Depuis le 12 mars, les éboueurs municipaux de Lyon sont en grève à l’appel d’une intersyndicale regroupant tous les syndicats du service (CGT, UGICT-CGT, FO, CFDT, FNACT-CFTC, FA-PFT et UNSA). A l’origine de ce mouvement, la volonté du Grand Lyon et de son président/maire Gérard Collomb (PS) de « changer la répartition des collectes entre la régie publique et le marché ». En langage plus clair, cela veut dire augmenter la part du ramassage des ordures dévolue au privé, et dissoudre un peu plus les services publics lyonnais, qui sont déjà bien amochés. En plus de cela, les grévistes réclament l’amélioration des conditions de travail (notamment l’application d’un accord municipal de 2003 sur l’augmentation du nombre de jours de repos par mois).
Avant de lancer ce mouvement de grève, l’intersyndicale a cherché à négocier avec le Grand Lyon, qui les a proprement ignorés. Une fois le mouvement lancé, les réactions de l’équipe dirigeante socialiste sont passées du mépris à la calomnie. Thierry Philip, le vice-président à la propreté du Grand Lyon s’est chargé d’essayer de discréditer les grévistes (qu’il a même comparés à des « terroristes » !) en déclarant à la presse qu’ils étaient surpayés et ne travaillaient que très peu de temps. Il n’a réussi qu’à étaler son ignorance des conditions de travail de ses subordonnés en leur attribuant un salaire de 1700 € en début de carrière. Face à ces mensonges qui en disent long sur l’estime que ces cadres du PS ont pour les travailleurs, l’intersyndicale souligne qu’un éboueur avec 32 ans d’ancienneté n’atteint même pas ce chiffre et que ceux qui débutent doivent en fait se contenter de 1200 € nets. La mairie ne s’est pas contentée de ces manœuvres pour casser la grève. Elle a fait appel aux intérimaires qui travaillent déjà pour la mairie et a assigné en référé les secrétaires des sept syndicats actifs dans la lutte pour « atteinte à la liberté du travail ».
Face à ces méthodes antisyndicales qui sentent le passé, les travailleurs peuvent heureusement compter sur la solidarité de classe. Une centaine de militants syndicaux et politiques se sont réunis le lundi 19 mars devant le palais de justice de Lyon pour protester contre ces poursuites. Des tracts ont été distribués aux passants, qui étaient dans l’ensemble favorables aux grévistes. Un communiqué a été publié au nom du Front de Gauche et de son candidat, Jean-Luc Mélenchon, qui s’adresse aux grévistes et déclare notamment :
« Vous agissez pour la défense du service public à Lyon comme à Villeurbanne. Vous agissez pour l’amélioration de vos conditions de travail. Les deux sont intimement lés. Il n’est pas de service public sans agents, sans vous, pour le mettre en œuvre. […] Les manœuvres diverses dont vous êtes victimes, jusqu’à cette assignation de syndicalistes devant les tribunaux, sont des forfaitures indignes ».
Le groupe des élus communistes lyonnais a, pour sa part, condamné les méthodes de la mairie. On aurait d’ailleurs pu souhaiter que nos élus du PCF défendent plus fermement l’idée d’un monopole public sur la collecte des ordures, ils n’ont malheureusement fait qu’en esquisser l’idée en conseil municipal. La mairie, confrontée à une mobilisation grandissante, a retiré sa plainte ce même lundi alors que la prolongation de la grève était votée à une large majorité. Les grévistes ont gagné une bataille défensive, il reste maintenant à faire plier Collomb pour obtenir satisfaction.