Lundi 25 août au matin, le premier ministre Manuel Valls annonçait la démission de son gouvernement. Cela faisait suite à une déclaration du ministre de l’économie Arnaud Montebourg exprimant son refus de l’austérité, dictée selon lui par la droite allemande. Mardi au soir était nommé un nouveau gouvernement avec le même premier ministre et un ministre de l’économie issu de la finance internationale, celle-là même que le candidat François Hollande présentait comme son adversaire véritable lors de son discours du Bourget.
Emmanuel Macron est un jeune énarque devenu millionnaire suite à une juteuse opération financière qu’il a supervisée quand il travaillait pour la banque Rothschild en 2012. Financièrement à l’abri, il a décidé de se consacrer entièrement à la politique en intégrant l’équipe de l’Elysée dès le 15 mai 2012. Il a été à la fois secrétaire général adjoint de l’Elysée et conseiller économique de François Hollande avant de quitter ses fonctions au mois de juin 2014.
Sa nomination à la tête du ministère de l’économie a pour but de donner un signal positif au patronat. Celui-ci n’appréciait pas les projets réformistes d’Arnaud Montebourg, qui étaient soit dit en passant rapidement étouffés dans l’œuf par les interventions de l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault ou du ministre des finances Pierre Moscovici. En témoigne l’interdiction faite à Montebourg par Jean-Marc Ayrault de nationaliser partiellement Arcelor Mittal. En témoigne aussi le faible niveau des fonds alloués à la Banque Publique d’Investissement, créée par Arnaud Montebourg et sensée relancer l’économie par l’injection de capitaux dans les PME et les « secteurs innovants ». Le projet initial prévoyait 300 milliards d’euros, mais Pierre Moscovici l’a réduit à seulement 42 milliards.
Ainsi, ce faire-valoir réformiste à la politique ultra-capitaliste des deux premiers gouvernements du quinquennat de François Hollande a fini par être éliminé. Il est remplacé par un digne représentant de la technocratie à la française, un haut fonctionnaire de Bercy passé par la haute finance avant de revenir au service de l’état capitaliste. Il a occupé le poste de rapporteur général adjoint au sein de la commission Attali, celle-là même qui a permis de faciliter le travail le dimanche et les ruptures conventionnelles des contrats de travail. Dans le cadre de ses fonctions de conseiller économique du président de la république, il n’a fait que préconiser la continuation de la politique de Nicolas Sarkozy mais sous un autre nom.
C’est dans cette optique qu’a été prise la décision de ponctionner les dépenses de l’état de 50 milliards d’euros d’ici 2017. Cette casse sociale est menée par un « conseil stratégique de la dépense publique », tout comme la même mesure était menée sous Nicolas Sarkozy par un « comité de modernisation des politiques publiques ». A chaque fois, l’organisme est en théorie dirigé par le président de la république, mais dans les faits c’est le secrétaire général de l’Elysée qui mène la barque. Par ailleurs, l’objectif est le même : tailler dans les dépenses sociales et le budget des collectivités territoriales. Enfin, la mise en œuvre est confiée au cabinet de conseil McKinsey, le même que sous Nicolas Sarkozy.
L’un des directeurs du cabinet de conseil est d’ailleurs l’ami personnel d’Emmanuel Macron. Karim Tadjeddine fait partie du think-tank pro-capitaliste « En temps réel », tout comme Emmanuel Macron.
Avec une telle équipe aux commandes de l’état, le mouvement ouvrier aura fort à faire dans les mois à venir. Sous ce nouveau gouvernement, la politique d’austérité sera aggravée. Plus que jamais, le mouvement ouvrier a besoin d’une stratégie de lutte collective contre la politique du gouvernement et du patronat, une stratégie qui passe à l’offensive contre le système capitaliste.
Quand on voit la déclaration d’amour faite par Valls au MEDEF, on comprend où va le gouvernement.
Il accommodait déjà le patronat, maintenant il va carrément lui servir tous nos acquis sur un plateau!
La CGT et le PCF doivent organiser la riposte et la lutte contre ce gouvernement et ceux qui le dirige: le MEDEF!
Fraternellement
ROCH