Le capitalisme est en échec. Il ne réussit bien qu’à la minorité capitaliste qui en profite. Pour pratiquement tout le reste de la population, il n’offre d’autres perspectives qu’une dégradation constante de leurs conditions de vie. En cinq ans, le nombre de personnes vivant sous le seuil officiel de pauvreté est passé de 6 millions à 8 millions. Une dizaine de millions d’autres personnes se tient juste au-dessus de ce seuil. Ce sont des chiffres impressionnants, surtout dans l’un des pays les plus riches au monde. Dans l’intérêt des capitalistes qui contrôlent l’industrie et la finance, des dizaines de milliers d’emplois disparaissent, chaque mois. Même pour ceux qui conservent encore leur travail, la situation devient de plus en plus insupportable.
L’exploitation n’est pas juste une question de salaires et de conditions matérielles. C’est aussi le lot de pressions, de brimades, de menaces et d’intimidations que subissent les travailleurs, au quotidien. Les suicides chez France Télécom – et dans bien d’autres entreprises – sont la partie la plus tragique et la plus médiatisée de l’iceberg. Ils traduisent l’angoisse, la peur de l’échec, la peur du chômage et le sentiment d’être dans une impasse. Ces souffrances sont devenues le lot commun d’un très grand nombre de travailleurs.
L’échec du capitalisme, c’est aussi la désindustrialisation du pays, la dégradation constante de ce qui reste des services publics, la détérioration des conditions de logement. C’est l’extorsion à laquelle se livrent des propriétaires avares et toujours prêts à profiter de ceux qui sont dans le besoin. C’est le démantèlement progressif de la Sécurité Sociale et de toutes les autres conquêtes des générations précédentes de travailleurs. C’est l’acharnement contre les retraités et contre les malades.
La grande question, la question à laquelle nous autres, communistes, voulons répondre, c’est celle de l’alternative au capitalisme. Le communisme – ou le socialisme, si on préfère –, c’est une lutte et un programme qui visent à mettre fin à l’ordre capitaliste. Le communisme prône une société où l’économie et l’Etat ne seront plus sous le contrôle de la classe capitaliste, mais seront dirigés par les travailleurs, dans l’intérêt des travailleurs. Le communisme veut mettre un terme à ce que la Commune de 1871 appelait « la concurrence ruineuse entre les travailleurs ». Nous voulons un système reposant sur la coordination collective et démocratique de la production, la planification de l’économie en général, de façon à décider ce dont nous avons besoin et comment cela doit être produit, par qui et dans quelles conditions. Autrement dit, c’est la production non plus pour le profit privé, comme c’est le cas sous le capitalisme, mais pour le bien commun.
L’un des arguments les plus courants, contre les idées du communisme, consiste à prétendre que les travailleurs ne sont pas assez « qualifiés » pour diriger l’économie et l’administration publique. Comment voulez-vous que de simples électriciens dirigent EDF, ou que de simples cheminots prennent en charge la SNCF ? Pour de telles responsabilités, il faut nécessairement des énarques !
Or, voilà que le tonitruant Jean Sarkozy vient de nous fournir un argument de taille, mine de rien. Lorsque ce jeune muscadin s’apprêtait à briguer la présidence de l’Etablissement public d’aménagement de La Défense (EPAD), de nombreuses voix se sont levées – dans les Ministères, au MEDEF et ailleurs – pour nous expliquer qu’il avait « toutes les qualités requises ». Et même si on pouvait à la limite admettre qu’il manquait un peu d’expérience et de savoir-faire, nul ne semblait douter qu’une fois en poste, il apprendrait vite, et ferait rapidement ses preuves. Son niveau d’études ? Il a le bac, après tout : ce n’est pas rien ! Et il redouble d’efforts – deux fois, même ! – à l’université, bien qu’il n’y aille presque jamais.
Finalement, comme on le sait, Jean Sarkozy a renoncé au défi, sans doute parce que son ascension fulgurante risquait de provoquer une descente tout aussi fulgurante de la cote de popularité de son père. Mais la leçon mérite d’être bien apprise. La France ne manque pas de travailleurs ayant plus d’expérience et d’intelligence que cet échantillon de la jeunesse dorée. Si l’on s’en tient aux arguments des plus éminents représentants de l’ordre établi, les travailleurs pourraient diriger l’EPAD – et pas seulement l’EPAD. Ils pourraient diriger l’ensemble de l’économie et de l’administration. Encore faut-il qu’ils en soient convaincus. Certes, les gens qui naissent et qui grandissent sous le capitalisme finissent en général par penser que ce système est « l’ordre naturel » des choses. Mais la gravité de la crise et l’impasse dans laquelle le capitalisme nous enfonce sont en train de secouer les préjugés les plus enracinés, dans la conscience des travailleurs, sur ce qui est « normal » et ce qui ne l’est pas. Il nous faut donc maintenir le cap. Expliquons patiemment nos idées communistes. L’expérience aidant, elles finiront par convaincre.
La Riposte
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