Avec son cynisme habituel, le gouvernement présente le CPE comme une réponse à l’explosion de colère de la jeunesse des banlieues, dont près de 40% est sans emploi. Mais le CPE ne fera pas baisser le chômage – pas plus que le CNE ou n’importe quel autre emploi précaire. Les patrons n’embauchent que lorsqu’ils en ont besoin. Par contre, le CPE pèsera sur les conditions de travail et les salaires. Les titulaires d’un CPE seront des salariés jetables à tout moment. Lorsqu’un patron voudra se débarrasser d’une partie des effectifs de son entreprise, il commencera par ces travailleurs précaires. Le véritable objectif du CPE, c’est d’accroître le pouvoir arbitraire du patronat au détriment des salariés.
La lutte contre le CPE prend de l’ampleur. Cependant, en 2003, face aux grandes mobilisations contre la « réforme » des retraites, le gouvernement Raffarin n’a rien cédé. Du point de vue des capitalistes, la destruction de nos acquis sociaux est devenue une nécessité incontournable. Telle est la raison de l’acharnement de la droite à mettre en œuvre ses contre-réformes. Telle est aussi la cause de l’échec des magnifiques grèves des salariés de la SNCM et de la RTM. Cette détermination de la droite et du patronat à détruire nos acquis sociaux exige, en réponse, une large mobilisation des salariés du public et du privé dans un mouvement de grève. La préparation d’une grève générale – de 24 heures, pour commencer – doit être mise à l’ordre du jour des confédérations syndicales.
Les sondages montrent que le gouvernement Villepin plonge dans l’impopularité. Les élections régionales et européennes de 2004, tout comme le référendum du 29 mai dernier, avaient déjà montré que la politique de la droite suscite un rejet massif dans la population. Dans ce contexte, il ne faut pas attendre 2007 pour se débarrasser du gouvernement, qui compte utiliser l’année qui lui reste pour lancer de nouvelles attaques. En exigeant la dissolution de l’Assemblée Nationale, les organisations syndicales et les partis de gauche rencontreraient un large écho dans la population.
En même temps, le PS et le PCF doivent se doter de programmes à la hauteur de la situation. Tout en soutenant chaque lutte pour sauvegarder nos acquis sociaux ou en conquérir de nouveaux, il faut expliquer inlassablement que le système capitaliste est désormais incompatible avec le progrès social. La transformation socialiste de la société – c’est-à-dire la nationalisation des principaux leviers de l’économie et leur gestion démocratique par les salariés eux-mêmes – libèrera notre énorme potentiel productif des chaînes d’un capitalisme en plein déclin. Le système de production pour le profit doit être balayé et remplacé par une planification démocratique de l’économie dans l’intérêt de tous.