La publication du texte alternatif Ambition communiste pour un front de gauche populaire et citoyen (texte alternatif n°1) était assez surprenante. Signé notamment par Patrice Cohen-Seat, c’est un texte qui remet en cause l’option des « primaires ». Et pourtant, le même Patrice Cohen-Seat a défendu l’idée de « primaires populaires » dans L’Humanité du 4 février 2016, pour mettre « le choix des programmes et des stratégies entre les mains de citoyens ».
D’emblée ce texte proclame son accord avec de nombreux objectifs de la base commune proposée par le Conseil National, mais souhaite « une réelle transformation de notre organisation » (sans préciser laquelle) et s’inquiète principalement de la stratégie pour les élections présidentielles de 2017, au lieu de s’occuper en priorité du programme que nous, communistes, nous souhaitons proposer à notre classe sociale, pour ensuite définir notre stratégie.
Sur toutes les questions politiques et programmatiques les plus pressantes qui se posent – le programme économique et social du parti, la guerre et l’Etat d’urgence, l’Union Européenne, la démocratie interne – le texte de Cohen-Seat est tout aussi brumeux et évasif que Le Temps du commun. Par exemple, on retrouve dans ce texte la notion saugrenue que la « révolution numérique qui est train de réaliser » les idées de Marx. En effet, les auteurs laissent penser qu’il n’y a pas besoin d’une révolution, avec toute l’énergie que cela suppose pour notre classe, pour renverser le système capitaliste. Le « numérique » serait en train de mener cette révolution. Pour en finir avec le capitalisme, il suffirait « d’un développement continu des droits et des pouvoirs des citoyennes et des citoyens ». Cette position reprend les idées réformistes dont le Conseil National fait la promotion depuis longtemps. Selon cette vision des choses, l’évolution sociale fera que le capitalisme sera graduellement et paisiblement « dépassé ». Puisque la société évolue naturellement vers cette transformation, les communistes n’ont pas besoin d’une politique révolutionnaire dirigée contre la propriété capitaliste. Telle est la substance de la « théorie » des réformistes qui dirigent le parti.
L’objectif de « mettre fin à la propriété privée des grands moyens de production, d’échange et de financement, qui permet aux classes dominantes d’acheter comme une marchandise et d’exploiter le travail des autres » est évoqué, mais le texte ne considère pas que la propriété capitaliste constitue un obstacle à l’émancipation humaine. Cependant, le texte Ambition communiste se coupe aussitôt du seul moyen d’y parvenir en refusant d’utiliser l’État – et en l’occurrence, ce devrait être un État révolutionnaire dans les mains de notre classe sociale – pour diriger l’économie et l’orienter vers la satisfaction de nos besoins sociaux : « Au XXème siècle , les régimes de type soviétique ont substitué la toute-puissance de l’État sur l’économie à celle du capital : on est passé d’une forme d’aliénation à une autre ». N’ayant pas fait l’analyse de la dégénérescence de la révolution d’Octobre, les auteurs de ce texte attribuent une forme d’aliénation à des régimes soviétiques alors qu’il faudrait expliquer que l’URSS, après la mort de Lénine, n’était plus dirigée par des soviets de délégués démocratiquement élus, mais par une caste bureaucratique qui a progressivement installé sa domination dictatoriale sur tous les aspects de la vie du pays. Ce développement n’avait rien d’inéluctable. Il s’explique par les le sous-développement de l’économie et de la société que la révolution a hérité du tsarisme, et l’isolement du régime révolutionnaire, et ne nous permet pas de tirer la conclusion que la propriété publique finit toujours en des nouvelles formes d’oppression. La propriété publique de l’économie doit nécessairement être défendue et organisée par un État qui est lui-même sous le contrôle et la direction des travailleurs, mais les circonstances de l’époque ont fait qu’il n’était pas possible de maintenir la démocratie soviétique en URSS.
Selon le texte, « l’entreprise doit échapper à la dictature des actionnaires » mais n’échappe pas à « des apporteurs de capitaux publics et privés » qui partageraient le pouvoir de décisions. On ne nous dit pas quelle part s’approprieraient encore les capitalistes, ou « apporteurs de capitaux privés », mais « progressivement », nous assurent les auteurs, l’activité productive devrait « obéir aux règles que l’économie sociale et solidaire porte en germe ».
Ambition communiste évoque une « nouvelle révolution démocratique » tout en affirmant son attachement aux valeurs de notre Constitution et de la République mise en place par et pour la classe capitaliste. Ils souhaitent une VIe République – toujours capitaliste – qui accorderait un peu plus de droits aux salariés. Le passage d’une Ve à une VIe République ressemblera au passage de la IVe à la Ve République, c’est-à-dire que nous passerons d’une constitution capitaliste à une autre. N’est-ce pas, justement, un passage d’une forme d’aliénation – ou d’oppression – à une autre, qui a pourtant servi d’argument aux auteurs pour refuser l’abolition révolutionnaire du capitalisme et le passage à un État socialiste ?
Enfin, le texte présente les désastres écologiques comme des conséquences de l’activité humaine et veut y mettre fin en « faisant, par exemple de l’eau ou l’énergie des biens communs à placer hors marché ». Ce serait un progrès, mais il ne suffirait pas. Le système capitaliste exploite les ressources naturelles et détruit l’environnement pour faire un maximum de profits. La planification démocratique d’une économie libérée des capitalistes prendrait en compte le contexte écologique dans lequel nous souhaitons vivre. C’est toute l’économie qu’il faut arracher aux capitalistes.
En somme, sur tous les points essentiels, Ambition communiste pour un front de gauche populaire et citoyen défend la même politique réformiste que le texte de la direction du parti. Le seul point de désaccord concerne l’élection présidentielle. Ses auteurs refusent ce qu’ils acceptaient jusqu’à une date récente, à savoir l’organisation de « primaires ». Nous aussi, nous sommes hostiles aux « primaires ». Cependant, comme le texte du Conseil National, ce texte est très confus ou alors complètement silencieux sur les questions politiques de fond. Son contenu n’est pas à la hauteur de la réorientation politique dont le parti a besoin. Le texte alternatif Pour une politique communiste (n°2) répond à ce besoin. Les problèmes du PCF ne peuvent pas être réduits au seul problème des « primaires ».
Eric Jouen PCF 76
Ce texte sent le contre feu d’une partie du CN pour rafler une partie des votes des mecontents. La fracture est leur soutiens voilé a Melenchon, le reste est de la même eau, il est encore plus “drôle” de voir ce texte soutenu a mots couvert par les instances de “Revolution” le canard boiteux de la TMI en France. Enfin reformisme et sectarisme ont toujours representé les deux faces d’une même pièce…
Revolution soutien le texte 1 c’est une blague. vous avez les sources. Si tel est le cas, ils se discreditent