L’objectif fondamental des communistes est de rassembler les travailleurs – indépendamment de leur nationalité, leur langue, leur couleur ou leurs idées religieuses – dans une lutte commune contre le capitalisme. La lutte contre le racisme occupe une place importante dans notre action. Mais sur quelles bases faut-il mener cette lutte ? Au cours de la dernière période, et particulièrement depuis les attentats du mois de janvier dernier, des militants bien intentionnés dénoncent ce qu’ils appellent l’« islamophobie ». Mais est-ce la bonne façon de poser le problème ?
Actuellement, il y a une montée du nationalisme dans tous les pays européens, sans exception. C’est le cas en Allemagne. C’est le cas en Grande-Bretagne. Et c’est le cas en France également, comme en témoignent les réserves sociales grandissantes du Front National. En grande partie, il s’agit d’une réaction contre l’Union Européenne qui n’est qu’une vaste machine bureaucratique au service des riches et des puissants. Mais le nationalisme n’est pas limité à celui des Etats. Il y a aussi une résurgence de la « question nationale » à l’intérieur de chaque Etat, comme c’est le cas chez les Catalans et les Basques en Espagne, chez les Ecossais en Grande Bretagne ou encore chez les Flamands en Belgique. La présence au sein de la population d’une part importante de personnes dont les racines culturelles, linguistiques et religieuses proviennent des anciennes colonies des puissances occidentales constitue, elle aussi, un prolongement de la question nationale. Dans le contexte économique et social actuel, et en l’absence d’une alternative sérieuse au capitalisme, la question nationale est une source de divisions et de tensions parmi les travailleurs.
Voyons la réalité sociale telle qu’elle est. Le capitalisme n’offre plus que la régression sociale permanente. La population « excédentaire », par rapport au marché du travail, est d’environ six millions de personnes. Les uns vont travailler. D’autres ne travailleront pas. Les uns pourront nourrir convenablement leurs enfants. D’autres pas. Le problème est là, et il n’a rien à voir avec une « phobie » vis-à-vis des musulmans. Les tensions raciales – comme la revendication de la fermeture des frontières et l’arrêt de l’immigration – sont, au fond, une question de survie, une question de « pain quotidien ». Prêcher contre les « phobies », c’est passer complètement à côté du vrai problème. Ceci n’est pas religieux, au fond. Il est social et économique. Dans le contexte actuel, rien ne pourra arrêter l’exacerbation les tensions « nationales » ou religieuses. La seule chose qui pourrait les contenir dans certaines limites et les empêcher de diviser les travailleurs entre eux de façon plus profonde et durable serait l’existence d’un mouvement ouvrier porteur d’un programme susceptible de régler la question du « pain quotidien » pour tous et prêt à se battre jusqu’au bout pour l’accomplir.
En réalité, la « communauté musulmane » n’existe pas vraiment. Certes, les travailleurs peuvent s’identifier à leur religion et sentir une certaine affinité culturelle avec ceux qui la partagent. Mais les musulmans, comme toutes les « communautés religieuses », sont divisés en classes aux intérêts inconciliables. De nombreux travailleurs musulmans sont en première ligne des combats syndicaux et politiques pour la cause de la classe ouvrière, luttant jour après jour contre des employeurs rapaces et sans scrupules. Ils constituent un élément important de ce que nous pourrions appeler le fleuron de notre classe. D’autres musulmans – tout comme, ne l’oublions jamais, de nombreux non musulmans – ont sombré dans une sorte de sous-classe désœuvrée et démoralisée et se laissent aller, pour certains d’entre eux, à la délinquance et à la criminalité. Enfin, il existe également des musulmans extrêmement riches et puissants, des capitalistes et exploiteurs qui ne reculent devant rien pour satisfaire leur soif de profits. Quelle est donc cette « communauté musulmane » que nous sommes censés défendre ? Elle n’existe pas. L’évocation de l’« islamophobie » ne fait que semer la confusion. Il n’a pas plus de sens que d’opposer le « monde musulman » à « l’occident ». Le PCF et le mouvement ouvrier s’opposent au racisme et expliquent les intérêts communs de tous face au capitalisme. Si un travailleur musulman est victime de discriminations racistes ou religieuses, nous le défendrons, non parce qu’il est musulman mais parce qu’il est un travailleur.
L’unité ne peut être sérieusement et solidement acquise que dans l’action, dans la lutte. Mais cette lutte, à son tour, ne peut être menée sérieusement qu’autour de grands objectifs. Si nous disons aux travailleurs qu’il serait bien qu’il y ait une « nouvelle répartition des richesses », que l’économie cesse de fonctionner dans le seul intérêt des capitalistes, que la BCE soit réformée, etc., ils ne verront pas concrètement ce que nous attendons d’eux. Les travailleurs n’ont absolument aucune prise sur ces problèmes et n’en auront jamais tant qu’ils ne s’empareront pas des moyens de production, des banques et de tous les autres piliers de l’économie. L’expropriation des capitalistes devrait être le but clairement affiché du PCF, de la CGT et de l’ensemble des organisations syndicales. Toutes les luttes immédiates devraient être reliées à cet objectif central. Nous ne pourrons pas réaliser ce programme sans les travailleurs, mais nous ne les aurons jamais avec nous si nous ne commençons pas par leur expliquer ce qui est nécessaire. Le PCF devrait se positionner comme le parti d’une rupture décisive avec l’ordre établi et se battre pour gagner les travailleurs à ce programme, quelles que soient leur couleur, leurs croyances religieuses, leur nationalité. Les difficultés de la période actuelle sont très largement dues au fait qu’aucune force sérieuse ne propose une alternative au capitalisme. Autour du PCF et de la CGT, nous pouvons et nous devons construire cette force !
Greg Oxley
PCF Paris 10
Bizarre, Vous aviez, il me semble, une position correcte sur la question du voile. On ne peut nier qu’il y ait en France une oppression spécifique des minorités d’origine musulmane. L’islamophobie existe et a pour but cette division des travailleurs que vous dénoncez a juste titre comme préjudiciable. Il y a dans les médias moult débats à propos des textes coraniques pour y déceler les traces d’un islamisme “radical” et terroriste, cette attitude est anti-marxiste et tout simplement anti-scientifique mais elle sert a alimenter le racisme si utile a la classe exploiteuse. ce n’est pas aux travailleurs de surveiller les frontières pour soi-disant empêcher la concurrence déloyale de salaires de misérables. A tel travail tel salaire quels que soient le sexe, l’origine ethnique ou la nationalité, c’est ce que doivent imposer les travailleurs. C’est du côté du judo qu’il faut regarder pour retourner contre lui la stratégie de l’ennemi. les travailleurs d’origine musulmane constituent potentiellement une composante essentielle de notre force sans laquelle aucune victoire ne se produira. Nous devons reconnaître les oppressions spécifiques et les dénoncer vigoureusement. cet article me fait penser à un texte de LO !