La commande de 24 avions de combat « Rafale » par le Qatar a donné lieu à des déclarations triomphantes de la part du Président de la République et de ses ministres. Ils passent sous silence le fait que, en ce moment même, le Qatar soutient et finance les milices djihadistes en guerre contre l’armée française au Mali. On sait que les soldats américains qui ont débarqué en France en 1944 étaient stupéfaits quand ils ont découvert que de grandes entreprises industrielles américaines figuraient parmi les fournisseurs de l’occupant nazi. Les soldats français qui risquent leur vie face aux djihadistes au Mali devraient réagir de la même façon quand ils voient que le « Chef des Armées » fait des affaires avec l’un des principaux bailleurs de fonds de l’ennemi.
Le Qatar est un pays extrêmement riche – ce qui ne l’empêche pas de traiter les ouvriers – souvent d’origine étrangère – du bâtiment et des sites industriels comme des esclaves. De nombreuses puissances occidentales, avec les Etats-Unis et la France en tête, cherchent à profiter au maximum des ressources financières colossales du régime sur place.
Le Qatar, comme son rival régional l’Arabie Saoudite, finance et appui des organisations terroristes à travers le monde, et ce depuis longtemps. Il constituait l’un des financiers le plus important d’Al-Nosra (rattaché à Al Qaïda) jusqu’à la scission intervenue dans cette organisation en avril 2013. Depuis cette scission, l’Arabie Saoudite a continué de soutenir Al-Nosra, mais le Qatar a soutenu les éléments qui ont rejoint « Etat Islamique ». L’Etat français a savamment profité des attentats en France au mois de janvier dernier pour orchestrer la campagne sur le thème de « Je suis Charlie », mais force est de constater que le gouvernement n’est pas trop « Charlie » quand il s’agit de faire des affaires avec des Etats aussi fortement impliqués dans le terrorisme international que le Qatar.
Les organisations armées fascistes comme « Etat Islamique » ne sont qu’autant de pions stratégiques des grandes puissances régionales et mondiales qui cherchent à agrandir leurs zones d’influence au détriment de leurs rivaux. Etat Islamique est une arme contre le « croissant chiite » (Iran, Syrie, sud de l’Irak, Hezbollah, etc.). Les Qataris ont lourdement financé les campagnes électorales qui avaient porté Morsi au pouvoir en Egypte ou encore le parti Ennahdha en Tunisie. Ils financent aussi le Hamas à Gaza. Ces différents « clients » sont ensuite mis en jeu dans la poursuite des intérêts stratégiques du Qatar, et dans l’obtention de marchés et d’opportunités d’investissement.
Hollande a accordé des exonérations fiscales très importantes aux capitalistes et détenteurs de plus-values immobilières originaires du Qatar, au point d’inciter la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale à demander des explications au gouvernement. Il faut croire que l’Etat français est lui aussi une « zone d’influence » du Qatar. Raison de plus pour ne pas tomber dans le panneau des opérations politico-médiatiques comme celle qui a été montée au mois de janvier dernier, et dont nous verrons sans doute d’autres exemples prochainement.
Greg Oxley
PCF Paris 10