A l’attention de David Fourcade
Cher camarade,
Le samedi 4 juin dernier, à la Fête de l’Humanité, je t’ai amicalement proposé une discussion au sujet des différends qui t’opposent aux camarades qui défendent les idées de La Riposte sur Toulouse, dont notamment Christophe et Hubert Prévaud, respectivement secrétaire et trésorier de la section MJC de Toulouse. Convaincu que la persistance de ce conflit n’est dans l’intérêt ni du MJC, ni du PCF, j’ai fait cette démarche dans l’espoir de trouver un terrain d’entente.
Malheureusement, comme tu le sais, cette discussion n’a jamais eu lieu. A l’heure du rendez-vous, alors que nous allions nous asseoir pour discuter, tu m’as prié de t’excuser pour « une seconde » – avant de disparaître définitivement ! C’est là un bien étrange comportement, mais il n’enlève rien à la nécessité de trouver une solution aux contentieux dont il est question, et c’est pour cette raison que je t’écris cette lettre.
Christophe et Hubert ont été élus à l’unanimité et dans des conditions tout à fait correctes, le 6 janvier 2005. Le premier problème entre nous concernait ta tentative d’annuler arbitrairement cette élection démocratique, dont le résultat ne te plaisait pas. A la réunion suivante, tu as annoncé son annulation pure et simple. Le 4 février, le MJC a pourtant voté une résolution, encore une fois à l’unanimité, réaffirmant la validité de l’élection en question. Cette résolution, ainsi qu’une explication de son contexte, ont été communiqués à la direction fédérale du PCF, dans la lettre du 7 février, signée par Christophe et Hubert [1].
Compte tenu des réactions positives suscitées par cette lettre, nous considérions que l’affaire était close. Cependant, tu es revenu à la charge d’une autre façon, en décrétant cette fois-ci que la section MJC de Toulouse « n’existe pas ». Sur la base de ce décret de non-existence, tu t’efforces d’organiser un groupement de jeunes communistes qui agit en parallèle et indépendamment de celui que dirigent Hubert et Christophe. Ainsi, les jeunes communistes de Toulouse se trouvent divisés entre eux, tout simplement parce que tu n’acceptes pas que les responsables démocratiquement élus de la section adhèrent aux idées de La Riposte !
Or, non seulement la section MJC de Toulouse existe bel et bien, mais elle est malheureusement la seule section MJC dans le département tout entier. Cette situation est loin d’être satisfaisante et ne correspond nullement au véritable potentiel de développement du MJC en Haute Garonne. Mais au lieu de chercher à renforcer le MJC et de créer d’autres sections, tu passes ton temps à nier la réalité de la seule section existante !
Je voulais enfin que l’on discute de la campagne de coulisse menée par toi-même et un petit nombre d’autres individus pour stigmatiser Christophe, d’Hubert, ainsi que d’autres sympathisants toulousains de La Riposte. Ces camarades sont présentés comme des « infiltrés » ou des « entristes », laissant entendre qu’ils n’ont rien à faire au MJC et au PCF.
Je connais Hubert Prévaud depuis de nombreuses années. C’est un militant irréprochable, dévoué corps et âme à la cause des travailleurs. Il est, de surcroît, délégué du personnel CGT chez Airbus (un détail auquel tu ne sembles attacher aucune importance), où il est au premier plan de la lutte contre la précarité de l’emploi. Avec Christophe et d’autres camarades, il a été très actif au MJC, ce qui explique que la section a grandi et a considérablement renforcé son activité. De plus, les interventions d’Hubert au niveau du PCF ont été largement appréciées – comme par exemple son exposé récent, lors d’une formation interne, sur l’histoire de la Commune de Paris. Si la place d’un camarade tel que lui n’est pas au PCF, où est-elle exactement ?
Prenons maintenant le cas de Christophe. Délégué syndical CGT, Christophe est un communiste de « troisième génération ». Son grand-père maternel, d’origine espagnole, était un combattant communiste pendant la guerre civile des années 30, avant de se réfugier en France après la victoire de Franco. Son grand-père paternel était un cheminot et un résistant communiste pendant la guerre. Le père de Christophe a rejoint le mouvement communiste au début des années 60, à l’âge de 16 ans, à Montauban, où il était, avec celle qui allait devenir sa femme, membre de la JC. Christophe lui-même, aujourd’hui âgé de 23 ans, a pris sa carte à la JC à l’âge de 15 ans. Il serait très intéressant de savoir à quel moment de l’histoire du PCF, selon toi, les CAMBERT sont devenus des « entristes » ou des « infiltrés » dans le parti !
