A Laon, un projet de création d’une hélistation était prévu depuis 2009. Cette hélistation devait être destinée à l’implantation de l’hélicoptère sanitaire de l’Aisne, ainsi que des locaux et installations du centre 15, du SAMU et du SMUR (il y avait même initialement le projet de déplacer l’hôpital existant). L’hélicoptère « dormait » dans la cour de l’hôpital en ville haute, très mal situé en termes d’accessibilité.
Dès le début, et particulièrement depuis la mise en place des ARS (2010), la CGT se bat sur ce dossier. En effet, peu après la mise en place des ARS, le projet d’hélistation ne devient plus possible, malgré la dépense de 5 millions d’euros et l’achèvement de la construction des locaux en 2011. L’ARS invoque des problèmes de normes pour justifier ce choix, mais cet alibi ne convainc personne. De plus, le bâtiment a été pensé exclusivement pour son utilisation en tant qu’hélistation du SAMU et peut très difficilement être reconverti, à moins de dépenser quelques autres millions d’euros.
La CGT remarque que la trésorerie donne des chiffres régulièrement changeants de déficit. Cette gymnastique budgétaire laisse penser que depuis 2011 l’ARS se sert de l’Aisne comme d’une tirelire pour réorienter l’argent ailleurs. Les camarades réclament donc l’équité pour le département.
La loi HPST (2009) a pour but de détruire le secteur public de la santé. Depuis sa promulgation, il n’y a plus de concertation locale comme autrefois, les ordres viennent directement du ministre via le directeur de l’ARS. Ainsi, il y a la volonté de fermer les hôpitaux du département (ou du moins les vider de leur substance) pour n’en favoriser que deux, Soissons et Saint Quentin (1), qui structureraient tout le territoire… et laisserait une part de lion au secteur privé.
La CGT entame donc un long combat et une campagne d’information sur le sujet. En 2011, une lettre est envoyée au Canard enchainé qui interpelle Xavier Bertrand (2) et Yves Daudigny (alors Président du conseil général). Dans son analyse, la CGT démontre également que l’insécurité sociale, liée entre autres choses à la baisse de qualité et d’accessibilité aux soins, favorise l’explosion du vote FN que connait le département.
En septembre 2014, l’autorisation pour l’hélicoptère de se poser dans la cour de l’hôpital est remise en question. A terme, c’est l’existence de l’hélicoptère de l’Aisne qui est menacée. NHV, la société qui gère l’hélicoptère, affirme : « L’idéal serait l’hélistation de Semilly, mais les autorités ne veulent pas donner l’autorisation. Car c’est un endroit qui conviendrait, d’autant que le problème des lignes haute tension n’en est pas vraiment un. Ne pas utiliser cet endroit est un véritable gâchis financier alors que nous y avons tout ce qu’il faut pour fonctionner correctement ».
Selon Olivier Fenioux (CGT): « L’avantage d’une hélistation est de pouvoir écarter les risques en cas d’épidémie. Les locaux sont équipés d’un système de décontamination pour véhicules afin de ne pas contaminer l’hôpital de proximité. Le bâtiment nous offre également la possibilité de tester le matériel sur place, ce qui est aujourd’hui impossible à l’hôpital de Laon. Enfin, il nous offre également la possibilité de développer un nouveau système de prise en charge pour des interventions sur des éoliennes (dont le nombre augmente rapidement) en équipant l’hélicoptère d’un treuil. Le bâtiment de l’hélistation est adapté à la mise en place de formation spécifique pour ce genre d’équipement.» Il ajoute : « Le bâtiment ne peut avoir une autre destination, tout a été pensé pour en faire une hélistation. De plus, juste faire remonter les structures sur l’hôpital de Laon coûterait 2 millions d’euros d’argent public supplémentaire ».
Un événement dramatique illustre l’importance de l’hélistation. En 2013, lors de la paralysie des routes par la neige, les secours au sol ne purent intervenir et eurent besoin de l’hélicoptère pour secourir un homme. Les pales de l’hélicoptère étaient gelées puisqu’il avait passé la nuit dehors. L’engin resta donc à terre dans la cour de l’hôpital. La personne ne put donc être secourue et décéda sur la route. Les locaux chauffés de l’hélistation auraient pu éviter ce drame.
L’an 2012 marque une première victoire avec l’installation du Centre d’enseignement des soins d’urgence. En 2013, la direction générale de l’Aviation civile affirme que la station est bien opérationnelle depuis 2011.
La société NHV se rend compte que la position de la CGT n’est pas partisane et en novembre 2014 un de ses pilotes se pose sur la piste de l’hélistation, démontrant ainsi que l’opération était possible comme l’affirmaient les syndicalistes. L’hélicoptère peut donc alors se poser sur l’hélistation… mais les équipes et le matériel restent à l’hôpital, ce qui augmente considérablement le temps de prise en charge.
Le syndicat maintient son action et finalement, en juillet 2015, les autorités compétentes autorisent enfin la mise en service l’hélistation de Laon-Semilly. (3)
Le long combat sans résignation de la CGT, ainsi que divers calculs politiques inavoués de la part de « décideurs » à l’approche des élections, a pu sauver un projet qui était voué à mourir lentement depuis 2011. Ce combat est un exemple formateur : qu’importe l’utilité et la nécessité d’un projet pour toute une population, c’est toujours l’intérêt de la classe capitaliste qui prime. Les réformes de l’UMP (Xavier Bertrand, Roselyne Bachelot) qui ont donné naissance à l’ARS et à la loi HPST n’ont pour but que de favoriser le secteur privé et une marchandisation de la santé. Dans l’Aisne, le combat a été gagné ! Dans d’autres départements, les syndicats essuient parfois des défaites. Partout en France, les Hôpitaux sont menacés à l’instar de l’Hôpital Bichat à Paris. Il est nécessaire que le maintien d’une offre de soins ne soit pas conditionné par les luttes locales ou les stratégies politiciennes du moment, mais qu’elle soit une réponse à l’intérêt général. Cette logique humaniste de l’intérêt général n’est pas compatible avec le capitalisme, il est donc dans l’intérêt général de rompre avec celui-ci.
Jean-François Garcia
PCF Laon