L e gouvernement, au plus bas dans les sondages depuis 2012, poursuit sa politique réactionnaire.
Sur le plan économique, il ne se distingue guère des « Républicains » (ex-UMP). Le combat contre la finance, considéré comme l’ennemi par François Hollande lors de sa campagne présidentielle de 2012, s’est transformé en combat contre les travailleurs. Sur tous les plans, les travailleurs sont attaqués et ce depuis le début, contre-réforme après contre-réforme.
Pour désarmer les travailleurs salariés qui luttent contre l’exploitation capitaliste, qui tentent de mettre en déroute les différents plans des capitalistes pour une rentabilité maximale (plans de compétitivité, restructurations, licenciements, fermetures d’usine …), il faut détruire les moyens qu’ils ont à leur disposition. Il est évident que dans une crise économique où le marché est en contraction et la croissance ralentie, la concurrence s’accentue. Cette situation met en évidence l’antagonisme d’intérêts entre les travailleurs, quels que soient les catégories socioprofessionnelles concernés, et les capitalistes, dont les revendications sont formulées par le MEDEF et la droite sur le plan politique.
Cette situation n’est ni plus ni moins que la lutte des classes, qu’on le veuille ou non, que l’on en soit conscient ou pas. Cette lutte des classes, la classe capitaliste en est consciente et mène le combat durement. Pour cela, elle peut compter sur le gouvernement qui légifère en sa faveur sous la pression du MEDEF.
Depuis le début, la stratégie de Hollande pour élaborer ses réformes est de mettre autour de la table des négociations les organisations patronales, en l’occurrence le MEDEF, et syndicats de salariés. Il prétend vouloir trouver un « compromis » entre, d’une part, l’intérêt des salariés et, d’autre part, l’intérêt du grand patronat et des actionnaires. Ainsi, François Hollande peut se targuer d’avancer dans le sens de l’intérêt général et de mettre en avant le « dialogue social ». Or ce que nous constatons est que dans chaque négociation, les réformes prennent pour bases les revendications du MEDEF, et non celles des syndicats de salariés, en particulier de la CGT. Le gouvernement conditionne les négociations sur les seules revendications du patronat et oriente la réforme à son seul profit en utilisant les syndicats des travailleurs pour donner une apparence de dialogue social.
Cela démontre de façon claire que le gouvernement et la direction du Parti Socialiste sont pleinement convertis au capitalisme, aux idées de la droite et du MEDEF. Ce n’est pas une surprise pour quiconque s’intéresse de façon sérieuse à la politique.
L’idée fondamentale du MEDEF est de présenter le travail comme un coût.
Le gouvernement s’exécute et a lancé une vaste campagne de propagande sur le « coût du travail ». L’objectif proclamé est de relancer la croissance et pour ce faire, dit-on, les entreprises doivent retrouver un taux de marge suffisant leur permettant d’investir. Dans un marché en contraction où la concurrence s’accentue, les entreprises doivent être compétitives, à savoir baisser les coûts de production pour faire face à la concurrence internationale. Les salariés et les quelques « protections » dont ils bénéficient, sont des freins à la compétitivité et ne permettent pas de relancer l’activité. Telle est la manière dont MEDEF et gouvernement nous présentent la situation.
Toutes les réformes menées ces dernières années n’ont pour but que de remplir cet objectif. Dernièrement, la loi Macron, casse les règles de protection des salariés, travail du dimanche, plafonnement des indemnités de licenciements, sabordage des prud’hommes et bien d’autres mesures néfastes. Au même moment se négociait la loi Rebsamen, ministre démissionnaire. Cette loi, n’obtenant aucune signature des organisations syndicales, est tout de même promulguée le 17 août. Le nom exact de la loi est la « loi relative au dialogue social et à l’emploi », s’attaque de façon frontale aux institutions représentatives du personnel (IRP).
