La direction d’EDF projette d’ouvrir l’entreprise publique à la concurrence. Pour répondre aux salariés et syndicalistes qui dénoncent ce glissement vers la privatisation, elle évoque les nécessaires “adaptations” et autres “réorganisations” par métiers et filières, pour faire face aux “défis” de l’avenir. Pourtant, si on fait le point sur la situation générale d’EDF dans la région PACA, on voit bien que l’optimisme n’est pas de rigueur.
Les critères de rentabilité – au détriment de la qualité du service et de l’égalité de traitement des usagers – sont aujourd’hui omniprésents. Ne pouvant augmenter davantage le prix du Kilowatt-heure, la direction d’EDF a décidé, pour dégager des excédents, d’amputer les budgets des unités. Cette politique, ainsi que toutes sortes d’autres “réductions de coûts”, ont abouti à une situation de sous-effectifs évaluée, fin février 2002, aux environs de 3000 postes. Un peu partout, les conditions de travail se sont dégradées. On ne peut plus répondre aux besoins de usagers. La désertification des zones rurales s’est aggravée ; on a assisté à l’éloignement des lieux d’accueil, à l’élargissement des territoires couverts par les agents, ainsi qu’à l’allongement des délais d’intervention et de dépannage.
Ces derniers mois, le réseau de distribution a été affecté par de nombreux incidents, qui ont privé d’énergie des milliers d’abonnés. Si ces incidents sont souvent liés aux conditions climatiques, ils sont aussi fréquemment la conséquence de la faiblesse des investissements et des réseaux eux-mêmes.
La gestion des réseaux est entièrement déterminée par des critères de rentabilité. Les discriminations que cela implique, en termes d’implantation, auront une forte incidence sur l’aménagement du territoire et la perspective de développement des communes les moins prises en compte. La desserte d’énergie dans les quartiers Nord de Marseille, c’est-à-dire les quartiers populaires, est particulièrement préoccupante : ils sont trois fois moins alimentés que les quartiers Sud. C’est la conséquence du choix de la direction de ne plus investir dans les quartiers Nord, pas assez rentables à ses yeux. Or cette inégalité n’a rien d’une fatalité, à condition de ne pas laisser la situation se dégrader d’elle-même, comme on le fait actuellement.
La stratégie strictement financière qui consiste à privilégier les consommateurs les plus riches, qui sont meilleurs “clients” que les pauvres, est très mal vécue par le personnel, qui la juge inacceptable et par ailleurs irresponsable du point de vue de la sécurité. Ce qui s’est passé dernièrement en Californie pourrait très bien se produire à Marseille. Les agents partagent le mécontentement des usagers.
Enfin, le climat social, au sein de l’entreprise, ne cesse de se dégrader. Les sanctions et discriminations de toutes sortes n’ont jamais été aussi importantes qu’au cours de ces cinq dernières années. Le simple fait de parler des problèmes suscite des réactions répressives de la part de la direction. Dans les centres EDF-GDF de Nice, Cannes, Marseille et Bastia, les salariés parlent d’un climat de “psycho-terreur”. Les licenciements abusifs, la discrimination syndicale, le blocage des carrières, toutes ces mesures visent à briser la résistance qui s’organise contre le projet de privatisation d’EDF.
Sous couvert d’application des directives européennes, le gouvernement et la direction d’EDF s’apprêtent à démanteler notre industrie nationalisée. Dans le fond, deux conceptions inconciliables s’affrontent : celle qui n’a en vue que la seule rentabilité, et celle qui, au contraire, privilégie les missions du service public, c’est-à-dire un développement qui profite également à tous les usagers et qui tienne compte des conditions de travail des salariés. Le projet avancé par la direction d’EDF, et notamment les “regroupements d’agence”, font peser une lourde menace sur nos emplois. Face à l’opposition bornée que rencontrent nos inquiétudes et nos revendications, les syndicalistes de la CGT sont mobilisés pour faire entendre leur voix.
Un délégué syndical CGT
EDF-GDF, CCAS.