L’année dernière, l’industrie pharmaceutique a fait des profits colossaux grâce à une belle opération politico-médiatique sur le thème de la grippe H1N1. Mais l’affaire du Médiator est beaucoup plus grave encore, car ce pseudo-médicament a déjà tué 500 à 2000 personnes, selon les estimations. Il en a mis en danger des centaines de milliers d’autres, qui risquent de subir des handicaps, voire de mourir. Avide de profits, l’industrie pharmaceutique fait pression pour la mise en circulation de produits qui ne sont pas efficaces ou qui sont dangereux.
Le laboratoire Servier a licencié un autre produit mortellement dangereux, aux Etats-Unis : l’Isoméride. Ce « médicament » a fait l’objet d’actions en justice de la part des victimes américaines. Pfizer, l’entreprise responsable de sa diffusion outre-Atlantique a été condamnée à payer plusieurs milliards de dollars aux familles des victimes. Le Médiator est une molécule très proche de celle de l’Isoméride. L’affaire de l’Isoméride avait déjà éclaté, aux Etats-Unis, lorsque Sarkozy a remis à Jacques Servier la grand-croix de la Légion d’honneur, en juillet 2009 !
Clairement, ce qui se dégage de cette affaire est la nécessité d’assainir les rapports entre les autorités publiques sanitaires, qui autorisent la vente de médicaments, et l’industrie pharmaceutique qui les produit. Est-il normal que certains experts de la Haute Autorité de Santé soient rémunérés par de grands laboratoires privés ? Le gouvernement a supprimé les crédits de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), laissant ainsi aux laboratoires le soin de financer son fonctionnement. Pour éviter les risques de corruption des experts et le lobbying des députés et des ministres au détriment de la santé publique, il faut extraire cette industrie des griffes des capitalistes en nationalisant les grands laboratoires. La recherche, le développement et la commercialisation de médicaments ne devraient pas être déterminés par le profit capitaliste. Plutôt que de remplir les coffres des actionnaires, les ressources de cette industrie devraient être entièrement consacrées à son développement et à l’amélioration de la santé publique.
Un autre aspect de cette affaire concerne la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. D’après le journal Le Parisien, le remboursement des prescriptions du Médiator aurait coûté près de 430 millions d’euros. Mais certaines estimations, dont celle du député socialiste Gérard Bapt, évaluent le montant des remboursements à plus d’un milliard d’euros. Alors qu’on nous parle sans cesse du « trou de la Sécurité Sociale » pour justifier la diminution des remboursements, l’argent de la CNAM alimente la fortune personnelle de Servier, qui s’élève déjà à 4 milliards d’euros !
La Riposte