Le soi-disant but de cette loi est de simplifier les IRP. Autrement dit, cette loi oblige à regrouper les différentes instances pour des entreprises de moins de 300 salariés en une seule appelée DUP (délégation unique du personnel). Jusqu’à aujourd’hui, il existait trois instances dans les entreprises : CE (comité d’entreprise), DP (délégués du personnel) et CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Avec cette loi, il y a aura fusion des CE et DP voire CHSCT. Pour les entreprises de 300 salariés et plus, cette fusion pourra se faire sur la base d’un accord majoritaire. Cette loi met en œuvre un certain nombre d’autres mesures que nous ne pouvons détailler ici. Mais l’idée fondamentale est d’affaiblir les IRP et d’une façon générale les moyens dont les salariés disposent pour se défendre face à l’arbitraire patronal sous prétexte d’une simplification. Pour le patronat cette loi fait d’une pierre deux coups. D’un côté, elle lui permet de ne pas avoir en face de lui une force de frappe légale et de l’autre elle engendre des économies. Moins de représentants du personnel signifie moins d’heures de délégation que l’employeur doit rémunérer.
Non content de s’attaquer aux piliers des acquis issus de la lutte de la classe ouvrière, c’est le Code du Travail qui est désormais la cible concrète à court terme du patronat. Gattaz, patron du MEDEF, veut déroger au Code du Travail : « le Code du Travail est contraignant, il faut préférer l’accord d’entreprise ou à défaut l’accord de branche ». Il est évident qu’en portant un coup aux syndicats, en affaiblissant les plus coriaces, le patronat aura un meilleur rapport de force dans les entreprises, lui permettant de mettre en place des accords qui seront autant de reculs sociaux pour les salariés. Il faut rajouter à toutes ces mesures réactionnaires, la négociation sur les retraites complémentaires AGIRC et ARRCO obligeant les salariés à cotiser une année de plus pour ne pas subir une décote, soit une baisse de 10% des pensions pendant trois ans si cette dernière année n’a pas été cotisée (travaillée). Cette nouvelle réforme pousse finalement l’âge de départ à la retraite à 63 ans. Une fracture s’opère entre les différentes organisations syndicales. D’un côté la CFDT qui accepte tous les reculs en signant les accords et qui à tous les niveaux capitule, et de l’autre la CGT qui occupe une position diamétralement opposée poussée par une base en voie de radicalisation.
Lois Macron et Rebsamen, destruction du Code du Travail, recul sur les retraites forment un tout.
Flexibilisation du marché du travail, destruction des moyens de résistance ; voilà les seules alternatives que nous offre ce gouvernement au service du capital. Dans cette crise économique, les capitalistes ont pour le moment l’ascendant sur les travailleurs, car ils bénéficient de tout l’appareil d’Etat. Toutes les réformes ont pour but de préserver l’intérêt du capital et pour conséquence d’accroître la précarité des travailleurs en supprimant leurs moyens de résistance. La situation économique et les antagonismes d’intérêts mènent à des expressions sporadiques de colère. Elles ne trouvent pas d’expression de masse dans les différentes journées d’action organisées par la CGT. Les syndicalistes, et en particulier ceux de la CGT, ne pourront accepter longtemps les attaques qu’ils subissent en permanence. Il leur faudra trouver les moyens de lutter, de contourner les réformes visant à affaiblir les IRP. L’application de ces lois va accélérer le processus de radicalisation qui s’opère à la base de la CGT. Il leur faudra trouver les moyens de lutter. Les militants de la CGT attendent de la direction confédérale une meilleure coordination et de vraies perspectives de lutte vers un objectif clair. Toutes les luttes syndicales prouvent toujours plus, chaque jour, que les capitalistes n’ont que faire de l’humanisme, du progrès social, de l’intérêt général. Seule importe la rentabilité. Les récents événements à Air France en sont un exemple parmi d’autres. La CGT s’est engagée dans des batailles qui entrent en confrontation directe avec l’idéologie dominante. Comme sur la question du temps de travail, par exemple. Alors que la CGT défend le passage aux 32 heures, le MEDEF, soutenu par Macron, voudrait abolir la limite du temps de travail (déclaration de ce dernier lors de l’université d’été du MEDEF). Il faut souligner ici que les revendications de progrès social ne pourront trouver de réponse durable qu’à la seule condition de briser la mainmise des capitalistes sur l’économie. Les capitalistes ne tolèrent plus aucune avancée, la seule façon de juguler la dégradation sociale est de mettre l’économie dans les mains de ceux qui créent les richesses. C’est le travail et les seuls travailleurs qui créent la richesse. L’objectif qui permettra d’ouvrir des perspectives est de mettre des entreprises sous le contrôle de ceux qui les font vivre et cela ne passera que par l’abolition de la propriété privée des moyens de production.
Gauthier Hordel
CGT 76