Depuis le 2 novembre, soit depuis six semaines, le personnel de nettoyage des gares du réseau Paris-nord de la SNCF sont en grève. Leurs conditions de travail sont gravement mises en cause par le transfert du contrat de nettoyage des gares du réseau Paris Nord de la société SMP à celle d’ONET. Cette dernière n’était pas inconnue des salariés : elle a récemment été condamné pour harcèlement sexuel par les prud’hommes parisiens pour des faits commis, justement, à la Gare du Nord. Les salariés ont obtenu des concessions de la part de la direction, ce qui constitue une première victoire (maintien de salaire minimum, statut de manutention ferroviaire). Mais ils sont déterminés à poursuivre le combat jusqu’à satisfaction de l’ensemble de leurs revendications : hausse du panier repas à 4€ ; prime de vacances à 70 % ; annulation de la clause de mobilité les obligeant à se déplacer sur l’ensemble de l’Île-de-France et la transformation des CDD en CDI.
Après avoir fait appel à un médiateur qui n’est finalement jamais intervenu, la SNCF a fait appel aux forces de l’ordre, la nuit du 1er décembre pour nettoyer la gare de Saint-Denis à la place des grévistes. Un rassemblement de soutien a été organisé le lendemain soir, regroupant des dizaines de personnes dans le froid. Plusieurs salariés ont été suspendus et d’autres ont été convoqués pour un entretien préalable au licenciement.
Le monde du nettoyage est l’un des secteurs du salariat les plus précarisés. Les grandes entreprises du domaine puisent en effet dans un vivier quasi inépuisable de personnes dans un besoin extrême de travail. La majorité des travailleurs sont « issus de l’immigration » et souvent ne connaissent pas bien leurs droits. Ce sont souvent des femmes, mères de familles isolées et dans une situation administrative précaire. Soumis à une forte pression du patronat, ce dernier trouve aussi le moyen de corrompre certains syndicalistes, y compris de la CGT Nettoyage, en échange de petits avantages : promotion pour devenir chef, voiture de fonction, double salaire (aux noms de deux boîtes de nettoyage, etc.). En échange, la direction fait comprendre qu’elle attend une baisse « spontanée » du niveau des revendications. La fédération CGT-HPE (ainsi que la CNT SO) a dénoncé ces dérives à plusieurs reprises.
La sous-traitance permet aux grandes entreprises de baisser les coûts de la main-d’œuvre tout en se dédouanant de leurs responsabilités envers les salariés, notamment en excluant les délégués du personnel de ces secteurs et en cautionnant le sous-paiement de ses salariés. Les travailleurs comprennent bien que cette fragmentation les rend plus vulnérable. C’est pourquoi l’une de leurs revendications est celle de l’internalisation de la sous-traitance.
C’est dans ce contexte général, que deux grèves dans ce secteur, à l’origine parallèles, ont effectué un début de convergence, à l’hôtel Holiday Inn de la Gare de l’Est. Le 23 novembre dernier. Une centaine de manifestants, composée des grévistes et de leurs soutiens, ont dénoncé la sous-traitance dans le nettoyage. Que ce soit dans l’hôtellerie pour les uns ou dans le transport pour les autres, ils font face à la même stratégie patronale : diviser pour mieux régner et sous-traiter pour mieux exploiter. Ces grévistes montrent la voie aux salariés qui, bien que dépendant d’activités différentes, doivent comprendre que la source de leurs problèmes est commune. S’unir dans la lutte ne pourra que redoubler la capacité de résistance aux attaques patronales !
JSB, La Riposte, Paris.