Macron a de nouveau montré son mépris pour les travailleurs ce mercredi 4 octobre dernier, lors de sa visite de l’École d’application aux métiers des travaux publics, à Egleton. Ce n’est pas tant l’utilisation du mot « bordel » dont je parle, mais plutôt le fond du problème. Les journalistes s’arrêtent à ce mot, et se demande si un président devrait dire ce mot, qui risque, selon eux, de « dégrader l’image présidentielle », alors que d’autres pensent que cela montre au contraire « qu’il est proche des gens ». Bref, ils nous font un cours de vocabulaire et de son usage… mais le problème n’est pas là ! Et en plus les journalistes « arrangent » la réalité en laissant croire que ceux qui « foutaient le bordel » étaient les salariés de l’équipementier GM et S et, bien sûr, la CGT. Ils déforment la réalité !
Que s’est-il réellement passé ce mercredi après-midi ? Les élus de La Creuse et les salariés de GM et S avaient décidé de demander un rendez-vous à Macron, sachant qu’il venait à 140 Km de La Souterraine. Quelques jours avant la « présidence » avait refusé de les rencontrer et a proposé d’envoyer un secrétaire d’état à l’industrie. Les élus voulaient parler, certes, du cas de GM et S, mais aussi du développement des territoires ruraux. En effet, le cas GM et S met en lumière la désertification rurale, la pénurie d’emplois et une paupérisation des territoires. Alors, les élus et les salariés se sont rendus à Egleton pour se réunir et ont de nouveau demandé une rencontre avec Macron. Là encore, fin de non-recevoir. Les élus, une quarantaine en tout, ont donc décidé d’aller à la rencontre du président. Avec les salariés de GM et S, ils ont décidé de rejoindre le rassemblement de l’UD CGT de Corrèze qui avait été autorisé, mais à 500m du lieu de la visite présidentielle. Ils s’engagent dans une rue bouchée par les gendarmes mobiles. Avec l’aide des salariés de GM et S, ils parviennent a passer un premier barrage, mais une cohorte de gendarmes mobiles déboule, bloque la rue et empêche le passage des élus. Pour faire reculer tout le monde, les gendarmes mobiles utilisent envoient du gaz lacrymogène sur les écharpes tricolores !
Voilà la réalité de ce qui c’est passé mercredi, ceux qui ont « foutu le bordel » sont les élus qui voulaient une rencontre avec le président ! Les salariés de GM et S étaient bien sur présents, mais ceux qui étaient en tête du cortège étaient des maires, des conseillers départementaux, etc. Les gazés étaient bardés de leur écharpe tricolore, ce qui est censé signifier qu’ils représentent l’état dans leur commune ou dans leur département, etc. Pour Macron, on le sait, la démocratie n’est pas dans la rue. On lui demanderait dans ce cas là ce que la France fête le 14 Juillet, si ce n’est l’irruption de la démocratie dans la rue ! Les élus gazés sont censé représenter la démocratie dans les territoires. Et bien, on dirait que pour Macron, la démocratie locale ne vaut pas plus que celle de la rue !
En transformant la réalité, les médias tentent de sauver l’idée de démocratie. Ils ne veulent pas que les salariés comprennent que Macron n’en a cure de ceux qu’ils élisent, et qu’en fait la démocratie ne vaut que tant qu’elle ne gêne pas les capitalistes ! Quant aux salariés de GM et S, il est intéressant de voir la deuxième partie de la phrase de Macron. Pour lui, ils devraient « plutôt aller chercher du travail », notamment dans la fonderie d’Ussel, où ils pourraient bien se faire embaucher, selon lui.
On fera juste remarquer qu’entre Ussel et La Souterraine, il y a 140 km. pour deux heures de trajet – Eh oui ! Pas d’autoroute, ni de TGV , ni de métro – pour traverser le cœur du Limousin – et que cela donne raison aux élus qui dénoncent la perte d’emploi La Creuse. Car Ussel n’est pas La Creuse mais, en Corrèze. Sans doute que Macron, Creuse, Corrèze, c’est pareil. On est dans un trou perdu où vivent des illettrés cyniques et fainéants !
Mais y a-t-il du travail chez Constellium-Ussel ? Les salariés de GM et S, ont-ils les compétences requises pour ces postes ? GM et S est une entreprise industrielle métallurgique qui travaille sur des pièces d’automobile, l’usine Constellium-Ussel est une entreprise métallurgique travaillant dans le domaine de l’aéronautique ou du ferroviaire. Macron, qui croit que l’avenir de la France c’est la start-up et qui ne connait rien à la réalité du monde du travail, doit penser que c’est la même chose. Ils font des pièces métallurgiques, cela ne doit surement pas être compliqué de passer de l’auto à l’aéro ! Sauf que ces deux entreprises font des activités très différentes ! Constellium fabrique des pièces avec des alliages très particuliers et la compétence clé de l’usine est le moulage sur sable. Constellium est la seule entreprise de ce type en France et une des rares en Europe !
De l’aveu même du patron de Constellium seulement 4 ou 5 postes pourraient correspondre aux compétences de salariés de GM et S, où, rappelons-le, il y a 150 licenciés ! Alors où sont les emplois dont parle Macron ? Nulle part !
En voit dans la remarque de Macron tout son mépris pour les salariés et leurs compétences, son mépris des élus locaux, son mépris de tous ceux qui n’ont pas « réussi » d’après ses critères – être en costard-cravate et discuter dans des restaurants de luxe, avec des riches, pour savoir quelles entreprises il faut acheter ou vendre, et comment virer un maximum de salariés ! Macron n’a jamais produit la moindre richesse. Tout son parcours est marqué par le parasitisme, payé par nos impôts pour étudier, payé par les richesses que nous produisons pour être inspecteur des finances, puis dans une banque d’affaires et maintenant président. Alors, quelle richesse a-t-il produite ? Aucune, en 40 ans ! Il a toujours vécu sur le dos des autres. Et il nous méprise. Alors, il va falloir se débarrasser de ce guignol, de ce donneur de leçons arrogant. En attendant, nous soutenons la lutte des salariés de GM et S, et nous appelons à participer massivement aux grèves et manifestations !
Sylvain Roch, CGT 19