Nationalisations : on en reparle au PCF

Le projet de « nationalisation temporaire » d’Arnaud Montebourg sur le site de Florange n’aura pas fait long feu. En effet, la version électronique du journal Le Point indique ce samedi 1er décembre que le ministre du Redressement Productif a été désavoué par Matignon. Selon le Premier ministère cité par le journal, le projet n’était ni « solide » ni « bordé ».

Le point positif de ce projet était qu’il visait à nationaliser non seulement la filière chaude du site, qui est la plus en difficulté, mais aussi la filière froide qui est son complément naturel sur le plan industriel. Mais ce projet péchait par son caractère temporaire et l’absence de participation des travailleurs dans le processus de décisions. De plus, il s’appuyait sur le désengagement de l’Etat d’autres secteurs où il est actionnaire pour pouvoir investir dans le site de Florange, ce qui équivaut à privatiser pour mieux nationaliser. Enfin, il ne concernait que le site lorrain de Florange, mais aucune mention n’était faite de l’ensemble de la filière en difficulté aux niveaux français et européen.

Malgré le flop qu’a connu le projet d’Arnaud Montebourg, l’épisode a permis de révéler une tendance encourageante au sein des instances dirigeantes du PCF. Ainsi, dans son intervention du 28 novembre à l’Assemblée, le chef du groupe Front de Gauche André Chassaigne a interpellé le ministre du Redressement Productif à propos de ce projet de « nationalisation temporaire ». Selon lui, « cette prise de participation, loin d’être temporaire, doit être pérenne. Elle doit viser la préservation de l’activité et de l’emploi, ainsi que la mise sur pied d’un véritable projet industriel durable pour la sidérurgie lorraine, française et européenne. Elle doit permettre aux salariés de bénéficier de nouveaux droits et d’une participation largement accrue aux décisions de l’entreprise ».

Cette position au sujet de l’appropriation sociale des moyens de production se retrouve même au sein du Conseil National, même si les propos dénotent encore une certaine timidité. Dans son rapport fait au Conseil National du 21 novembre, Olivier Dartigolles a tenu les propos suivants : « L’ambition d’une grande politique industrielle pour la France portée par le PCF serait celle d’une politique fondée d’abord sur la reconnaissance et la valorisation du travail des ouvriers, des techniciens, des ingénieurs, des cadres et chercheurs, sur l’obtention de droits nouveaux pour qu’ils participent aux décisions stratégiques des groupes industriels. Une politique fondée sur l’appui à l’investissement productif et qui vise à décourager la spéculation et la rente financière. Une politique de crédits s’appuyant sur un pôle public financier. Une politique qui se donne les moyens d’un développement industriel durable, pourquoi pas par une nationalisation démocratique de certains groupes industriels stratégiques ».

En écoutant les mots du président du groupe Front de Gauche à l’Assemblée et du porte-parole du PCF, les communistes peuvent se féliciter d’une prise de conscience certaine au sein de leurs instances dirigeantes. Il y a là une volonté manifeste de donner aux travailleurs un pouvoir de décision dans la marche de leurs entreprises dans le cadre d’une appropriation sociale des outils de production. Il faut aussi noter que la question d’une politique industrielle à l’échelle de l’Europe est envisagée.

Cependant, nous espérons que la position se radicalisera davantage : il faut montrer plus de détermination en remplaçant le « pourquoi pas » par « sûrement ». De plus, ce n’est pas « certains groupes industriels stratégiques » qu’il faut nationaliser, mais l’ensemble des grands leviers de production. Enfin, il faut en finir avec cette fausse bonne idée d’un « pôle financier public » existant aux côtés d’un secteur bancaire capitaliste : les banques privées feront tout pour ruiner cette structure qui leur fait concurrence. Il faut au contraire nationaliser l’ensemble du système financier et de l’assurance sans indemnisation des grands actionnaires. Ainsi, il ne s’agit pas de décourager la spéculation et la rente financière, mais bel et bien de les éliminer par une abolition définitive du capitalisme.

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