Selon Le Monde du 5 novembre « Macron mise sur les commémorations de la Grande Guerre pour se relancer » et multipliera des « gestes symboliques pour effacer son image de président des riches ». Il faudra bien plus que quelques cérémonies pour réparer l’effondrement de sa popularité depuis son arrivée au pouvoir, surtout que l’un de ses « gestes » les plus récents est d’annoncer l’augmentation des taxes sur les carburants. Après ses cadeaux fiscaux pour les riches et les capitalistes, voilà que le gouvernement augmente la charge fiscale pesant sur les ménages et sur tous les automobilistes. La taxation indirecte (sur des biens et des services) est la forme de taxation la plus injuste, parce qu’il frappe tous les consommateurs indépendamment de leur situation sociale et de leurs revenus. Pour faire plaisir aux riches Macron a supprimé l’ISF, et maintenant il cherche à augmenter les revenus de l’Etat en augmentant les taxes sur les carburants.
Tant que les réseaux de transport public seront aussi déficients, l’argument selon lequel il faut décourager l’utilisation des voitures en la punissant financièrement n’a aucun sens
L’argument « écologique » dont le gouvernement se sert pour justifier cette mesure ne tient pas debout. S’il faut réduire le nombre de véhicules sur les routes et la consommation des carburants (une nécessité sociale et économique évidente), il y a des moyens plus justes et plus efficaces pour y parvenir. Premièrement, il faudrait investir davantage dans les transports publics – et notamment dans le rail – pour mieux desservir les villes dans les provinces du pays, au lieu de fermer des gares et réduire la fréquence des trains, comme c’est le cas actuellement. Le coût des transports en commun pour l’usager ne devrait pas être plus que symbolique. Il faudrait aussi développer un véritable service d’autobus pour relier les villes de modeste taille et des villages de France, dont beaucoup n’ont aucun moyen de transport possible autre que la voiture. Les habitants de ces zones « oubliées » n’ont pas d’autre choix, alors pourquoi les punir ? Tant que les réseaux de transport public seront aussi déficients, l’argument selon lequel il faut décourager l’utilisation des voitures en la punissant financièrement n’a aucun sens. Ce n’est qu’une tentative de draper une nouvelle mesure socialement rétrograde dans une aura « progressiste ». Et s’il faut augmenter les revenus de l’Etat en provenance du secteur pétrolier, commençons par taxer davantage les grands groupes capitalistes de cette industrie, voire de les nationaliser pour que les immenses profits qu’ils réalisent deviennent des recettes publiques.
La journée d’action prévue pour le 17 novembre est une expression du ras-le-bol généralisé contre la hausse du coût de la vie. Les carburants sont un élément majeur dans la vie économique et sociale du pays. Les rendre plus chers affecte tout le monde. Les riches, bien sûr, ne remarqueront pas trop la différence. Mais pour les familles et les particuliers des milieux modestes ou pour des petits entrepreneurs, c’est déjà une ligne assez lourde dans leurs dépenses obligatoires.
Marine Le Pen cherchant à récupérer cette action populaire, la meilleure façon de l’y aider serait de s’en dissocier
Que l’on ne se laisse pas impressionner par la rumeur selon laquelle la journée du 17 novembre serait une initiative de l’extrême-droite.. Marine Le Pen cherchant à récupérer cette action populaire, la meilleure façon de l’y aider serait de s’en dissocier. Il s’agit d’une protestation légitime, sur une question qui touche l’immense majorité de la population. Mais quand l’extrême-droite s’intéresse à cette colère, c’est de la façon la plus opportuniste qui soit ! Elle prétend défendre les zones rurales (qui vont être particulièrement touchées par la hausse des taxes), mais où est-elle quand il faut défendre les services publics qui reculent les uns après les autres dans ces zones ? S’est-elle manifestée durant les mobilisations contre la réforme de la SNCF, qui au nom de la rentabilité capitaliste conduira à enclaver plus encore des régions entières du territoire français ?
En détruisant des solutions de transport alternatives et en faisant dans le même temps les poches des Français à la pompe, le gouvernement commet une injustice flagrante qui doit être dénoncée par les organisations des travailleurs, et ils ne doivent pas laisser le champ libre à nos adversaires pour instrumentaliser ces questions. C’est pourquoi nous avons intérêt – nous qui sommes au PCF, à la CGT etc. – d’y prendre part aussi activement que possible, en y apportant nos propres revendications et pour renforcer l’assise sociale de nos organisations.