Le militant révolutionnaire et internationaliste James Connolly était l’un des dirigeants de l’insurrection de 1916, en Irlande. Grièvement blessé pendant les combats, il a dû être attaché à une chaise devant le peloton d’exécution qui lui a ôté la vie, le 12 mai 1916, dans la cour de la prison de Kilmainham. Connolly disait que les révolutionnaires étaient méprisés de leur vivant et adulés après leur mort. Pour ce qui est de son cas, le « folklore » irlandais le couvre de louanges et d’honneurs. Son portrait figure sur les tasses et cendriers vendus aux touristes. Dans la rue, on passe devant des statues érigées en son honneur et les politiciens de tous bords se servent de lui pour meubler leurs discours. Cependant, les idées et les principes qui ont guidé James Connolly tout au long de sa vie ne sont pas bien connus et sont souvent complètement déformées pour les vider de leur substance révolutionnaire.
James Connolly est né à Édimbourg, en Écosse, en 1868. Au moment de sa naissance, son père, un migrant d’origine irlandaise, était charretier, transportant des chargements de fumier. La toute première lutte du jeune James était contre la misère du foyer familial. A 11 ans, en toute illégalité, il se fait embaucher dans l’imprimerie du Evening News, jusqu’au jour où un inspecteur du travail découvre son âge. Passant d’un emploi précaire à l’autre et sans autre solution, il finit par s’enrôler dans le 1er Bataillon du Kings Liverpool Regiment. Considéré comme « irlandais » et peu fiable, le régiment est désarmé à plusieurs reprises lors des émeutes et soulèvements populaires, par peur que ses hommes passent du côté des insurgés. C’est sans doute dans ce régiment que le jeune homme (il n’a que 14 ans au moment de son enrôlement) commence à forger ses convictions politiques. Quand son bataillon est envoyé en Irlande, en 1882, il voit le pays natal de son père pour la première fois. La mission prend fin deux ans plus tard et son bataillon est renvoyé en Angleterre. Au même moment, son père, victime d’un accident, perd subitement son emploi. Il sera bientôt recasé comme surveillant de WC public, mais pas avant que son fils inquiet n’abandonne son régiment, dont la perte fortuite des registres lui évitera une arrestation pour désertion.
Connolly rejoint la Scottish Socialist Federation, dont son frère ainé était le secrétaire, et se familiarise avec les idées du socialisme. Il écrit des articles pour Justice, le journal marxiste de la Social Democratic Federation. Finalement, en 1896, désormais marié et avec trois filles à nourrir, il retourne en Irlande en organisateur du Dublin Socialist Club, dont le journal arborait la même phrase qui figurait en sous-titre de Révolutions de Paris pendant la Révolution française : « Les grands ne paraissent grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous ! » À peine arrivé à Dublin, Connolly fonde l’Irish Socialist Republican Party (IRSP) et publie un programme en dix points qui comprend l’expropriation des capitalistes et la transformation en propriété publique de la terre et des moyens de production, de distribution et d’échange. L’agriculture deviendrait « un service public, administré par des comités de gestion élus par les agriculteurs et responsables devant eux et devant la nation. »
Se jetant corps et âme dans son activité politique, Connolly n’échappe pas aux difficultés financières. La famille vit dans une seule pièce. Sa paie de « permanent » n’est versée que de façon irrégulière, ce qui l’oblige à travailler en même temps dans les chantiers navals ou comme correcteur-typographe. Quand il n’y a pas de travail, la famille hypothèque ses quelques possessions, et Connolly va à la bibliothèque pour lire ou pour écrire des articles. Il s’en prendaux socialistes anglais qui refusent de soutenir la lutte pour l’indépendance de l’Irlande, sous prétexte qu’elle alimente des « rivalités nationales ».
