Comme tous ses prédécesseurs,, Macron promettait que sa présidence marquerait un changement majeur pour le pays. Reconnaissons que lui et son gouvernement ne ménagent pas leurs efforts pour imposer ces changements. Selon leur doctrine libérale, il faut libérer la société ce qui entraveraient sa prospérité, être « flexible » pour s’adapter à un monde du travail qui bouge et permettre aux entreprises de retrouver le chemin de la croissance. Au-delà des slogans, la première année de mise en application a donné une indication concrète de la nature de ce gouvernement. De multiples chantiers d’envergure ont été engagés, et cela se poursuivra dans les mois à venir.
La plus emblématique : la réforme du Code du Travail. Primauté des accords de branche, assouplissement des dispositifs de rupture de contrat, plafonnement des indemnités prud’homales… Macron prétend simplifier le Code du Travail, alors qu’il simplifie les protections et droits dont disposent les salariés, en les démolissant !
Comme tout serviteur zélé du capital, le gouvernement Macron ne pouvait faire l’impasse sur une offensive contre les services publics. La réforme de la SNCF est un cas d’école. Jeté à la vindicte populaire, les cheminots sont invités à sacrifier leur statut « privilégié » sur l’autel de la concurrence et de la rentabilité.
Les mesures fiscales engagées en 2018 ont également été nombreuses : hausse de la CSG, allègement de la fiscalité des plus riches par la transformation de l’ISF, gel du point d’indice des fonctionnaires, et la baisse des APL. Dans l’enseignement supérieur, la loi ORE a conduit à une importante résistance étudiante marquée par les blocages de facs. Le bilan de Parcoursup, la nouvelle plateforme qui devait tout régler ou presque, parle de lui-même : début septembre plus de 49 000 étudiants étaient toujours en attente d’admission dans un cursus, soit près d’un candidat sur douze !
On ne peut évidemment pas éluder le volet sécuritaire avec la loi antiterroriste. La surveillance et le contrôle des citoyens ont été renforcés et les perquisitions deviennent désormais des « visites domiciliaires » ! L’état d’urgence ne pouvant être indéfiniment maintenu, c’est un véritable « état d’urgence light » qui est institutionnalisé au sein de l’état de droit. La loi Asile et Immigration, en instituant notamment des contrôles dans les centres d’hébergement et en réduisant les possibilités de recours, mine le travail des associations et renforce la chasse aux migrants. Comme toujours l’instrumentalisation de la question migratoire à des fins politiques permet au pouvoir de rogner sur l’état de droit pour étoffer l’arsenal répressif. Petit à petit, l’institution judiciaire est mise à mal et son encadrement de l’appareil policier toujours plus remis en cause.
Il ne s’agit là que d’un bref éventail de l’action gouvernementale sur cette première année, mais elle illustre l’ampleur de l’offensive menée par les forces capitalistes pour soumettre à ses intérêts dans absolument tous les domaines.
Etudiants, fonctionnaires, salariés du privé, étudiants, militants syndicaux et associatifs… nul n’est épargné par le rouleau compresseur libéral. La résistance devra s’amplifier sur tous les fronts pour enrayer le processus de destruction des éléments de solidarité au sein d’une société du business qui n’accepte d’autre logique que le taux de rentabilité et le retour sur investissement. Réforme après réforme, le « modèle social français » est mis en pièces pour le plus grand bonheur des grands actionnaires et des spéculateurs qui voient un boulevard s’offrir à eux pour une exploitation accrue des forces productives. L’an II de Macron se poursuivra dans la même veine.
Ainsi devrait rapidement venir l’examen de la loi PACTE (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) portée par le ministre de l’économie Bruno Le Maire. L’idée mise en avant est que les contraintes (administratives, fiscales, juridiques…) pesant sur les entreprises nuisent à la croissance et aux performances des TPE et des PME. Tout élément considéré comme un frein à la circulation et à la concentration du capital doit être pointé du doigt et impitoyablement détruit. Mais la portée de ce projet de loi est bien plus large, puisqu’elle permettra également de préparer la privatisation d’entreprises publiques comme Aéroports de Paris, Engie ou encore la Française des Jeux.
Comme tous les gouvernements viscéralement hostiles aux travailleurs, Macron s’attaque au système des retraites. Le passage envisagé d’une retraite par répartition à une retraite par points est une véritable contre-révolution sur le plan idéologique. Nos droits à la retraite seraient désormais soumis à une série de critères dont le barème sera fixé par un souci de performance économique. Si dans un premier temps le déséquilibre entre l’utilité sociale et la valeur ajoutée économique ne devrait pas être trop accentué pour faire passer la pilule, celui-ci sera sans aucun doute révisé ensuite afin d’assujettir l’indemnisation des retraités à la performance des entreprises.
La réforme du marché du travail poursuit également son cours avec la reprise des discussions sur la réforme de l’assurance chômage et le financement des arrêts maladies.
Alors que l’instauration du prélèvement de l’impôt sur les revenus à la source permettra à l’Etat de faire des économies de personnel, la réforme prévoit de tripler les effectifs des contrôleurs de Pôle Emploi pour traquer les chômeurs récalcitrants. Quand on compare les dizaines de milliards de recettes subtilisées par l’évasion fiscale des plus aisés aux quelques milliards de la fraude concernant les prestations sociales par les plus démunis, la priorité est évidente !
L’ouverture des allocations chômage aux démissionnaires ainsi que la dégressivité des indemnisations ont pour objectif de fluidifier le marché du travail, de renforcer le caractère interchangeable de la marchandise force de travail.
Il suffit pour s’en convaincre de voir l’attitude de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, dont la carrière professionnelle est un modèle de dévotion aux intérêts capitalistes, à propos du financement des arrêts maladies. Alors que l’environnement concurrentiel et la pression du résultat imposée par les employeurs sont un facteur évident d’aggravation de la santé physique et psychologique des travailleurs, il paraitrait juste que les entreprises supporte une part de cette charge. Mais la ministre s’inquiète qu’une telle mesure écorne « l’image pro-business du gouvernement ». Nos très chers (€€€) capitalistes peuvent dormir tranquilles, ils disposent d’une servante zélée pour veiller sur leurs intérêts !
Macron n’ignore pas que la mise en application de ses desseins rencontrera une vive opposition, qu’elle s’exprime ouvertement ou non, parmi la population. C’est pourquoi il utilise sa communication pour imposer l’idée qu’il n’y a pas d’autres voies à suivre que celle de la soumission à un système libéral avide de profit et de parts de marché. Il se pose en rempart à l’extrême droite, au repli sur soi et à l’intolérance. Jupiter incarnerait à lui seul le progressisme, et tous ceux qui s’opposeraient à lui seraient de vils populistes menaçant la liberté. Entendons-nous : quand Macron parle de liberté, c’est celle d’exploiter les travailleurs, de les rendre corvéables à merci pour augmenter la rentabilité du capital.
L’émancipation des travailleurs, processus qui se poursuit depuis près de deux siècles maintenant, s’est construite petit à petit par des luttes qui ont permis d’améliorer les droits et les conditions de vie de la majorité de la population. Les fruits de ces luttes sont aujourd’hui menacés par une offensive implacable de la part de la classe capitaliste et de ses serviteurs au gouvernement. Plus que jamais, seules des mobilisations massives et une solidarité sans faille pourront mettre en échec l’action du gouvernement.
Jules B. PCF Paris 10