Depuis sa volte-face au lendemain du référendum, Tsipras s’est engagé à appliquer la politique d’austérité draconienne voulue par Merkel et les dirigeants de l’Union Européenne.
L’opposition de nombreux députés de Syriza privait Tsipras d’une base parlementaire suffisante pour exécuter les ordres de Merkel. Tsipras a purgé les ministres qui s’opposaient à cette capitulation. Sa démission et l’organisation de nouvelles élections en Grèce visent à lever les obstacles parlementaires au pillage du pays dans l’intérêt des grands groupes bancaires et industriels européens. Dans ces conditions, la scission de Syriza était sans doute inévitable. Un nouveau parti, Unité Populaire, s’est formé autour des anciens dirigeants de l’aile gauche de Syriza, dont notamment Panayotis Lafazanis.
Les conséquences de la politique adoptée par Tsipras sont ruineuses pour les travailleurs et, à vrai dire, pour pratiquement tous les Grecs à l’exception de ceux qui appartiennent à la classe capitaliste. Elle comprend un vaste programme de privatisations portant sur 50 milliards d’euros (dont la moitié servira à renflouer les banques grecques), une hausse significative de la TVA et d’autres taxes, une très forte réduction des dépenses publiques et sociales, une réforme repoussant l’âge de la retraite à 67 ans, de nouvelles lois facilitant des licenciements « collectifs », la restriction des droits syndicaux et du droit de grève et la remise en cause des conventions collectives. A cette terrible régression sociale s’ajoute une véritable humiliation nationale, puisque la gestion de la politique budgétaire de la Grèce est placée sous le contrôle de la bureaucratie européenne, elle-même sous le contrôle effectif du gouvernement allemand. Au moindre écart susceptible d’agacer les créanciers, l’Union Européenne dispose d’un arsenal de mesures punitives qui provoqueraient un effondrement total et immédiat de l’économie nationale.
Les 86 milliards d’euros obtenus que Tsipras brandit comme un grand acquis servent essentiellement à remplir les coffres des créanciers capitalistes, dont notamment les banques allemandes et françaises. Ils ne permettent aucune amélioration de la situation faite aux travailleurs, laquelle ne cesse de se dégrader. Ils aggravent en même temps la dette nationale. Pendant les « plans d’aide » successifs accordés à la Grèce depuis 2010, le taux d’endettement du pays a augmenté massivement, passant de 125% à 185% du PIB.
La victoire de Syriza aux élections du 25 janvier dernier a été accueillie avec enthousiasme par les militants du mouvement ouvrier de toute l’Europe.
Ce jour-là, Tsipras avait déclaré : « Aujourd’hui, nous avons mis fin à l’austérité. » Mais ce n’était pas le cas. La régression sociale, en Grèce comme ailleurs, est le produit non seulement de politiques gouvernementales, mais aussi et surtout de l’incapacité du système capitaliste de notre époque à se maintenir autrement que par l’imposition de cette régression. Les marchés sont saturés ou en contraction. Les Etats, les entreprises et les ménages sont massivement surendettés. Au lieu de pouvoir stimuler l’activité économique en y injectant des liquidités, les Etats réduisent les budgets, alourdissent la fiscalité et s’efforcent par tous les moyens, avec les capitalistes, de détruire toutes les conquêtes sociales du passé, afin de payer leurs dettes – qui ne cessent d’augmenter pour autant ! Voilà ce qui se passe en France et dans pratiquement tous les pays européens – mais les pays du sud de l’Europe sont les plus durement touchés. La Grèce n’est donc que le cas le plus extrême d’un problème continental. Ce qu’elle vit aujourd’hui, d’autres pays – dont l’Espagne et l’Italie – le connaîtront demain !
La réalité du capitalisme européen à notre époque est que les profits des capitalistes ne peuvent être assurés qu’en exerçant une pression permanente sur les conditions de travail et de vie des travailleurs.
Tous les gouvernements qui défendent ou qui acceptent ce système sont contraints, indépendamment de leurs intentions initiales, de mettre leur politique en conformité avec cette réalité. L’évolution du gouvernement de Tsipras confirme cette analyse. Au-delà de la rhétorique – contre l’austérité, pour la justice sociale, et ainsi de suite – Syriza avait besoin d’un programme d’action susceptible de briser le carcan du système capitaliste. Mais il ne l’avait pas. Toute sa politique était fondée sur la possibilité de parvenir à un compromis avec les grandes puissances européennes, l’Allemagne en tête, et, bien sûr, avec l’oligarchie grecque. Elle était fondée sur l’idée non seulement que l’Union Européenne permettrait au gouvernement de mener une politique de réformes sociales diamétralement opposées à ses intérêts, mais aussi qu’il lui faciliterait la tâche en lui fournissant le financement nécessaire ! C’était une illusion qui n’a pas longtemps résisté à la réalité.