En 1898, la mauvaise récolte de pommes de terre menace le peuple irlandais, une fois de plus, de famine. Dans un texte intitulé Le droit à la vie et le droit à la propriété, Connolly appelle à la révolte : « …en 1847 notre peuple mourrait de faim par milliers, pendant que tous les bateaux quittant nos ports étaient chargés de nourriture. Le peuple irlandais aurait pu s’emparer de cette nourriture, de ce bétail et de ce blé […] et éviter la ruine du pays, mais ne l’a pas fait, croyant qu’agir de la sorte serait commettre un péché et craignant de perdre l’âme en essayant de préserver le corps. »
Connolly veut lancer son propre journal pour mieux construire l’IRSP, mais n’a pas d’argent. Quand il se rend en Écosse pour en trouver. James Kier Hardie, qui allait devenir le premier dirigeant du Parti Travailliste fondé par les syndicats britanniques en 1900, lui donne 50 livres, et en août 1898 Connolly imprime le premier numéro de Workers’ Republic. La réputation de Connolly comme orateur et théoricien du socialisme grandit. Il achète une petite presse pour imprimer le journal, pour lequel il est à la fois éditeur, écrivain, typographe, correcteur et imprimeur.
L’IRSP a mené une vaste agitation contre la guerre dite « des Boers » en Afrique du Sud, ce qui entraîne la deuxième arrestation de Connolly – la première était pour avoir organisé une protestation contre le jubilé de la reine Victoria. Cette fois-ci, la police ne l’enferme pas longtemps, mais quand il se rend au local du Workers’ Republic, il trouve que la presse est détruite. Il n’empêche que la campagne de l’IRSP contre la guerre a été une franche réussite. Les recruteurs de l’armée ne trouvaient pratiquement plus aucun volontaire à Dublin pour aller faire la guerre en Afrique.
Affilié à l’Internationale Socialiste, l’IRSP se situe clairement dans l’aile révolutionnaire de la social-démocratie européenne. Au congrès de l’Internationale en 1900, ses délégués font partie de l’opposition minoritaire au « millerandisme » en France. Le socialiste Millerand avait participé au même gouvernement que Galliffet, massacreur de la Commune de 1871, sous prétexte de vouloir « influencer » la politique gouvernementale.
Socialisme et religion
L’une des plus grandes contributions de James Connolly à l’héritage théorique du marxisme est la façon dont il a abordé la question de la religion d’un point de vue socialiste. Il faut garder à l’esprit qu’à son époque l’Église catholique avait une très forte emprise sur pratiquement tous les aspects de la vie sociale et morale de la société. Un propagandiste qui s’attaquait frontalement à la doctrine religieuse ou à l’Eglise ne ferait que dresser un mur entre le socialisme et le peuple. Connolly n’épargne pas les autorités religieuses. Dans ses textes et dans ses discours, il montre comment, à maintes reprises dans l’histoire, ils ont soutenu et encouragé les oppresseurs, menaçant les Irlandais qui résistaient d’excommunication et de mort. En même temps, Connolly explique que le christianisme primitif et de nombreux théologiens et saints personnages défendaient des idées et des principes communistes, qu’ils fustigeant la propriété privée et l’exploitation. De façon très habile et limpide, il oppose cette tradition chrétienne communiste aux mœurs et aux comportements des autorités religieuses. Il ne demande pas aux catholiques de renoncer à leur religion, il veut seulement les convaincre qu’elle ne devrait pas les empêcher de s’engager dans la lutte pour le socialisme.
Voici, par exemple, un extrait de son livre Le mouvement ouvrier, la nationalité et la religion, rédigé en réponse à une campagne de propagande orchestrée par l’Église catholique en Irlande dans le but de présenter les idées du socialisme comme une émanation du diable : « La doctrine socialiste nous enseigne que tous les hommes sont frères, que le même sang rouge d’une humanité commune coule dans les veines de toutes les races, [quelles que soient] les croyances, couleurs et nations, que les intérêts de tous les travailleurs sont partout identiques et que les guerres sont une abomination. N’est-ce pas aussi de la bonne doctrine catholique – la doctrine d’une église qui se vante d’être universelle ? Comment se fait-il, alors, qu’une doctrine qui serait haute et sainte lorsqu’elle est théorisée dans la bouche d’un catholique deviendrait vile et blasphème lorsqu’elle est mise en pratique par un socialiste ? Le socialiste ne cesse pas d’aimer son pays lorsqu’il s’efforce d’en faire la propriété commune de son peuple ; c’est plutôt qu’il fait preuve d’un plus grand amour du pays que ceux qui veulent perpétuer un système qui transforme la vaste majorité de son peuple en exilés et exclus, vivant sous la coupe des capitalistes et propriétaires terriens dans leur propre pays. »
La question nationale
Le nom de Connolly a été malhonnêtement « récupéré » par le mouvement nationaliste. Même l’IRA se réclamait de lui, pendant qu’elle massacrait des travailleurs dont le seul « crime » était d’être protestants. Or Connolly était contre le sectarisme et n’était pas nationaliste. Il était, au contraire, un internationaliste implacable. Certes, il voulait libérer l’Irlande de l’emprise impérialiste britannique, mais il considérait cette lutte comme étant indissociable de la lutte pour le socialisme. Il rejetait l’argument avancé par certains nationalistes selon lequel le socialisme ne pouvait être qu’une « étape ultérieure » qu’il ne fallait pas présenter comme un objectif immédiat. Lénine et Trotsky connaissaient et appréciaient les écrits et les prises de position de Connolly sur cette question. L’approche de Connolly coïncidait avec celle de Lénine concernant les nationalités opprimées sous le régime tsariste.
