Fin novembre, les syndicats CGT des sociétés de location de voiture de l’aéroport de Roissy se sont regroupés en un seul syndicat CGT, commun à toute la profession, sur le site de l’aéroport. Des délégués des sociétés Hertz, Avis, Europcar et d’un sous-traitant de ces enseignes, Autobella, ont adopté, en congrès fondateur, les statuts et le document d’orientation du nouveau « syndicat CGT des loueurs d’automobiles de Roissy-aéroport ».
En lien avec l’union locale CGT de Roissy, les bases CGT de la location de voitures s’organisaient déjà, depuis plusieurs années, en « collectif ». Nos militants ont ainsi créé des liens entre eux, au fil des luttes et des mauvais coups portés par le patronat. Désormais, ils souhaitent passer à une étape supérieure en définissant ensemble des revendications pour tout le secteur. Cette structure commune permettra de dépasser les frontières de chaque société de location et sous-traitants. Trop souvent, les bases CGT restent isolées les unes des autres et restreignent leur champ de vision, et d’action, aux étroites limites de l’entreprise qui les emploie.
Au cours du congrès fondateur, beaucoup de délégués ont souligné que « les salariés forment un tout », pour reprendre l’expression de l’un d’eux. C’est le souci d’unir les salariés, pour rendre l’action syndicale plus efficace, qui est à l’origine de ce projet. Cette structure commune rendra ainsi naturelle l’élaboration collective des revendications, la conduite de campagnes de propagande en direction des salariés, l’ouverture de négociations au même moment dans toutes les entreprises, etc. Et il en sera de même pour les grèves. Par exemple, malgré les liens qui existent depuis plusieurs années entre les camarades du secteur, il est rappelé dans le document d’orientation du nouveau syndicat que « sur les sept grèves organisées ces deux dernières années, une seule a été coordonnée à l’ensemble de la filière à Roissy ». Le congrès a ainsi décidé de préparer « un arrêt de travail qui bloquerait toute l’activité de location de voiture à Roissy, en même temps ». Avoir une seule direction syndicale CGT pour tout le secteur facilitera la réalisation de cet objectif stratégique.
Si ces bases CGT ont mené avec succès ce travail d’unité, c’est aussi parce que le secteur de la location subit les conséquences de la crise économique et que les perspectives de la branche sont mauvaises. La régression sociale y sévit et les salariés la payent déjà durement. Ils comprennent que des combats difficiles s’annoncent et qu’ils ont tout intérêt à les mener de front, collectivement. La baisse du pouvoir d’achat menace de contracter la demande et le patronat a pris une série de mesures pour maintenir, et tenter d’augmenter, son chiffre d’affaires : la sous-traitance se répand, des filiales low cost sont créées – avec la menace pour les salariés d’y être transférés à terme et d’y subir des baisses de salaire et des conditions de travail plus pénibles. Les salaires sont gelés et certains services sont délocalisés, par exemple la comptabilité chez Europcar, transférée au Portugal.
Les objectifs immédiats fixés à la direction du syndicat sont de renforcer le travail de propagande pour élever le niveau de conscience des salariés sur les processus économiques en cours et les prévenir des attaques à venir contre leurs intérêts. De cette façon, les salariés ne seront pas pris au dépourvu lorsque le patronat annoncera des mesures drastiques. Ils seront davantage en situation de riposter. Surtout, le nouveau syndicat entend combattre les illusions semées par la propagande patronale qui demande des efforts constants aux salariés en leur faisant espérer des lendemains meilleurs. Le document d’orientation adopté par le congrès prévient : « le programme des capitalistes du secteur de la location (…) signifie la régression sociale permanente pour les salariés, afin de satisfaire leurs exigences de profits ». En lien avec ce travail, il appartiendra au syndicat, dans les semaines à venir, de définir un statut du travailleur de la location de voiture, base revendicative commune qui sera présentée en même temps dans toutes les entreprises, lors des prochaines NAO (les négociations annuelles obligatoires). Si les conditions sont réunies, celles-ci pourraient donner lieu à une lutte des salariés, c’est-à-dire une grève coordonnée de toutes les sociétés de location et sous-traitants.
Une structure syndicale n’est pas une fin en soi. La création d’un syndicat de site n’est pas l’aboutissement du travail militant qui attend nos camarades. Cependant, il faut souligner que ce syndicat commun est une évolution positive qui combat la dispersion des salariés et rationalise l’action de la CGT. De plus, cette forme se conjugue à un fond tout aussi positif. L’objectif du nouveau syndicat est de rassembler les salariés autour de leurs intérêts de classe en élevant leur niveau de conscience politique et en se fixant comme objectif de préparer une action de masse dans toute une branche d’activité. La valeur et l’enthousiasme des militants qui composent ce syndicat garantissent déjà la conduite de luttes exemplaires à venir. Aussi, la création de ce syndicat de site est-elle remarquable.
P.V. (CGT Roissy)