Ce matin les cheminots grévistes de la Corrèze se sont invités auprès de M. Bernard Combes, Maire PS de Tulle, et accessoirement conseiller spécial du Président pour la Corrèze.
Dès l’arrivée de M. Combes le ton était donné : en voulant serrer les mains de plus de 200 cheminots grévistes, un de ceux-ci refusa en lui rétorquant « on en a vu des gars, ici (Tulle étant la ville qui a vu « naître » politiquement Hollande), qui nous serrait la main avec un sourire et on voit ce qu’ils sont devenus et ce qu’ils nous font ! ».
Si M. Combes recevait les cheminots dans la salle des mariages en espérant célébrer l’union entre le pouvoir socialiste et les salariés, il ne put que constater un divorce bien consommé ! Venu avec des délégations de la CGT FAPT, de l’USD Santé CGT, de l’USR CGT, de l’UD CGT Corrèze et de l’UL CGT de Tulle, j’ai pu entendre la parole de ceux qui se battent, des camarades CGT Cheminots (la grande majorité) et de SUD Rail.
A en croire le battage médiatique, la CGT et SUD ne seraient intéressés que par la sauvegarde du statut de cheminot et des « avantages » liés. Pourtant 80% des interventions des camarades pointaient la sauvegarde du service public, la garantie de la sécurité des usagers, la garantie d’une égalité territoriale etc.
Alors qu’est-ce que cette « réforme » du ferroviaire ? En clair, on réunit RFF (propriétaire des rails) et la SNCF (gestionnaire du transport) en une seule entité. Cela correspond à ce que réclame la CGT depuis longtemps alors pourquoi se battre ?
En fait le gouvernement veut les réunir (et revenir sur une décision prise suivant les directives européennes pour permettre la « concurrence ») mais pour mieux la ré-exploser en trois entités. Beaucoup de salariés de grands groupes connaissent cela sous le terme « filialisation ». L’état veut trois structures avec des budgets et des personnels indépendants, avec le même but que dans les grands groupes : organiser la casse des acquis, la baisse des effectifs voire la « mort » des branches « non-rentables ». Et, avec comme objectif connexe, faciliter l’ouverture du marché aux entreprises privées comme Véolia.
M. Combes écoutait sagement, puis a répondu, en gros, « oui mais RFF est endetté, on ne peut pas rester comme cela ». Les cheminots lui ont alors apporté la preuve que tout cela pourrait coûter moins cher si les 2 entités existantes étaient réellement unifiées, si l’Etat et les régions faisaient ce à quoi ils s’étaient engagés (notamment en termes d’investissement sur les lignes). A été également évoqué le fait que de l’argent avait été trouvé pour sauver les banques et qu’encore, actuellement, les banques privées empruntaient à 1% à la BCE, mais qui en revanche le « prêtait » à 14% à la SNCF.
Sourd à ces arguments, M. Combes a réorienté le débat sur le statut cheminot, car après tout, d’après le gouvernement et les médias à sa botte, c’était le nœud du problème. Il a rappelé que la réforme garantissait le statut et qu’il n’y avait bien sûr pas à s’inquiéter ! Les cheminots ont, de leur côté, rappelé que, sur divers sujets, les politiques ont prêté serment la main sur le cœur que telle ou telle chose ne changerait pas, et pourtant elles changèrent ! (EDF –GDF devait rester public, la ligne Bordeaux-Lyon resterait ouverte…….), et que finalement leur statut était un gage de sécurité.
Pourquoi ? Tout simplement parce que les normes de sécurité sont drastiques, et qu’un cheminot refusant un travail pour raison de sécurité ne peut être sanctionné, ce qui est loin d’être le cas dans les entreprises privées ! C’est pourquoi les grévistes réclament, au-delà de la sauvegarde du statut, la création d’une convention collective des travailleurs du rail basée sur le RH-0077 de la SNCF et auxquelles les entreprises ne peuvent déroger, comme le permet l’ANI signé par la CFDT.
En effet, le chemin de fer est un secteur dangereux, la sécurité des travailleurs et des usagers est rapidement mise en cause ! Ainsi sur une ligne en réfection, en un an, il y a eu 7 accidents mortels, majoritairement survenus à cause des manquements à la sécurité des entreprises privées intervenantes. Nous avons quitté M. Combes, conscients que malgré son engagement à en informer le Président, seule la mobilisation cheminote pourra sauvegarder un rail public, issu du Front Populaire.
Cette mobilisation ne doit pas être uniquement le fait des cheminots autour de la CGT et de SUD, cela doit être la mobilisation de tous ceux qui luttent contre la casse de la société. Le gouvernement veut faire plier un des bastions du syndicalisme français. Si les cheminots perdent, la défaite ira au-delà de la dégradation du transport ferroviaire (il n’y a qu’à voir les « regrets » britanniques sur la privatisation des chemins de fer, la grève suédoise contre les problèmes de sécurité à Véolia avec une opinion publique qui souhaite le retour au rail 100% public) et la désertification de certains territoires.
L’état veut mettre à genoux un syndicat qui est parmi les plus organisés et combatifs au sein de la CGT. La Riposte soutient les cheminots dans leur lutte et appelle à aider par tous les moyens les grévistes (caisse de solidarité, pétition, participation aux manifestations etc.). Mais au-delà du rejet de cette contre-réforme, La Riposte réclame la création d’un réel service public de transport ferroviaire, géré par les cheminots et les usagers avec l’intégration ou la réintégration de tous les personnels travaillant dans le « rail » (société d’entretien des voies, société de fret privé etc.) et même des fournisseurs comme Alsthom-transport.
ROCH Sylvain CGT AFPA-PCF19
La lutte exemplaire des cheminots n’a pas été soutenu comme cela aurait du, la CGT aurait du développer et faire se rallier tout les syndicats.
J’ai le sentiment que nous n’avons pas fait ce qu’il faut………et que les cheminots ont perdu aussi à cause de la stratégie confédéral.
Certes les cheminots ont mené une lutte de haut niveau, certes la CGT cheminote s’est rassurée en aillant réussi sa mobilisation, mais il reste un gout amer……
Mais la lutte continue!
Fraternellement