Cet extrait d’un article paru dans le journal Workers’ Republic, en 1899, montre comment Connolly tournait en dérision la politique des nationalistes : « Libérons l’Irlande ! Le propriétaire extorqueur, n’est-il pas aussi un Irlandais, alors pourquoi devrions-nous le haïr ? Ne disons rien contre notre frère, même quand il augmente notre loyer. Libérons l’Irlande ! Le capitaliste profiteur, qui nous vole les trois-quarts de notre travail, qui nous suce l’os jusqu’à la moelle lorsque nous sommes jeunes et nous jette dans la rue comme un outil cassé lorsque nous vieillissons prématurément à son service, n’est-il pas lui aussi un Irlandais ? Pourquoi devrions-nous penser du mal de lui ?
Libérons l’Irlande, dit le patriote qui ne veut pas toucher au socialisme. Ensemble, écrasons le Saxon brutal ! […] Et quand nous aurons écrasé le Saxon et libéré l’Irlande, demande le travailleur, que ferons-nous ? Oh, vous retournerez dans vos taudis, comme avant ! Sous le drapeau vert de l’Irlande, une armée sans cesse grandissante de chômeurs défilera sur la musique de Le jour de la Saint Patrick. Que la vie sera joyeuse par ces temps-là ! […]
Eh bien, mon ami, je suis aussi un Irlandais, mais je suis un peu plus logique. Le capitaliste, dis-je, est un parasite sur l’industrie […] La classe ouvrière est la victime de ce parasite, de cette sangsue humaine, et il y va de l’intérêt et du devoir de la classe ouvrière d’ôter cette classe parasitaire de la position qui lui permet de se nourrir des organes vitaux de sa proie. Organisons-nous, donc, pour affronter nos maîtres et détruire leur pouvoir. Organisons-nous pour briser leur emprise sur la société et leur pouvoir politique, pour leur arracher la terre et les usines où ils nous tiennent en esclaves. »
Aux Etats-Unis
En 1903, Connolly décide d’émigrer aux États-Unis. Sa famille le rejoint en 1904. C’est à cette époque que le mouvement syndicaliste des « Wobblies » (Industrial Workers of the World, IWW) a été créé. Connolly affirme que le syndicalisme industriel est « tout simplement la réalisation que les travailleurs sont les plus forts au point de la production, qu’ils ne disposent d’aucune autre force, et qu’en liant le mouvement révolutionnaire aux luttes quotidiennes dans les ateliers, dans les usines et dans les chantiers navals, cette force économique peut être organisée. L’organisation révolutionnaire que cela implique fournit la base de la République Socialiste future. »
L’internationalisme de Connolly n’est pas purement théorique ou sentimental. Il le met en pratique. Il organise une section des Wobblies à Newark dans le New Jersey. Il travaille pour un syndicat des travailleurs du bâtiment mais organise également les travailleurs des tramways, de l’habillement, ainsi que les dockers. Il participe à la campagne présidentielle du socialiste Eugène Debs et fait la connaissance d’autres grandes figures du mouvement ouvrier américain, dont William « Big Bill » Hayward. C’est pendant cette période d’activité intense qu’il achève son livre sur l’histoire du mouvement révolutionnaire en Irlande, Le peuple travailleur dans l’histoire irlandaise.
