A priori, nous pourrions penser que le sort réservé aux travailleurs est meilleur dans une entreprise dite d’« insertion » telle qu’Apivet (Association pour l’insertion par le vêtement), entreprise d’insertion de traitement et de revente de vêtements créée par le Secours Catholique , que dans une entreprise classique lambda. Selon ses créateurs, on y prépare des travailleurs fragilisés à se réinsérer dans la vie active. Ainsi peut-on lire sur leur site : l’objectif est : « d’accueillir et accompagner des personnes en situation d’exclusion pour construire et finaliser un parcours d’insertion socioprofessionnelle durable. »
Mais s’il faut en croire la philosophie de son Président Georges Emeriau, une fois les travailleurs solidifiés, il faut les jeter comme des chiens afin de leur montrer comment se comportent les entreprises classiques.
Ainsi Christine, 60 ans, secrétaire comptable pendant 10 ans chez Apivet, a pu constater qu’un chef d’entreprise, que celle-ci soit « d’insertion » ou « classique », est constitué du même bois. Pourtant, selon notre camarade : « Tout se passait bien. Je n’ai jamais eu de reproche. Mon travail était reconnu par le cabinet d’expertise comptable. Je n’avais aucun problème relationnel avec les bénévoles ». Mais brusquement tout va être bouleversé avec l’arrivée d’une nouvelle directrice dans son secteur en 2010. Les relations changent du jour au lendemain, quand le beau-frère de Christine va effectuer des travaux pour la directrice puis se brouille avec cette dernière. L’histoire va alors mal tourner. Incapable de faire la différence entre Christine et son beau-frère, les relations entre les deux femmes se dégradent et notre exploiteuse en chef ne s’adresse plus à Christine que par « Post-it » interposés.
Un climat détestable s’installe dans l’entreprise d’insertion et Christine commence à en pâtir. Se sentant déconsidérée, elle développe une grande souffrance au travail. Son médecin l’arrête un mois pour cause de dépression. Cependant, dès la fin de l’arrêt maladie, sa directrice la contacte, non pour prendre des nouvelles mais pour l’inviter à rester chez elle ou plutôt la licencier pour absence injustifiée. Christine refuse. Qu’à cela ne tienne, en février 2011, notre camarade reçoit une lettre pour un entretien préalable à licenciement pour « insuffisance professionnelle ». Après 10 ans d’ancienneté, sans aucun avertissement ou autre sanction disciplinaire, l’entreprise d’insertion qui « donne la priorité au social » licencie sans aucun état d’âme Christine à 56 ans. L’affaire passe alors devant les Prud’hommes et, le 21 mars 2015, le tribunal juge que le licenciement s’avère être « sans cause réelle et sérieuse ». Apivet est condamnée à verser 18 000€ de dommages et intérêts à la salariée pour licenciement abusif.
Pourquoi est-ce Georges Emeriau, président d’Apivet, qui reçoit alors le badge d’exploiteur du mois alors qu’il n’a rien à voir avec l’affaire et qu’il n’était pas encore président du groupe à cette époque ? Et bien, il le mérite largement pour ses propos tenus concernant cette affaire : « Nous avons été condamnés à payer à peine le quart de ce que réclamait la plaignante. » dit-il victorieux, « Je n’étais pas président à l’époque, mais j’étais pleinement solidaire de la décision. Notre entreprise a un rôle social évident, mais elle se doit de gérer au mieux pour assurer sa pérennité. »
Pour lui, virer une femme proche de la retraite pour dépression n’est pas une action inhumaine et brutale mais une affaire relevant de pérennité de l’entreprise. Non seulement ce Monsieur Emeriau est trop stupide pour comprendre la leçon que lui ont donnée les prud’hommes, mais en plus on voit que sa philosophie personnelle n’a rien à faire dans une entreprise d’insertion dont il ne comprend même pas l’objectif. Nous lui décernons la palme de l’exploiteur du mois et nous encourageons l’ensemble des camarades à fuir Apivet comme la peste.
Fabien Lecomte
comportement typique d’un entrepreneur normal……ils sont des miliers à se comporter ainsi,si ce n’est la totalité…..