En juillet, le Parlement a adopté le budget 2011-2013 présenté par le gouvernement. Il confirme le gel des dépenses et prévoit une diminution de 7 milliards d’euros en dépenses sociales. Ces économies proviendront pour l’essentiel de l’augmentation des durées de cotisation pour la retraite, d’une coupe de 2 milliards d’euros dans les dépenses de santé et d’une diminution des aides sociales. Alors qu’un nombre croissant de jeunes, de salariés et de retraités sont confrontés au chômage, à la précarité et à la misère, ce budget aggravera encore leurs conditions de vie. Cette rigueur budgétaire s’ajoute aux coupes sévères annoncées dans les services publics. Le gouvernement a prévu d’y réduire ses dépenses de 10 %, en trois ans, de geler les salaires et de supprimer chaque année environ 35 000 postes de fonctionnaires, dont 16 000 dans l’Education nationale dès cette année.
Le gouvernement doit faire face à une dette publique colossale : 1535 milliards d’euros, soit plus de 80 % du PIB. Il entend réaliser des économies au détriment des plus pauvres. Les plus riches n’ont pas de soucis à se faire. Les seules sociétés du CAC 40 ont réalisé 47 milliards d’euros de profits en 2009, malgré la crise. Sarkozy maintient le « bouclier fiscal », qui a permis à une minorité richissime de la population – 16 350 personnes – de se faire rembourser la somme cumulée de 585 millions d’euros, en 2009. Et il continuera de financer les capitalistes. Les aides aux entreprises – 65 milliards d’euros, en 2007 – et autres exonérations creusent chaque année le déficit public de plusieurs milliards d’euros.
Prendre aux pauvres pour donner aux riches
Depuis 2000, l’Etat a perdu 100 milliards d’euros de recettes fiscales, dont les deux tiers au titre des baisses d’impôts (100 milliards, c’est justement la somme que le gouvernement veut économiser en trois ans). Par exemple, les entreprises ont pu alléger leur imposition de 20 milliards d’euros, ces trois dernières années, grâce à une « niche fiscale » qui permet d’exonérer les plus-values réalisées à long terme. 20 milliards, c’est le montant du déficit de la sécurité sociale attendu en 2010. La Cour des comptes a établi que les différentes niches fiscales représentent un manque à gagner de 140 milliards d’euros. Fort de ce constat, le député UMP Gilles Carrez – Rapporteur général du budget à l’Assemblée – suggère qu’en contrepartie de ces exonérations d’impôts, le gouvernement gèle des prestations sociales telles que les aides au logement. On prend aux pauvres pour donner aux riches !
Pour sauver l’économie capitaliste d’un effondrement général, en 2008 et 2009, l’Etat a injecté des milliards d’euros dans les coffres des banques. Le gouvernement avait également élaboré un « plan de relance » de l’ordre de 26 milliards d’euros, dont 11 milliards directement consacrés aux entreprises. Par exemple, les industries automobile et aéronautique ont été massivement subventionnées (ce qui ne les a pas empêchées de licencier). Dans le même temps, la suppression de la taxe professionnelle a permis aux entreprises d’engranger 8 milliards d’euros supplémentaires. A présent, le budget 2011-2013 présente l’addition de toutes ces mesures aux travailleurs et aux classes moyennes.
Un plan de rigueur à long terme
Les capitalistes se réjouissent des orientations budgétaires du gouvernement. Ils veulent conserver leurs avantages fiscaux et leurs subventions. Mais ils veulent plus. Ils exigent des coupes encore plus franches dans les budgets sociaux. Par exemple, le Fonds Monétaire International – présidé par le « socialiste » Strauss-Kahn – se déclare « satisfait » des mesures annoncées par la France, mais réclame déjà des « efforts supplémentaires » sur les retraites et les dépenses de santé. Les capitalistes attendent du gouvernement qu’il accélère le rythme et aggrave l’ampleur des contre-réformes. Ils ont dans l’idée d’aller bien au-delà d’un départ à la retraite à 62 ans. Ils veulent la casse du régime général de sécurité sociale – dont on attend un déficit record en 2010. Ils proposent d’augmenter la TVA. La Commission des finances de l’Assemblée demande d’ores et déjà de porter la TVA réduite de 5,5 % à 8 %, ce qui provoquerait une hausse des prix et une baisse du pouvoir d’achat.
Ce que les capitalistes attendent du gouvernement Sarkozy, c’est un plan général de rigueur à long terme. Dans le même temps, ils demandent la poursuite des cadeaux fiscaux et autres subventions directes et indirectes aux entreprises. Les quelques niches fiscales que le gouvernement a annoncé vouloir supprimer, en 2010, ne représenteront – au mieux – que quelques miettes du gâteau. C’est surtout un effet d’annonce censé convaincre les pauvres que les riches seront mis à contribution, eux aussi. Mais l’efficacité des effets d’annonces et des supercheries a ses limites. La dure réalité commence à pénétrer la conscience des travailleurs. Et ceux qui s’imaginent que la classe ouvrière de notre pays acceptera passivement cette politique réactionnaire en seront pour leurs frais. Tôt ou tard, cette politique de rigueur conduira à une confrontation majeure entre les classes. Le mouvement communiste et syndical doit s’y préparer.