De fait, la BCE est sous le contrôle de l’Allemagne, qui est la première puissance industrielle et financière de l’Union Européenne. L’Allemagne exporte entre 35 et 40% de sa production. Aucune autre puissance mondiale n’est à ce niveau. La Chine en est à 30%, par exemple. L’importance des exportations allemandes est un facteur de grande vulnérabilité. Tout ce qui remettrait en cause le volume de ces exportations ou la valeur de ses avoirs internationaux menacerait directement les fondements mêmes de l’économie nationale de l’Allemagne. Dans ces conditions, la politique des gouvernements européens et la gestion de la BCE et de l’euro sont des enjeux absolument vitaux pour le capitalisme allemand, des enjeux sur lesquels il ne peut jamais céder. Son gouvernement ne laissera personne – certainement pas la Grèce, mais la France non plus – infléchir la politique monétaire dans un sens contraire à ses intérêts. Les « négociations » ne menaient nulle part. Elles n’étaient que chantages et menaces.
Face à l’impasse, le gouvernement grec a décidé d’organiser un référendum.
Varoufakis pensait que le référendum serait perdu et dit que Tsipras était dans la même idée. Quoiqu’il en soit, le référendum a massivement rejeté le chantage de Merkel. Ce résultat aurait pu être le point de départ d’une offensive révolutionnaire en Grèce, avec la mobilisation des travailleurs pour prendre le contrôle des banques et des grandes entreprises qui dominent la Grèce et pour décréter l’annulation unilatérale de la dette, jetant ainsi les fondements d’une Grèce socialiste. Une telle offensive, allant de pair avec un appel en direction des travailleurs de tout le continent, y compris les travailleurs allemands, aurait permis de jeter Merkel sur la défensive et aurait donné une forte impulsion aux mouvements contre l’austérité à travers l’Europe. Mais Tsipras a demandé aux travailleurs grecs de rester calmes et, comme nous le savons maintenant de plusieurs sources, dont Varouflakis, a opté pour la reddition totale le soir même du référendum. Il a fait comprendre à Varouflakis que sa présence était gênante aux yeux des Allemands. Ainsi, l’Allemagne a pu choisir non seulement ses propres négociateurs, mais aussi ceux de la partie adverse ! Des concessions majeures ont été faites à Merkel, en plus de celles qui avaient déjà été rejetées comme inacceptables par le référendum. Pour faire adopter les premiers volets de cette politique réactionnaire, Tsipras s’est appuyé sur les députés de droite et du PASOK au parlement, pour mettre les députés qui étaient contre l’austérité, dont de nombreux députés de son propre parti, en minorité.
La date fixée pour la nouvelle élection ne laisse que peu de temps à Unité Populaire pour se mettre en ordre de marche.
On peut difficilement prévoir le score que le parti obtiendra. En toute probabilité, Tsipras, qui représente désormais le « centre » pro-capitaliste et pro-austérité de l’échiquier politique, essayera d’obtenir assez de voix pour former une coalition avec le PASOK et divers partis de droite. Unité Populaire prendra une partie de l’électorat de Syriza. Lafazanis prône une sortie de l’eurozone. Une offensive révolutionnaire signifierait d’emblée une rupture avec l’Union Européenne. Mais une sortie de l’eurozone en dehors d’une telle offensive ne résoudrait rien. Il est possible que le KKE progresse lors du scrutin. En même temps, la déception profonde provoquée par la volte-face de Tsipras et le sentiment d’humiliation et d’asservissement par une Union Européenne ne peuvent que favoriser le développement du nationalisme et renforcer les organisations fascistes. Dans les forces armées, certains généraux et officiers se mettront à comploter pour mettre fin au chaos. A terme, un coup d’Etat militaire est tout à fait possible en Grèce. Ce ne serait pas la première fois. Les perspectives qui se dessinent pour la Grèce sont chargées de possibilités révolutionnaires, certes, mais aussi contre-révolutionnaires.
L’évolution du gouvernement grec est dictée par la faillite du réformisme dans les conditions de notre époque. Le point de départ d’une politique réformiste est que le programme du mouvement ouvrier doit s’accommoder d’un ordre social dans lequel l’essentiel du pouvoir économique est entre les mains des capitalistes, et ce à une époque où les intérêts vitaux des capitalistes exigent la destruction de toutes les conquêtes sociales. C’est une politique illusoire, inapplicable. La trahison lui est inhérente.
Greg Oxley, PCF Paris 10
Pierre Laurent le secrétaire du PCF SOUTIENT CETTE POLITIQUE DE SOUMISSION AU CAPITAL EUROP2EN ET DONC POUR L4aLLEMAGNE ET CONTRE LE PEUPLE FRAN9AIS.
La capitulation de Tsipras a permis au capitalisme allemand de racheter une grande partie de la Grèce, aérodromes et les ports ceci avec les chinois, ainsi le peuple aujourd’hui se trouve dépouillé de tous les biens publics.