En Décembre 2001, l’Etat argentin s’est déclaré en faillite, la plus grave de toute l’histoire. Du jour au lendemain, des millions de personnes sont tombées dans la pauvreté. L’épargne des classes moyennes s’est évaporée. Cela a immédiatement déclenché une révolte populaire et l’ouverture d’un processus révolutionnaire qui est toujours en cours. Comme nous l’avons déjà souligné, la faiblesse du facteur subjectif allonge la durée de ce processus.
Nous prédisions que la classe dirigeante ne pourrait pas immédiatement recourir à un coup d’Etat contre-révolutionnaire, et qu’elle chercherait plutôt à s’appuyer sur un gouvernement péroniste de « gauche ». C’est exactement ce qui s’est passé. L’objectif du gouvernement du nouveau président, Nestor Kirchner, consiste à gagner la confiance des masses afin de mieux les trahir au profit de l’impérialisme et de l’oligarchie.
La victoire de Kirchner était tout à fait prévisible. De son côté, l’extrême gauche argentine est incapable de comprendre ce genre de processus. Ne comprenant pas l’étape par laquelle passait le processus révolutionnaire, sa tactique vis-à-vis des élections était complètement erronée. Aussi a-t-elle subi une défaite cinglante. Ses militants sont démoralisés et pleins de confusion. Elle ne sera pas capable de jouer un rôle important dans la révolution.
Aucun des problèmes du capitalisme argentin n’a été résolu. En 2002, l’activité économique a chuté de 11%. Ce pays jadis prospère est devenu un pays pauvre avec une population souffrant de la faim.
En fin démagogue, Kirchner a tenté de se donner une image de « gauche » en s’attaquant à la junte militaire. En réalité, il défend les intérêts de l’impérialisme. Il parle de « restaurer la confiance des investisseurs », mais ce la ne peut se faire qu’en s’en prenant au niveau de vie des travailleurs. Mais à court terme, il ne peut pas se permettre de perdre la sympathie des masses. 70% de la population s’oppose à une éventuelle utilisation des réserves monétaires du pays pour rembourser le FMI.
Kirchner est condamné à un exercice périlleux de funambule entre les classes sociales. Tôt ou tard, il tombera. Bien que la croissance économique est de 5% (en 2003), cela fait suite à une chute d’au moins 11%. L’inflation atteint le seuil de 15% et le taux de chômage officiel est de 20%. Le nombre de chômeurs est en fait largement sous-estimé, et plus de la moitié de population vit désormais sous le seuil de pauvreté. Il n’y a pas d’issue pour les masses sur une base capitaliste. Les illusions en Kirchner ne dureront pas longtemps, et de nouvelles explosions sont inévitables.
Le processus révolutionnaire, en Argentine, n’est pas achevé. Il s’étendra sur quelques années encore, avec des hauts et des bas, avant sa conclusion décisive – dans un sens ou dans l’autre. Malgré tout le bruit au sujet du gouvernement de Kirchner, celui-ci ne représente rien de plus qu’un épisode temporaire. En dernière analyse, il ne peut y avoir que deux issues possibles : soit la plus grande des victoires pour la classe ouvrière, soit la plus grande des défaites.