobilisation et la détermination d’une partie des militant.es.
Les élections professionnelles récentes ont fait perdre la place de 1ère organisation syndicale.
Et des mouvements se sont construits en-dehors du syndicalisme (Nuits debout et Gilets Jaunes).
Le portrait n’est pas très reluisant, et l’impact de la lutte, même la guerre, que mènent les capitalistes bouscule un certain « train-train » qui s’était installé quand le capitalisme pouvait se permettre quelques concessions pour calmer les salariés.
S’il est forcément compliqué d’ouvrir un congrès, le discours de notre secrétaire général a abordé quelques problématiques importantes mais il a éludé le décryptage de l’état du capitalisme à l’heure actuelle et les perspectives que ce système offre à l’humanité.
Si l’entrée en matière par l’international est une bonne chose, force est de constater qu’elle n’a pas mis en perspective les contradictions propres au capitalisme, les forces internes qui le meuvent et qui s’opposent.
Parler des montées de l’extrême droite partout dans le monde n’est qu’un constat. Malheureusement il ne rentre pas dans les causes profondes de cette montée du nationalisme que sont la nécessité pour les capitalistes de chaque pays de défendre « son territoire » et donc son marché !
Sauf erreur de ma part, pas une seule fois le mot capitalisme ne fut employé ou si peu, que cela démontre qu’il est difficile dans un exercice d’équilibriste de satisfaire tout le monde. Mais surtout démontre que la dénonciation du système capitaliste en tant que tel n’est pas intégré pleinement au discours CGTiste actuel.
Certes Phillippe Martinez dénonce et démontre tous les méfaits du capitalisme (en mettant l’accent sur l’opposition capital/travail), mais ne nomme pas clairement notre ennemi !
Le reste du discours fut dans cette veine, les mouvements sont évoqués mais aucune analyse sérieuse n’est faite des échecs, même si certains questionnements sur les « journées saute-moutons » ou le caractère « plan plan » des manifs est posé.
Le mouvement des Gilets Jaunes est aussi questionné mais assez peu sur les implications qu’il pose sur l’institutionnalisation du syndicalisme, le fait que la CGT est , en partie, assimilée au système en place etc.
La problématique de notre organisation, de ses manques, de ses évolutions (notamment à la vue des pertes de temps syndical suite au CSE par exemple), du manque de vie dans les syndicats et même de la vie démocratique au sein des syndicats a été abordée, et cela est une bonne chose.
Pour autant ce discours laisse un goût fade, il est fait pour satisfaire tout le monde ou plutôt pour n’offusquer personne.
Reconnaissons que l’exercice est compliqué et que le secrétaire général ne peut pas en entrée de congrès décréter le résultat de celui-ci.
Mais il serait bon que dans les débats qui viennent les questions de fond soient au cœur du débat justement, que notre syndicat puisse avancer sur des questions cruciales que sont par exemple sommes-nous pour en finir avec le capitalisme ? Voulons-nous nous attaquer au cœur du système pour le détruire en mettant la question de la propriété des moyens de productions au cœur de nos revendications ? Comment nous en finissons avec une sorte de syndicalisme de salon ? Allons-nous avoir un discours et des actions qui nomment et agissent directement sur notre ennemi de classe ? Comment allons-nous construire un mouvement de masse qui s’attaque au cœur du système ?
Il est important que ce congrès pose des questions centrales et ne se noie pas dans des guéguerres d’égo, de places, de raccourcis entre choisir la FSM ou la CES.
Notre CGT ne pourra s’en sortir qu’en poussant la réflexion au bout, en mettant nos désaccords de fond sur la table, non pas pour se battre mais pour trancher car il serait dangereux de rester dans une sorte d’entre-deux qui ne mène nulle part ou plutôt si elle mène à la démotivation des militants, à l’essoufflement, à la satisfaction de quelques carriéristes, à la justification d’une bureaucratisation, à la possibilité pour certains de s’accommoder du capitalisme, bref qui laissera le champ libre aux capitalistes pour maintenir et développer leur pouvoir !
Pour autant on sent « pousser » des velléités de certaines fédérations ou certains secteurs, ainsi il y eu pléthore de candidats pour intégrer soit le bureau du congrès ou les commissions bien au-delà de ce qu’avait prévu la direction confédérale sortante.
Mais il est encore trop tôt pour savoir si ces pressions reposent sur une volonté de débattre du fond ou si des pseudo-désaccords sont avant tout utilisés pour servir les égos de certains…………
Malheureusement, pour beaucoup d’entre nous, il est difficile d’appréhender les positionnements politiques des uns et des autres car les congrès donnent souvent le sentiment que les débats se font ailleurs et que les positionnements sont décidés en petit comité en-dehors du regard et des oreilles des délégués !
Pour autant, je souhaite que ce congrès soit riche, fraternel car cela fait plaisir de voir autant de camarades motivés et combatifs ! Sachons débattre, même fermement, mais sachons aussi passer outre nos désaccord lorsque nous nous retrouverons à combattre.
Une chose est sûre, la classe ouvrière s’est forgée un outil magnifique, elle l’a payé au prix de la sueur, des larmes et du sang, cet outil peut être une arme redoutable contre le capitalisme.
A un moment où la planète elle-même ne supporte plus le capitalisme, l’avenir de l’humanité repose sur la capacité des organisations de notre classe à organiser la lutte et à en finir avec le capitalisme !
Nous tâcherons d’être dignes de cette tâche historique !
Vive la CGT !
Cet article n’a pas la prétention d’être un compte-rendu exhaustif de cette journée, il n’est que le sentiment qu’elle dégage chez un congressiste.