Le 20 août dernier, une dépêche de l’agence Reuters reprise par plusieurs médias (Le JJD, Le Point, L’Express, France Info, etc.) rendait compte d’une discussion, lors des journées d’été d’Europe Ecologie, pour « poser les jalons d’un contrat de gouvernement », dans la perspective des élections de 2012. Des représentants du PS, des écologistes, du Parti de Gauche et du PCF étaient présents. Cette dépêche de Reuters suggérait que les représentants de ces différents partis étaient tous d’accord sur le contenu général de ce « contrat » – sauf sur la question du nucléaire. Par exemple, le journaliste de Reuters écrit : « Si tous s’accordent, à quelques nuances près, sur “la transformation écologique et sociale de la société” et “la construction d’un nouveau modèle démocratique et républicain”, des divergences persistent néanmoins entre les anciens alliés de la “gauche plurielle” du gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002). “Il y a des points durs sur la question énergétique”, a déclaré Patrice Bessac, porte-parole du PCF. “Il y a un désaccord entre nous, qui n’est pas nouveau. Notre position est la poursuite de la recherche sur les projets futurs.” »
Naturellement, il faut se méfier de la façon dont les médias capitalistes rapportent de telles discussions. Est-il possible que Patrice Bessac n’ait pas mentionné de sérieuses divergences entre le PCF et le PS, en matière de politique économique et sociale ? Malheureusement, L’Humanité ne nous a pas éclairés sur ce qui s’est passé lors de cette rencontre. Il arrive trop souvent que les militants communistes soient surpris par des annonces, dans les médias, sur des initiatives de la direction du parti. Si la dépêche de Reuters ne reflète pas la réalité, L’Humanité aurait pu apporter quelques précisions ! Car si les gens pensent qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre les programmes du PS et du PCF, à quoi bon voter pour le PCF ?
Quoiqu’il en soit, le simple fait qu’une discussion sur un « contrat de gouvernement » ait eu lieu pose la question d’une éventuelle participation du PCF à un futur gouvernement de gauche. Après l’expérience amère du gouvernement Jospin, de nombreux communistes sont tentés par l’idée de déclarer d’avance que le PCF ne devrait plus jamais gouverner avec le PS. La Riposte a une attitude plus nuancée, sur cette question. Il faut évidemment exclure la participation du PCF à un gouvernement qui – comme celui de 1997-2002 – privatise des entreprises publiques et, sur toutes les questions décisives, aligne sa politique sur les intérêts capitalistes. Mais à notre avis, il ne faut pas écarter d’avance toute nouvelle participation gouvernementale, quelles que soient les circonstances. Le facteur déterminant doit être celui du programme de ce gouvernement. Le PCF devrait expliquer qu’il est parfaitement disposé à participer à un gouvernement avec le PS, à condition que ce gouvernement prenne des mesures décisives contre les capitalistes et pour améliorer sérieusement les conditions de vie de la majorité.
Ces mesures devraient inclure l’abrogation de toutes les contre-réformes mises en œuvre par la droite – notamment sur les retraites, la sécurité sociale, l’éducation nationale et le temps de travail hebdomadaire. Le SMIC devrait être porté à 1600 euros bruts pour 35 heures. Tous les salaires devraient être indexés sur le coût de la vie. Les allocations chômage, les minima sociaux et les retraites doivent être considérablement revalorisés. Quelque soit le nombre d’années travaillées, aucun retraité ne devrait vivre dans la misère. Un vaste programme de construction de logements sociaux doit être mis en oeuvre pour en finir avec les loyers chers, les logements vétustes et le scandale insupportable des SDF. Tous les loyers du secteur privé devraient être bloqués. Les banques doivent être nationalisées. Toutes les entreprises privatisées devraient être re-nationalisées, sans indemnisation pour les grands actionnaires. Les troupes françaises doivent être retirées d’Afghanistan. Les travailleurs sans-papiers doivent être massivement régularisés. Si les dirigeants socialistes préfèrent gouverner dans l’intérêt des capitalistes, ce doit être sans la participation du PCF. Alors, l’expérience des socialistes au pouvoir les discréditera – et renforcera la position de notre parti.