Précarité et pressions dans la grande distribution
Le chômage de masse est un fléau non seulement pour ceux qui sont directement concernés, mais aussi pour l’ensemble des travailleurs. C’est un immense avantage pour les employeurs. En effet, il tend à intimider les salariés et limite l’ampleur des mouvements revendicatifs. Le but des employeurs n’est pas d’embaucher. Au contraire, c’est de faire tourner leurs entreprises avec un nombre de salariés réduit au strict minimum.
Parmi les secteurs où l’acharnement des employeurs est à son comble, il y a celui de la grande distribution. Quelques grandes chaînes seulement dominent le secteur. Plus de 70% des biens de consommation courante passent par les rayons des grandes surfaces, qui emploient directement plus de 600 000 salariés. Pour beaucoup d’entre eux, c’est l’enfermement dans des CDD à répétition, des contrats aidés et d’autres formes d’emplois précaires. Chez Carrefour, par exemple, 12 000 postes ont été supprimés en trois ans. La proportion de CDI diminue d’année en année. Les salaires sont rarement au dessus du SMIC. Les patrons de la grande distribution, comme George Plassat, PDG de Carrefour (avec son salaire annuel de 3,5 millions d’euros), veulent presser la force de travail pour extraire, de chaque minute, de chaque heure de travail un rendement aussi élevé que possible. Cette pression, les salariés la vivent au quotidien, en termes de dégradation des conditions de travail et des rémunérations, mais aussi sur le plan « moral » et psychologique. Elle devient parfois insupportable. Au mois de juin dernier, le suicide d’un employé de Lidl à Aix-en-Provence, à la suite de pressions sur son lieu de travail, a mis un coup de projecteur sur la réalité des grandes surfaces.
C’est que les supermarchés sont en concurrence entre eux et, à l’intérieur de chaque supermarché, les travailleurs – majoritairement, en fait, des travailleuses – sont mis en concurrence eux aussi. Les prix sont « discount » et les conditions de travail le sont aussi. Pour les caissières, par exemple, l’introduction des technologies comme les scanners réduit au minimum les « temps morts » et permet d’assurer les encaissements avec moins de personnel. Une caissière de grande surface manipule en moyenne trois tonnes de produits en huit heures et tourne la tête 9000 fois. La pénibilité de cette posture entraîne chez les salariés des troubles musculo-squelettiques qui occasionnent un million de jours d’arrêt maladie par an pour l’ensemble du secteur. Chez Lidl, on fixe des objectifs pour le nombre d’articles scannés par minute ainsi que de chiffre d’affaires. Un chronomètre enregistre les performances de chaque caissière. Dépressions, maladies professionnelles et accidents de travail sont très fréquents.
Dans ces conditions, les syndicats ont fort à faire pour défendre les salariés. La précarité et la crainte de perdre son emploi ne favorisent pas l’engagement syndical et les luttes. Des grèves sporadiques ont eu lieu dans ce secteur au cours de ces dernières années. Mais quelles sont les solutions ? Quel est notre programme ? Nous inscrivons dans le nôtre la nationalisation de tout le secteur de la grande distribution alimentaire. La mise en vente des articles de consommation devrait être un service public. Les immenses profits engrangés par les capitalistes pouvaient servir, dans ce cas, à l’amélioration des conditions de travail et des rémunérations du personnel, ainsi qu’à la baisse des prix. L’élimination de la concurrence coupe-gorge entre les grandes chaînes permettrait, en même temps – et moyennant l’extension du secteur nationalisé aux entreprises géantes de la production agro-alimentaire – une nette amélioration de la qualité des produits proposés. Et ce qui vaut pour l’alimentation vaut aussi pour le secteur de l’habillement, de l’ameublement, etc.
Tout en luttant pied à pied pour défendre les salariés de la grande distribution, dont l’activité touche directement ou indirectement, en tant que salariés ou en tant que consommateurs, tous les travailleurs de France, le PCF et l’ensemble du mouvement ouvrier ne devraient plus se cantonner à une approche purement défensive. Le système tout entier refoule les salariés en arrière, malgré luttes, pétitions et protestations. Apprenons donc à traiter le mal à sa source. Nationalisation, réorganisation, démocratisation !
Greg Oxley PCF Paris 10.