Jean-Luc Mélenchon est un homme de principe – nous dit-il. C’est au nom de ces principes qu’il affirme avoir quitté le parti socialiste. Pourtant, Mélenchon a souvent changé de principes, au cours de sa carrière politique. Il lui est même arrivé de les fouler aux pieds pour obtenir ou conserver une bonne place.
En 1992, Mélenchon faisait campagne pour le traité de Maastricht, qui répondait aux intérêts des classes capitalistes européennes. Mais bon, les hommes n’ont-ils pas le droit de changer d’avis ? Si, bien sûr. Cependant, le sénateur de l’Essonne a usé et abusé de ce droit – et assez souvent dans le mauvais sens.
Sous le gouvernement Jospin (1997-2002), Mélenchon animait la Gauche Socialiste, au sein du PS. Ce courant critiquait – très mollement – l’action du gouvernement de gauche et sa complaisance à l’égard des intérêts capitalistes. En 2000, les enseignants descendent massivement dans la rue pour protester contre les attaques du ministre de l’Education de l’époque, Claude Allègre. Affaibli, Lionel Jospin décide alors de remanier son gouvernement. Pour couvrir sa gauche, il propose à Mélenchon un poste de ministre délégué à l’enseignement professionnel. Mélenchon l’accepte. Et au sein de la Gauche Socialiste, il donne immédiatement pour consigne de cesser toute critique à l’encontre de Lionel Jospin. La nouvelle ligne est : « Feu contre Laurent Fabius ! ». Il explique que Fabius est désormais le représentant de l’aile « libérale » du PS.
Au gouvernement, Mélenchon applique scrupuleusement sa nouvelle ligne. Il ne s’oppose ni aux privatisations massives, ni à la guerre en Afghanistan.
Le matin du 22 avril 2002, alors que le PS est éliminé au premier tour des présidentielles, Jean-Luc Mélenchon est un homme en colère. Contre les dirigeants du PS ? Non : contre ce peuple ingrat qui n’a pas su apprécier le « très bon bilan » de Lionel Jospin !
La capitulation politique de Mélenchon, en 2000, a affaibli la Gauche Socialiste au moment où la politique du gouvernement Jospin lui ouvrait la perspective de conquérir le PS. Mélenchon, Dray, Peillon, Montebourg et tant d’autres ont systématiquement marchandé l’autorité qu’ils avaient accumulée, au sein du PS, contre des postes ou des promesses de postes.
Ainsi, en 2005, Mélenchon s’est opposé à la direction du PS sur la question de la Constitution européenne. Le 29 mai 2005, la victoire du « non » renforçait l’aile gauche du PS. Or, qu’a fait Mélenchon lors du congrès du PS, en novembre de la même année ? Il a soutenu Laurent Fabius – l’ennemi de la veille – et le texte de « synthèse » qui, deux ans plus tard, débouchait sur la défaite de Ségolène Royal aux élections présidentielles.
La Riposte