Je ne dois pas être le seul membre du parti à trouver proprement scandaleux cette attitude envers des camarades communistes de valeur, surtout de la part d’un responsable du MJC et d’un permanent du PCF, en particulier à une époque où le PCF s’efforce de s’enraciner davantage dans les entreprises. De deux choses l’une : soit ce que tu dis concernant le caractère nocif et indésirable de ces camarades est fondé, et dans ce cas, il est de ton devoir d’en fournir les preuves, soit ce ne sont que des ragots malicieusement répandus dans le but de les discréditer et de fournir un alibi à tes manœuvres organisationnelles. Dans ce dernier cas, il vaudrait mieux y mettre fin.
Quant à La Riposte, son action n’a strictement rien à voir avec une quelconque activité « entriste ». Il s’agit d’une organisation à laquelle tout le monde peut adhérer. Mais dans la pratique, les personnes qui soutiennent le travail de l’association sont pour la plupart des membres ou des sympathisants du PCF ou de la CGT. Ceci me paraît être tout à fait dans l’ordre des choses. Pour le reste, La Riposte organise des débats et des conférences et anime un site internet qui contient des centaines de textes sur une large variété de thèmes – histoire, politique française et internationale, philosophie, théorie économique, etc. Ces textes sont à la libre disposition de tout le monde, et contribuent constructivement à la discussion fraternelle entre communistes sur des questions de stratégie, de programme et de perspectives. Que tu sois en désaccord avec les idées marxistes défendues par La Riposte, c’est ton droit le plus strict. Cependant, il ne faudrait pas imaginer qu’il te sera possible de les combattre par des manœuvres organisationnelles visant à marginaliser ceux qui les défendent.
Je suis conscient du fait que l’on ne pourra peut-être pas mettre fin à nos désaccords politiques, qui sont tout à fait normaux dans un parti aussi grand et ouvert que le PCF. Ceci dit, si jamais tu voudrais exprimer publiquement ce que tu reproches aux idées, au programme ou aux analyses de notre journal, je serais parfaitement disposé de me rendre à Toulouse pour un débat fraternel et contradictoire avec toi. Ceci aurait au moins le mérite de clarifier les divergences politiques en question, et contribuerait certainement à dissiper un certain nombre de malentendus, notamment en ce qui concerne le caractère prétendument « anti-communiste » des idées de La Riposte. Des divergences politiques peuvent servir à enrichir la vie interne du parti et du MJC, dans la mesure où elles sont abordées franchement, fraternellement et constructivement. Surtout, il ne faut pas essayer de les traiter par des expédients organisationnels ou par des tentatives de noircir l’image des camarades concernés.
C’est dans cet esprit que je voudrais te soumettre deux propositions. Premièrement, je te demande de chercher à travailler avec Christophe, Hubert et les autres membres de la section MJC de Toulouse, et d’encourager tous les jeunes communistes toulousains à y participer. Ceci implique, bien évidemment, que tu renonces à l’idée que la section « n’existe pas » et que tu mettes un terme à ta tentative de construire un groupe parallèle destiné à la concurrencer. Deuxièmement, je crois qu’il serait dans l’intérêt de tous les communistes que tu expliques clairement et ouvertement pourquoi il faut considérer des camarades comme Christophe et Hubert comme des « infiltrés ». Après tout, si ceci est vrai, il faudrait avoir le courage de le dire en face. Les membres du parti et du MJC et du PCF pourront ainsi décider du bien fondé, ou non, de tes arguments.
Je crois que si tu réponds favorablement à ces deux propositions, l’essentiel des problèmes qui pèsent sur le travail du MJC toulousain seront réglés, et cela ne pourra que favoriser le travail que nous avons à mener ensemble pour combattre la droite et renforcer le mouvement communiste.
Fraternellement,
Greg Oxley
Directeur de La Riposte
et membre du PCF (Paris10e)
Paris, le 21 juin 2005
La Riposte
[1] Voir Lettre de protestation du 7 février 2005