Retour en Irlande
Pendant ce temps, à Belfast au nord de l’Irlande, James Larkin avait créé l’Irish Transport and General Workers’ Union (ITGWU), unissant travailleurs protestants et catholiques dans une organisation syndicale commune malgré les tentatives des employeurs de se servir de la religion pour les diviser. Larkin est déjà en prison lorsque Connolly revient en Irlande en juillet 1910. S’installant à Belfast, il rejoint l’ITGWU et dirige la célèbre grève industrielle des jeunes ouvrières en octobre 1911.
En 1913 se produit l’un des plus grands épisodes de la lutte des classes dans l’histoire de l’Irlande. Le « lock-out de Dublin » est organisé par la Fédération des Employeurs, avec pour objectif la destruction de l’ITGWU. William Murphy, propriétaire des tramways et d’un groupe de presse important, a exigé que tous ses ouvriers quittent l’ITGWU sous peine de perdre leur emploi. Lorsque les travailleurs des tramways ont lancé une grève, 400 employeurs ont rejoint le « lock-out », refusant l’accès aux entreprises à quelques 25 000 travailleurs jusqu’à ce qu’ils démissionnent de l’ITGWU et s’engagent à ne jamais faire grève. Larkin et Connolly sont arrêtés. Larkin est condamné à sept mois de prison. C’est pendant ce conflit que se crée l’Irish Citizens’ Army, une sorte de Garde Rouge pour la protection des grévistes face aux attaques à main armée organisées par les employeurs et la police. La grève se poursuit jusqu’aux premiers mois de 1914.
À sa sortie de prison, Larkin part aux Etats-Unis pour collecter les fonds nécessaires à la reconstruction du mouvement. Connolly, lui, est devenu secrétaire général de l’ITGWU et commandant de l’Irish Citizens’ Army. Le début de la Première Guerre mondiale s’accompagne de l’effondrement de l’Internationale Socialiste, dont pratiquement toutes les directions nationales ont soutenu le carnage impérialiste. Mais Connolly, comme les Bolcheviks en Russie et Luxemburg et Liebknecht en Allemagne, s’est résolument opposé à la guerre. Quelques jours seulement après la déclaration de guerre, il explique la nécessité d’un soulèvement révolutionnaire pour « allumer la mèche d’une conflagration européenne qui ne s’éteindra pas avant que le dernier trône et la dernière servitude capitaliste ne soient brûlés dans le bûcher funéraire du dernier seigneur de guerre. »
Insurrection
Connolly sait qu’une telle insurrection ne peut se faire qu’en alliance avec l’aile la plus radicale de la milice nationaliste, les Irish Volunteers. Le mouvement s’était scindé en deux sur la question de la guerre. L’aile droite soutenait la guerre impérialiste. L’aile gauche, sous la direction de Padraic Pearse, s’y opposait. Pearse n’est pas un socialiste, mais se rapproche de plus en plus des idées de Connolly. C’est lui qui rédige la Proclamation de la République qui sera lue sur les marches du bureau de poste de Dublin, le 24 avril 1916, donnant ainsi le signal de l’insurrection. Le projet de l’insurrection mise sur la participation de la totalité des effectifs des Volunteers et de l’Irish Citizens’ Army. Mais le jour venu, les deux milices ne réunissent que 1 500 hommes en armes. La majorité des 12 000 Volunteers suivent la consigne de désistement donnée par certains de leurs chefs. Quant à l’Irish Citizens’ Army, elle ne mobilise que 220 miliciens. Au moment du déclenchement de l’insurrection, Connolly ne se fait pas d’illusions quant à son issue. Ce matin-là, en quittant le QG de l’ITWGU, il dit à son ami William O’Brien qu’ils partent pour mourir, tous les deux. O’Brien lui demande : « N’y a-t-il vraiment aucune chance de succès ? » Connolly lui répond : « Non. Aucune. »
Les combats dureront sept jours, jusqu’à la reddition des insurgés, le 30 avril. Quelques 1400 personnes seront tuées ou sérieusement blessées. 179 bâtiments du centre de Dublin seront complètement détruits. La justice militaire condamne 90 insurgés à la peine de mort. Des milliers d’autres sont incarcérés en Angleterre. Les exécutions commencent dès le 3 mai. Padraic Pearse est fusillé ce jour-là. Connolly, mourant de ses blessures gangrenées, est jugé dans son lit et, quelques jours plus tard, attaché à une chaise pour être fusillé.
