Le 10 février et 19 mars ont eu lieu des mouvements de grève des personnels de l’Education, suite aux baisses des Dotations Horaires Globales (DHG) attribuées pour la rentrée prochaine. Ces DHG correspondent au nombre d’heures dont va disposer chaque établissement pour l’ensemble des cours dispensés. Cette baisse équivaut donc à autant d’heures de cours qui ne seront plus assurées, autrement dit, à des suppressions de postes ou au non renouvellement des départs en retraite.
Prenons l’exemple de l’impact de ces mesures sur un collège de Garges-lès-Gonesse, en banlieue parisienne. Doté du label RAR (ex-ZEP), l’établissement disposait de certains moyens humains et horaires supplémentaires, ce qui lui permettait, par exemple, d’organiser les cours de sciences expérimentales en demi-groupes, de quoi faciliter les manipulations de microscopes, les expériences en chimie, etc. Cela permettait aussi aux professeurs des classes à option de ne pas limiter le nombre d’inscrits dans leurs cours. 30 élèves voulaient faire du latin ? Il était envisageable de dédoubler le cours. Et la possibilité restait ouverte d’offrir également des options théâtre, sports, sciences, etc. Avec le grignotage insidieux des Dotations Horaires Globales, adieu microscope et théâtre, bonjour cours magistraux devant des classes surchargées.
Certains établissements se sont mobilisés à plus de 90 %, le 10 février, selon le SNES. Le syndicat note « la colère des personnels face à une politique éducative qui sacrifie le service public d’éducation et l’avenir de la jeunesse, mais aussi le fossé insupportable qui existe entre la réalité quotidienne vécue par les collègues et les discours lénifiants du ministre ». La réforme des lycées, entrée en vigueur à la rentrée 2010, comprenait tout un arsenal de mesures pénalisant aussi bien les enseignants que les élèves, et notamment la disparition de disciplines « fondamentales » du tronc commun (pas d’histoire-géo en terminale S, plus de maths en 1ère et Terminale L). Depuis, le démantèlement des acquis se poursuit et s’accélère. Plus de 16 000 postes seront supprimés à la prochaine rentrée, alors que 62 000 élèves supplémentaires sont attendus. La formation des enseignants est directement attaquée, ce qui provoque des situations ubuesques. En novembre dernier, d’après un rapport de la direction générale des ressources humaines de l’Education nationale, « 139 stagiaires n’avaient pas encore de tuteurs dans 12 académies », les tuteurs ayant pour rôle d’accompagner les nouveaux diplômés dans leur première année d’enseignement. D’après le même rapport, « 23 % des tuteurs ne sont pas dans l’établissement de leur stagiaires » ! Relevons encore le nouveau « bac pro » en 3 ans (au lieu de 4), qui laissera sur le carreau les élèves les plus fragiles, qui avaient besoin de ces quatre années de formation.
Dans ce contexte de dégradation générale de l’Education nationale, qui s’accentue d’année en année, il ne faut pas s’étonner de la baisse du nombre de candidats inscrits aux épreuves des concours de recrutement des enseignants. De contre-réformes en suppressions de postes, les conditions de travail n’ont cessé de se dégrader et l’inégalité scolaire de se creuser. Le tout premier gouvernement de Sarkozy avait commencé par supprimer la carte scolaire. Cela annonçait la couleur. Depuis, chaque année a apporté son lot d’attaques et de régressions. Et ce n’est pas terminé. Avec la crise du capitalisme et la dette de l’Etat, les capitalistes exigeront de nouvelles coupes budgétaires drastiques, notamment dans l’Education nationale. Le personnel enseignant va devoir reprendre le chemin des luttes massives.
S.B (PCF / CGT Educ’action 95)