Les grands exploiteurs sont tous atteints de la même maladie : ils n’en ont jamais assez. Lorsqu’on gagne, par exemple, 10 milliards de yens, soit 78 millions d’euros, en 5 ans, un être normal considérerait sans doute qu’il en a assez. Il se dirait qu’il est inutile de frauder les impôts étant donné que même après avoir payé ses impôts, il en resterait plein de l’argent !
Pourtant ce n’est pas le cas de Carlos Ghosn qui a « oublié » de déclarer 37 millions d’euros au Trésor Public du Japon. A l’heure où l’on écrit ses lignes, l’ampleur totale de la fraude n’est pas encore connue. Ce que l’on sait, cependant, c’est que notre exploiteur a utilisé les fonds propres de l’entreprise Nissan pour acquérir de somptueuses résidences privées aux quatre coins du monde.
Ne le jugeons pas trop sévèrement, pour autant. Certes, il est le patron le mieux payé de France en tant que patron de Renault avec un salaire de plus de 7 millions d’euros. Mais nous autres, simples salariés, nous n’avons pas idée de ce que peut coûter un jet privé ou même un yacht. C’est très dur la vie des riches, et il faut trouver plein de stratagèmes pour arrondir les fins de mois.
Déjà, en avril 2016, notre exploiteur avait dû trouver des astuces pour arriver à joindre les deux bouts. Il s’était déjà fait épingler par Macron pour son salaire trop élevé. Sur la chaîne LCP, Macron avait déclaré : « Quand des gouvernances sont défaillantes parce qu’elles pensent que tout est permis et qu’il n’y a plus de comportement en responsabilité et en éthique, on est obligé de réouvrir des sujets comme celui de la loi », promettant de légiférer si Carlos Ghosn ne diminuait pas son salaire. Bruno Le Maire avait rajouté : « J’ai dit très clairement à Monsieur Ghosn que nous ne pouvions pas voter pour un dirigeant qui avait des rémunérations aussi élevées ». Finalement, notre bon Carlos avait fait semblant d’accepter une baisse de 30 %… qui sera en réalité plutôt de l’ordre de 20%.
Mais notre exploiteur avait plus d’un tour dans son sac. En effet, pendant sa période de règne au sein de la multinationale, Carlos Ghosn s’est blindé en actions Renault dont la valeur a beaucoup augmenté ces dernières années. En 2017, il a gagné 6 millions d’euros en « stock-options ». En 2020, il gagnera 8 millions d’euros supplémentaires en revendant les 100 000 actions gratuitement obtenues en 2016. En bref, en 2018 le patron de Renault-Nissan s’est pris un peu pour Icare et, à force de vouloir toujours plus, a finalement volé trop près du soleil. Rattrapé par la justice japonaise, espérons qu’il passera un bon moment à l’ombre !
Fabien Lecomte
PCF 28 et CGT 78