Miné par une situation économique désastreuse, le Venezuela sombre chaque jour dans un chaos généralisé. Vivant au gré des pénuries et des rationnements de l’électricité et de l’eau, les services publics ne sont ouverts que deux jours par semaine, par ordre gouvernemental, et les centres commerciaux fonctionnent sans air conditionné.
L’approvisionnement en biens alimentaires est maintenant géré par l’armée, dans un pays qui importe 90% des biens de consommation. Les entreprises privées préfèrent détourner leur production vers des marchés plus lucratifs et faire de l’argent avec des produits dont les prix ne sont pas contrôlés. Le licenciement et la mise en prison de toute la direction de la chaîne de distribution gouvernementale Bicentenarios est un exemple parmi beaucoup d’autres du degré de corruption qui existe chez les profiteurs qui ont su dévier la révolution bolivarienne à leur propre avantage.
Ajoutez à cela la spéculation et la pénurie de monnaie de change (dollars), conséquence de la chute dramatique des prix du pétrole dans une économie vivant uniquement de la rente pétrolière, et vous avez tous les ingrédients de la tragédie qui s’annonce.
La bourgeoisie « bolivarienne » s’accroche au pouvoir, et l’oligarchie souhaite reprendre le contrôle du Venezuela. Capriles, le candidat malheureux de l’opposition qui a perdus deux élections présidentielles (une contre Chavez et l’autre contre Maduro) est à la manœuvre. Devenu l’unique dirigeant de l’opposition après l’arrestation de Leopoldo Lopez (qui avait fomenté des troubles lors de l’élection présidentielle précédente), Capriles Radonski appelle l’armée à renverser Maduro, arguant que si ce dernier ne veux pas organiser un référendum révocatoire, alors l’armée doit le démettre par la force.
Dans cette une situation très délicate pour le gouvernement, l’opposition a déposé 1,5 millions de signatures pour convoquer un référendum révocatoire, prévu dans la constitution bolivarienne. Cependant, le Conseil National Electoral (CNE) n’a pas encore validé les signatures, qui doivent être vérifiées avant de convoquer ou non le référendum.
Si le référendum n’est pas convoqué avant 2017 et même si Maduro est démis de ses fonctions à partir de cette date, c’est un gouvernement Chaviste qui assurerait la transition jusqu’aux élections présidentielles prévues pour 2018. Par contre, si le référendum révocatoire est convoqué avant la fin de l’année, alors les élections présidentielles auront lieu début 2017. Tout l’enjeu de la bataille politique tourne autour de cette question. Le gouvernement de Maduro joue la montre en espérant que 2017 sera l’année de la remontée tant attendue des cours pétroliers. Avec de l’argent frais, la pénurie se résorbera. Tel est, en tout cas, le calcul politique du pouvoir en place.
Cette stratégie à court terme, et finalement contre-révolutionnaire, des bourgeois « bolivariens », ne remet nullement en cause le modèle productiviste du Venezuela. Elle ne met pas en cause, non plus, la propriété privée des moyens de production. Elle enfonce le pouvoir dans une démarche de plus en plus autoritaire, alors que l’opposition capitaliste , elle, appelle ouvertement maintenant une guerre civile pour légitimer une intervention étrangère dans le but d’en finir avec la révolution.
A Miami, l’ancien « narcoprésident », Uribe, accompagné de la femme de Leopoldo Lopez, a récemment réclamé une intervention militaire contre le Venezuela afin d’en finir avec un gouvernement qui représente toujours et bien malgré lui l’espoir de la gauche latino-américaine. Les forces qui viennent de balayer les gouvernements d’Argentine et du Brésil, risquent de parvenir à leurs fins au Venezuela, également. La reprise en main de ces pays par la classe capitaliste latino-américaine, appuyée par les États-Unis, imposera une régression sociale sans précédents et des purges sanglantes dans les mouvements ouvriers. La gauche réformiste, qui n’ose pas aller jusqu’au bout dans la lutte contre le capitalisme, ainsi que la gangrène de la corruption et de l’argent de la drogue, a ouvert la voie à la contre-révolution et à la destruction de tout espoir de progrès social pour les masses du continent latino-américain. Des jours sombres s’annoncent pour le Venezuela. Par son incompétence et sa corruption, l’élite « bolivarienne » a déraillé la révolution et ouvert la perspective de l’instauration d’une dictature contre-révolutionnaire.
Bruno A. (PCF 95)