Les meilleurs exploiteurs ne se trouvent pas toujours dans les entreprises privées. Ils sont aussi parfois dans le secteur public. C’est ainsi que l’on peut trouver l’excellent bourreau d’emploi Daniel Chardenoux, à la direction de la CAF de Tarbes. Sa présentation pour le journal local tarbes-infos.com nous permet d’apprécier ses qualités et son importance : « En tant que directeur de la Caisse d’allocations familiales, je suis un homme de terrain, je suis habitué à travailler avec tous les maires du département et de toutes les sensibilités politiques. Je gère un budget de 220 millions d’euros. » Aussi en bon gestionnaire capitaliste, seul le chiffre compte et lorsqu’il faut restructurer une crèche, il n’hésite pas à dégraisser le mammouth. Après le départ à la retraite de l’ancienne directrice de la garderie pour enfants, aucun remplacement n’a été embauché. Pour faire tenir un budget, rien de tel que de ne pas remplacer les partants et de reporter la charge sur les employés existants. Tous les capitalistes savent cela.
Notre camarade Muriel se retrouve alors avec une double fonction, mais sans les formations nécessaires. Avec 16 ans d’ancienneté, elle se retrouve contrainte d’assumer le rôle de directrice intermittente – mais sans le salaire correspondant, bien sûr. Après un an à gérer les merdes, la surcharge de travail et la dégradation du service imposée par notre exploiteur, il licencie notre camarade Muriel pour « insuffisance professionnelle ». N’est-ce pas un bon « exploiteur du mois », pleinement digne de notre rubrique ? Je suis sûr que les patrons les plus pourris sont admiratifs de ce coup de maître.
La main sur le cœur et la larme à l’œil, notre exploiteur déclare : « Cette mesure individuelle a été difficile et délicate à prendre ». Puis, il dément, l’air outré, tout lien avec le projet de restructuration de la crèche. « Nous nous sommes engagés auprès des salariés : il n’y aura aucun licenciement lié à cette restructuration ». Mais c’est qu’il nous prendrait presque pour des cons !
Muriel travaille donc à la crèche depuis 16 ans. Ses évaluations annuelles mettent l’accent sur ses compétences et son professionnalisme. Elle est très appréciée par ses collègues, ainsi que par les parents et les partenaires avec lesquels elle travaille. Le projet de restructuration de la crèche est bien le seul élément pouvant expliquer son licenciement, sauf que ce n’est pas – ou pas encore – un motif de licenciement autorisé par la loi. Un jour, Macron réalisera peut-être ce rêve patronal. Mais pour le moment, ce n’est pas encore le cas. Il faut donc inventer une insuffisance. Et pour que cette insuffisance soit réaliste, on ne remplace pas le personnel : pas de directrice depuis un an, une collègue malade depuis un mois non remplacée, et bingo, le tour est joué.
Ceci était compté sans la CGT et le PCF 65, qui ont soutenu notre camarade contre le boucher Chardenoux. Ils étaient nombreux, ce 21 décembre 2017, à venir exprimer leur solidarité avec Muriel devant la CAF de Tarbes. Aussi tient-elle à ajouter : « Mais, ce que je veux dire surtout, c’est que j’aime mon métier. Je l’exerce depuis 16 ans avec passion et engagement ». Ces mots qui peuvent sembler banals sont en réalité d’une grande profondeur. Les salariés, en général, aiment leur travail et l’accomplissent avec passion. Ceux qui nous pourrissent la vie sont ceux qui, comme Daniel Chardenoux, ne se passionnent que pour les montants qui s’entassent dans leur porte-monnaie. Détruire la vie des gens ne lui pose aucun cas de conscience. Il faut nous débarrasser de toute urgence des personnages de ce genre qui démolissent le service public et qui mettent en danger la vie de nos enfants en ne donnant pas aux salariés les moyens nécessaires à leurs missions. Les camarades de la CGT et du PCF 65 ne lâcheront pas Muriel. Ils feront tout pour la défendre.
Fabien Lecomte, CGT 78 et PCF