Venez, les maîtres de la guerre
Vous qui fabriquez les grands canons
Vous qui construisez les avions de la mort
Vous qui fabriquez les grosses bombesVous qui vous cachez derrière des murs
Vous qui vous cachez derrière des bureaux
Je veux seulement que vous sachiez
Que je vois à travers vos masquesVous qui n’avez jamais fait
Que construire pour détruire
Vous jouez avec mon monde
Comme si c’était votre petite choseVous mettez un fusil dans mes mains
Et vous vous cachez de ma vue
Et puis vous partez en courant
Quand les balles commencent à siffler.Masters of War Bob Dylan, 1963.
L a guerre et le terrorisme sont bien profitables. Alors que familles et amis pleurent les victimes des attentats, les capitalistes de l’industrie de l’armement se frottent les mains. Les ventes d’armes et les profits de tous les grands fabricants d’armes montent en flèche. Après les événements tragiques du 13 novembre, l’enthousiasme des spéculateurs était évident dès la première ouverture des grandes places boursières.
Les actions de Lockheed Martin, fabricant des missiles Hellfire [feu d’enfer] et des chasseurs-bombardiers F-35 ont immédiatement pris 3,5%. Les actions de Raytheon, qui fabrique les missiles Tomahawk utilisés en Irak, ont pris 4,1%. Northrop Grumman, fabricant d’avions bombardiers, a vu ses actions grimper de 4,4%. D’autres entreprises, comme General Dynamics (F-16) et Boeing (bombes de petit calibre et autres munitions) ont enregistré des hausses comparables. L’indice Dow Jones a fait un bond de 1,5%, et la société américaine Stifel, spécialiste des projets d’investissement et de montages financiers, a publié un communiqué débordant d’optimisme : « L’issue la plus probable [des attentats parisiens] sera, à notre avis, un soutien politique plus affirmé à des dépenses militaires plus importantes et une insistance sur des questions de terrorisme et de sécurité dans les discours politiques et électoraux en 2016, ce qui ne peut être qu’une bonne nouvelle pour l’industrie de l’armement. »
En France, les bulletins de conjoncture des fabricants d’armes affichent le même optimisme. Les ventes d’armes aux grands clients que sont l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Émirats Arabes Unis et d’autres dictatures s’envolent. Pour plaire à l’Arabie Saoudite – et lui vendre encore plus d’armes – la France durcit le ton contre l’Iran et soutien l’intervention militaire saoudienne au Yémen. Elle ferme les yeux sur des centaines d’exécutions au sabre et les femmes fouettées publiquement pour blasphème ou d’autres « crimes » d’un autre âge. Elle ferme les yeux aussi sur le financement saoudien de nombreuses armées dites « fondamentalistes » dans le monde. Que des civils meurent par centaines dans les frappes prétendument « chirurgicales », que des centaines de milliers de familles soient transformées en réfugiés désespérés, que la guerre généralisée sème la déstabilisation et le chaos dans tout le Moyen-Orient n’a pas d’importance aux yeux de ces marchands de la mort. A l’échelle mondiale, le montant des dépenses militaires avoisine les 200 000 milliards de dollars. La France occupe désormais la troisième place sur ce marché gigantesque.
On compte parmi les « avantages » des attentats terroristes le fait qu’ils aident les maîtres de la guerre à mobiliser l’opinion en faveur de leurs desseins, et à promouvoir le nationalisme. De cette façon, ils s’efforcent d’émousser la conscience de classe des travailleurs. Ils détournent l’attention d’autres problèmes. Pendant que le nombre de chômeurs augmente au rythme de plusieurs dizaines de milliers par mois, la « côte de popularité » du Président de la République fait un bond dans les sondages.