L’insurrection irlandaise s’est donc soldée par une défaite terrible. Mais elle s’inscrit dans le processus de l’émergence du mouvement révolutionnaire international pendant la guerre. Le déroulement de l’insurrection et ses enseignements ont été étudiés et largement commentés par les internationalistes dans d’autres pays. Quelques mois avant l’éclatement de la révolution russe de 1917, Lénine écrivait :
« On ne peut parler de putsch, au sens scientifique du terme, que lorsque la tentative d’insurrection n’a rien révélé d’autre qu’un cercle de conspirateurs ou d’absurdes maniaques, et qu’elle n’a trouvé aucun écho dans les masses. Le mouvement national irlandais, qui a derrière lui des siècles d’existence […]s’est traduit par des batailles de rue auxquelles prirent part une partie de la petite bourgeoisie des villes, ainsi qu’une partie des ouvriers, après un long effort de propagande au sein des masses, après des manifestations, des interdictions de journaux, etc. Quiconque qualifie de putsch pareille insurrection est, ou bien le pire des réactionnaires, ou bien un doctrinaire absolument incapable de se représenter la révolution sociale comme un phénomène vivant.
Croire que la révolution sociale soit concevable sans insurrections des petites nations dans les colonies et en Europe, sans explosions révolutionnaires d’une partie de la petite bourgeoisie avec tous ses préjugés, sans mouvement des masses prolétariennes et semi-prolétariennes politiquement inconscientes contre le joug seigneurial, clérical, monarchique, national, etc., c’est répudier la révolution sociale. C’est s’imaginer qu’une armée prendra position en un lieu donné et dira « Nous sommes pour le socialisme », et qu’une autre, en un autre lieu, dira « Nous sommes pour l’impérialisme », et que ce sera alors la révolution sociale ! C’est seulement en procédant de ce point de vue pédant et ridicule qu’on pouvait qualifier injurieusement de « putsch » l’insurrection irlandaise. » […] Quiconque attend une révolution sociale « pure » ne la verra jamais. […] Le malheur des Irlandais est qu’ils se sont insurgés dans un moment inopportun, alors que l’insurrection du prolétariat européen n’était pas encore mûre. Le capitalisme n’est pas harmonieusement agencé au point que les diverses sources d’insurrection peuvent fusionner d’elles-mêmes et d’un seul coup, sans échecs et sans défaites. Au contraire, c’est précisément la diversité de temps, de forme et de lieu des insurrections qui est le plus sûr garant de l’ampleur et de la profondeur du mouvement général; ce n’est que par l’expérience acquise au cours de mouvements révolutionnaires inopportuns, isolés, fragmentaires et voués de ce fait à l’échec, que les masses acquerront de la pratique, s’instruiront, rassembleront leurs forces, reconnaîtront leurs véritables chefs, les prolétaires socialistes, et prépareront ainsi l’offensive générale … »
Tout au long de sa vie, Connolly a lutté contre le capitalisme et pour l’émancipation des travailleurs. Issu d’une famille ouvrière, il était lui-même ouvrier. Ni arriviste, ni opportuniste, il ne s’est jamais servi de la politique pour s’enrichir. Il ne cherchait pas les « bonnes places » qui fascinent la plupart des dirigeants de la « gauche » de nos jours, et pour lesquelles ils sont prêts à toutes les trahisons. Orateur, écrivain, théoricien marxiste, militant révolutionnaire, internationaliste, ses idées et son action méritent d’être sérieusement étudiées par tous ceux qui, à notre époque, sont engagés dans la lutte des classes, dans la lutte pour le socialisme.
Greg Oxley, PCF Paris 10
Il existe un excellent livre : James Connolly de Roger Faligot
Une partie de ses œuvres ont été traduites par des petites maisons d’éditions. Pas facile à trouver mais ça existe !!